En octobre, les prix à la consommation aux Etats-Unis sont restés stables par rapport à septembre, ce qui a permis grâce à des effets de bases encore très négatifs de faire refluer le taux d’inflation annuelle de 3,7 % à 3,2 %, son niveau de juillet. L’indice sous-jacent n’a quant à lui augmenté que de 0,2 %, après 0,3 % en septembre. Sur un an, il ralentit d’un dixième, à 4 %.
Ce rapport est beaucoup plus convaincant que le précédent et largement suffisant pour justifier un taux inchangé des Fed Funds. D’autant qu’à part quelques exceptions, l’assurance auto et le tabac, notamment, l’inflation décélère sur la quasi-totalité des postes, loyers y compris. Après les inquiétudes nées des dernières interventions des membres de la FED, les marchés saluent la nouvelle avec une forte baisse, de 18 points de base des taux à 2 et 10 ans américains, une embardée des indices boursiers et de l’eurodollar.
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La Fed, incomprise : de la bonne surprise à la mauvaise blague ?
Sans surprise, la magie de la volte-face de la FED de mercredi soir a opéré sur les marchés mondiaux. Les bourses ont salué comme il se doit la nouvelle dans la journée de jeudi, soutenues par l’ascension des indices obligataires, souverains et entreprises, l’ensemble devancé par des cours du pétrole revigorés. En parallèle, le repli du dollar joue comme une courroie de transmission de la politique de la FED et permet, à ce titre, d’atténuer la tension monétaire dans le reste du monde. S’il y a bien quelques perdants, ces derniers comptent assez peu. La bourse de Shanghai, qui s’est d’ailleurs reprise vendredi, devrait également finir par bénéficier d’un environnement conjoncturel plus porteur anticipé par les marchés depuis mercredi soir.
De fait, la logique en place soulève, jusque-là, assez peu de questions. Après un mois d’octobre particulièrement morose, les marchés détricotent presque point par point ce qui a caractérisé les dernières semaines, au prix notamment de rotations sectorielles de rare ampleur, qui témoignent des bouleversements sous-jacents provoqués par le changement, coup sur coup, de posture de la BCE et, plus encore, de la FED.
Inflation américaine, voilà pourquoi la Fed restera vigilante
L’inflation a chuté de 4,9 % à 4 % entre avril et mai, très loin de son point haut de 9,1 % de juin 2022. Sur le CPI total, le travail est donc plus ou moins fait et la Fed peut se satisfaire du résultat. Tel est loin d’être le cas cependant pour les composantes sous-jacentes, dont les évolutions restent à l’évidence trop soutenues. Si, la plupart des modèles suggèrent que cette dernière devra, in fine, suivre le total, il reste à l’observer. Les chiffres de mai sont, à l’évidence, décevants sur ce point.
L’inflation sous-jacente ne s’est repliée que de 0,2 point, à 5,3 %. Ses évolutions mensuelles restent, par ailleurs, hors normes comparativement à l’historique. Les effets de base énergétiques, en voie d’être bientôt dépassés, l’inflation aura du mal à baisser davantage sans ralentissement plus marqué de ses autres composantes. La Fed n’en a donc pas fini avec le fine tuning de sa politique monétaire. J. Powell devrait le rappeler lors de sa conférence de mercredi.
L’inflation sans marge d’action de la FED fait le bonheur des bourses
Les hausses de prix ne sont pas de nature à inquiéter les investisseurs tant qu’elles ne représentent pas de menaces de hausses des taux d’intérêt. La crise bancaire semblant empêcher la FED de poursuivre sur la voie du durcissement monétaire, pour un temps au moins, le mauvais rapport sur l’inflation américaine produit l’improbable : une envolée des bourses ! À ce jeu-là, il y a de quoi être inquiet sur l’inflation future.
Car le rapport sur l’inflation américaine du mois de février est bel et bien mauvais. Quand bien même, sur douze mois, l’inflation totale, comme sa composante sous-jacente, ralentissent encore, de respectivement 0,4 et 0,1 point, à 6 % et 5,4 %, les détails du rapport témoignent d’une réaccélération très malvenue de la hausse des prix de nombreux postes, tout particulièrement dans la sphère des services dont la hausse d’ensemble ressort à 0,6 % sur le mois.
Les PPI américains le confirment : le repli de l’inflation n’est pas encore tout tracé
Le coup de grâce aux espoirs de voir l’inflation américaine se normaliser est venu des prix à la production, deux jours après la première déception des CPI. Après une baisse en décembre de 0,2 %, ceux-ci ont marqué une hausse de 0,7 % en janvier, la plus forte depuis juin dernier ; même constat pour leur composante hors alimentaire et énergie, en hausse de 0,5 %, la plus forte depuis mai.
L’inflation sous-jacente réaccélère aux Etats-Unis : la FED appréciera…
De 9,1 % en juin et 8,5 % en juillet, l’inflation américaine passe à 8,3 % en août en raison d’une faible évolution mensuelle des prix à la consommation, de 0,1%. Sa composante sous-jacente, elle, gagne en revanche 4 dixièmes, à 6,3 %. En conséquence, les marchés, qui escomptaient un léger signe d’apaisement, se replient franchement. S’il était peu probable que la Fed change rapidement son fusil d’épaule en cas de bonne nouvelle, ces mauvaises données repoussent plus encore un assouplissement. Or, si ce dernier n’est pas permis par une normalisation de l’inflation, c’est donc probablement du côté des données d’activité et d’emploi qu’il faudra en chercher la source dans les mois à venir.
Pas de répit possible pour la FED… Ni pour l’économie US au vu de l’inflation de juin
Après le rapport sur l’emploi de vendredi dernier, c’est au tour des données d’inflation de conforter la FED dans son offensive contre l’inflation. En juin, l’indice des prix à la consommation a gagné 1,3 %, sa plus forte hausse mensuelle depuis septembre 2005 au lendemain de l’ouragan Katrina ou la huitième d’ampleur comparable en soixante-douze ans. L’inflation annuelle américaine est ainsi propulsée de 8,6 % en mai à 9,1 %, un record depuis novembre 1981.
Jusqu’où la FED peut-elle pousser le bouchon face à l’empilement des risques ?
A un moment donné, les banques centrales seront rattrapées par l’accumulation des risques économiques et financiers que provoque le resserrement généralisé des conditions monétaires. Elles cesseront alors les hausses de leurs taux directeurs ou en réduiront la cadence, voire feront marche arrière si, par mégarde, elles venaient à sous-estimer les effets de leur action. A priori, après seulement deux hausses des Fed Funds, dont la première d’un quart de point seulement, ce moment devrait être assez éloigné. Les cycles de resserrement monétaire, même en période de désinflation chronique, ne se sont jamais limités à deux, trois ou cinq hausses des taux directeurs. Entre 2004 et 2006 il y en eut 17 d’un quart de point chacune, sur une période de 15 mois durant laquelle l’inflation ne dépassait pas 3,4 % en moyenne ; elle approche 10 % aujourd’hui ! Il y a pourtant peu de chances que la FED puisse s’offrir une telle expérience. À peine a-t-elle relevé ses taux directeurs de 75 points de base que les marchés sont disloqués et les risques de récession de jour en jour plus élevés, au point que nul ne sait dire si les deux hausses prévues d’ici la fin juillet pourront être digérées sans dégâts majeurs. Comment la FED s’apprête-t-elle à gérer cette situation ? C’est principalement la réponse à cette question qui est attendue du FOMC et de la conférence de presse de J. Powell mercredi soir.