BCE – Quelque chose nous échappe

Contrairement à nos anticipations Mario Draghi n’a rien changé au ton de son communiqué conservant un biais résolument accommodant, notamment souligné par la phrase suivante :

“Les développements économiques et l’analyse monétaire confirment la nécessité de poursuivre la voie d’un soutien monétaire très substantiel pour assurer le retour de l’inflation vers, bien que sous, 2 %, sans retard injustifié”. Cette posture est surprenante dans le contexte présent. Lire la suite…

BCE, plus de risques de mauvaises que de bonnes surprises

Alors que M. Draghi a dû jouer des coudes pour prolonger comme il l’a fait ses mesures de soutien à l’économie en fin d’année dernière, force est de constater que les publications économiques de ces dernières semaines le mettent en porte-à-faux. Pas sûr dès lors que la partie soit aussi facile que jusqu’alors face à une opposition sans doute grandissante au sein du conseil des gouverneurs. Lire la suite…

L’appréciation de l’euro ou le piège des politiques compétitives

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C’était écrit, l’euro ne baisserait pas vis-à-vis du dollar mais risquait bel et bien de s’apprécier. Nous y voilà. Dans la journée d’hier le cours de l’euro flirtait avec les 1,40 USD, enregistrant ainsi, après une hausse de plus de 7 % durant l’année écoulée, son plus haut niveau depuis octobre 2011. Cette évolution est préoccupante, à plus d’un titre, risquant en particulier de confisquer la quasi-intégralité du soutien escompté à l’exportation de l’amélioration des conditions internationales.

Deux raisons expliquent que, contrairement au consensus de marché, nos prévisions ne se soient jamais éloignées de l’objectif de 1,40 USD/euro ces deux dernières années :

  • la première vient de notre scepticisme à l’égard du consensus sur la bonne santé présumée de l’économie américaine et des anticipations d’une normalisation à venir de la politique de la Fed qui en découlent,
  • la seconde vient de l’effet pervers des politiques de déflation compétitive menées par les pays de l’UEM. La réduction de l’écart d’inflation entre la zone euro et le reste du monde qui en découle ayant pour effet de protéger le pouvoir d’achat de la monnaie, ces politiques constituent un soutien à l’euro, notamment à l’égard du billet vert dont la valeur est mécaniquement diluée par l’utilisation massive de la planche à billet ces dernières années.

Il n’est donc guère surprenant que les déceptions récentes sur la croissance américaine poussent le cours de l’euro à la hausse, ceci d’autant plus que la BCE a douché les espoirs d’assouplissement supplémentaire de sa politique monétaire la semaine dernière. Le mouvement n’en reste pas moins préoccupant, pour trois raison au moins.

 

Taux BCE, LTRO, QE4 : l’euro peut-il vraiment baisser ?

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Une baisse des taux directeurs de la BCE suffira-t-elle à faire céder le cours de l’euro contre le dollar, comme semblent l’anticiper les marchés depuis la conférence de Mario Draghi de la semaine dernière ? Rien n’est moins sûr. Non seulement parce que la Fed ne semble pas prête à lever sa garde et pourrait annoncer dès cette semaine un nouveau plan d’achat d’actifs, mais également parce que le remboursement anticipé des deux LTRO de la BCE viendra d’une manière ou d’une autre réduire le bilan de la BCE dans les prochaines semaines. À en juger par la sensibilité des marchés des changes aux évolutions respectives des bilans des deux banques centrales depuis 2010, ces tendances pourraient bien continuer à soutenir la devise européenne plutôt que l’inverse.

« Kartoffeln Für Alle », ou, un Plaza pour l’euro

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Prétendre pouvoir compenser les effets dévastateurs de la surévaluation de l’euro par l’application des recettes allemandes des années 2000 est un leurre.

Un retour sur les conditions du succès de l’ajustement compétitif de l’économie allemande rappelle à quel point cette transition a été aidée par des conditions exceptionnelles. Le contexte international des années 2000 a non seulement servi de puissant levier au redressement industriel de l’Allemagne mais a également permis que cette transition se fasse à moindre coût pour les consommateurs d’outre-Rhin.

Aucun des pays de la zone euro ne dispose aujourd’hui d’atouts industriels comparables à ceux de l’Allemagne ni des moyens d’atténuer le coût social des réformes susceptibles d’être nécessaires au rétablissement compétitif de la zone euro. Appliquer les recettes allemandes, sans prendre en considération la réalité des conditions qui ont conduit à leur succès, est sans doute le plus grand danger que les responsables européens font encourir à l’union monétaire dans le contexte présent.

Face à une telle situation, force est de constater qu’il n’existe qu’une seule réponse : celle d’une dépréciation orchestrée de l’euro, à l’instar de ce qui fut décidé en 1985 par les accords du Plaza pour soulager l’économie mondiale des méfaits de la surévaluation du dollar. Espérons que la menace que constitue l’enlisement de la zone euro finira par convaincre de cette nécessité, car là réside probablement l’ultime chance de sauvetage de l’union monétaire.

EUR 4 500 Md : le bilan de la BCE si elle voulait frapper aussi fort que la Fed

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Depuis le début de la crise financière, le bilan de la BCE a été multiplié par plus de deux, passant de 1 500 Md en juin 2008 à 3 100 Md d’euros en août 2012. C’est nettement moins que ce qu’ont fait la plupart des autres grandes banques centrales dans un laps de temps souvent beaucoup plus court. Que la BCE s’apprête à actionner des leviers non-conventionnels supplémentaires n’a donc rien de préoccupant, au contraire. Donner une vraie chance de survie à la zone euro nécessiterait de frapper au moins aussi fort que ce qu’ont fait la Fed et la Banque d’Angleterre, ce qui équivaudrait à augmenter la taille du bilan de la BCE d’environ 1 500 milliards supplémentaires, aux alentours de 4 500 milliards d’euros. Une telle action est nécessaire et l’on ne peut que redouter que la rupture de politique à laquelle la BCE se prépare ne soit pas aussi ambitieuse.

Gare au consensus, l’euro peut encore surprendre !

Le caractère inéluctable d’une baisse de l’euro est un des rares points sur lesquels les économistes semblent largement s’accorder aujourd’hui. L’idée, à l’évidence assez légitime au regard de la situation de crise extrême que traverse l’union monétaire, est pourtant loin de couler de source. La résistance du cours de l’euro pourrait prendre bon nombre d’observateurs à contre pieds.

L’intensification de la crise souveraine a fini par convaincre la grande majorité des économistes que le taux de change de l’euro était voué à une forte baisse dans les mois à venir. Un certain nombre prédisent un retour du cours de l’euro sous les 1.20 dollar et quelques uns proposent une chute jusqu’à la parité contre le billet vert dans les douze ou dix-huit prochains mois. Une telle perspective, si elle venait à se vérifier, serait assurément bien venue tant elle soulagerait la région. Cette prédiction est malheureusement assez peu probable. Les seules perspectives d’une croissance durablement anémique et d’une aggravation de la crise souveraine sont loin d’être suffisantes pour justifier le consensus actuel sur la chute de l’euro. En alimentant les craintes de déflation, ces mêmes raisons pourraient, tout au contraire, se révéler un des meilleurs remparts contre une dépréciation un tant soit peu significative de la monnaie unique ! Lire la suite…