La déflation en ligne de mire de la Fed

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Un rare degré d’incertitude ressort de la livraison des « minutes » du dernier FOMC de la Fed qui implicitement repousse aux calendes grecques la perspective de remontée de ses taux directeurs. Malgré les réactions immédiates après publication, le message envoyé prépare le terrain à un nouveau repli des taux longs américains qui devrait mettre terme à l’appréciation du billet vert vis-à-vis de l’euro. Les marchés Actions ne devraient pas apprécier.

La Fed calme le jeu

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No stress, ainsi pourrait se résumer le message envoyé par la Fed à la suite du FOMC du 18 juin, à travers un communiqué quasiment inchangé par rapport à celui du mois d’avril, ne laissant aucune place aux excès, dans un sens ou dans l’autre. À ce jeu d’équilibriste, dans le contexte particulièrement tendu de ces derniers jours, Janet Yellen s’en est bien tirée.

En calmant le jeu, Janet Yellen permet d’écarter le risque d’embardée à la hausse des anticipations et ouvre la porte à une correction à la baisse des taux à deux ans, dont les niveaux s’étaient dangereusement tendus ces deux dernières semaines.

La constance de la Fed est, par ailleurs, un élément stabilisant, dans un contexte d’incertitudes grandissantes sur le front géopolitique international et, par voie de conséquence, sur celui des prix du pétrole.

Dans l’ensemble la communication d’aujourd’hui renforce notre scénario de faible probabilité de hausse des taux d’intérêt à horizon prévisible. Les interrogations naissantes sur un possible écartement durable des écarts de taux longs entre les États-Unis et la zone euro devraient donc retomber, repoussant également les chances de voir le dollar se réapprécier significativement vis-à-vis de l’euro. Au risque géopolitique et pétrolier près, l’ensemble est plutôt favorable aux actions mais pourrait également se révéler porteur pour l’or, compte-tenu des risques assortis aux développements de la situation en Irak.

La Fed temporise, sans surprise !

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« The first rate hike will not come until the unemployment rate is considerably below 6,5 % » ! B. Bernanke, 18 septembre 2013

La Fed a osé aller à l’encontre des anticipations, elle a eu raison. Assumer cette décision n’était pas facile tant les marchés s’étaient auto-convaincus d’un changement imminent de sa stratégie depuis le début de l’été. Les raisons qui sont à l’origine de sa décision sont pourtant claires :

  1. La situation économique américaine demeure extrêmement fragile : la croissance ne décolle pas, la croissance de l’emploi reste anémique, le pouvoir d’achat est trop faible pour assurer une reprise pérenne de la consommation et les entreprises n’investissent pas.
  2. La remontée des taux d’intérêt depuis le début de l’été a été trop rapide et constitue un danger pour la croissance, d’ores et déjà illustré par l’arrêt brutal de la reprise immobilière depuis le printemps.
  3. La baisse du taux de chômage n’est pas le fruit d’une amélioration de la situation du marché de l’emploi mais au contraire l’illustration de sa détérioration persistante que révèle la chute du taux de participation de la population, en d’autres termes, le découragement de la population en âge de travailler à chercher un emploi.
  4. La politique budgétaire est significativement restrictive et le restera quand par ailleurs la mise en place de la réforme de la santé, avant la fin de l’année, risque d’impacter significativement les revenus des particuliers.

L’annonce de ce jour est considérable d’implications.

L’enjeu de la prochaine réunion de la Fed : temporiser

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« La question n’est plus celle de savoir si la Fed s’apprête à réduire ses injections de liquidités mais de combien ?». C’est en ces termes que la plupart des observateurs analysent aujourd’hui la situation, à un mois tout juste de la prochaine réunion du FOMC. Le fait est qu’une marche arrière semble dorénavant difficilement envisageable. La Fed a en effet probablement obtenu ce qu’elle souhaitait, à savoir, l’amorce d’une normalisation du niveau de taux d’intérêt à long terme et un début de ré-allocation des flux d’investissement que de nombreux responsables monétaires appelaient de leurs souhaits. Invalider les anticipations aujourd’hui à l’œuvre provoquerait dès lors plus de désordre qu’autre chose. Il n’en reste pas moins, qu’aucune des statistiques économiques à partir desquelles les marchés ont consolidé leurs anticipations ces dernières semaines n’est véritablement convaincante d’une meilleure santé retrouvée de l’économie américaine. Les signes de fragilité sont ainsi bien trop nombreux pour assurer que l’économie ait la capacité à faire face à une normalisation de ses conditions de financement.