La spéculation s’est déchainée après l’intervention de la BoE de la semaine dernière et plus encore, après la hausse d’un quart de point seulement des taux directeurs de la Banque d’Australie hier, au lieu des 50 pb attendus. Côté américain, le premier recul des prix immobiliers de la semaine passée, la baisse de l’ISM manufacturier à son plus bas niveau depuis 2020 et le net recul des offres d’emplois de l’enquête Jolts publiée hier ont renforcé l’idée selon laquelle la Fed, elle aussi, finirait pas rendre les armes un peu plus tôt qu’envisagé. Rebond des indices boursiers et du pétrole, fort repli des taux et du dollar s’en sont suivis jusqu’à hier. Le diagnostic n’aura pas tenu très longtemps : non seulement le rapport ADP sur les créations d’emplois privés est meilleur que prévu, avec 208K créations de postes en septembre mais l’indice ISM des services conserve un très haut niveau, de 56,7 points, de deux dixièmes inférieur à celui d’août tandis que sa composante emploi regagne près de 3 points. L’ensemble n’est, au total, guère conforme à ce qui pourrait inciter la FED à lever le pied et l’histoire de ces derniers jours se dénoue.
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Il ne se passe rien aux Etats-Unis mais c’est encore trop pour la FED !
Tant que perdure l’inflation et que les données d’activité sont peu ou prou satisfaisantes, il n’y a pas vraiment de question à se poser sur l’orientation à venir de la FED : elle restera restrictive. C’est probablement la principale conclusion à retirer des données publiées aujourd’hui. Les ventes de détail nominales ont progressé de 0,3 % en août, soit de deux dixièmes de plus que l’inflation totale mais ont été révisées à la baisse de quatre dixièmes le mois précédent, à -0,4 %. La production industrielle baisse de 0,2 % en raison du recul des utilities mais sa composante manufacturière ne fait pas grand-chose, avec un gain marginal, de 0,1 %. Reste le recul de l’indicateur sur les conditions courantes du Philly Fed qui retombe à ses niveaux de juillet mais qui est nuancé par le léger rebond des perspectives et la remontée de l’indicateur new-yorkais, l’« Empire State »… L’ensemble n’a rien de particulièrement palpitant mais assez largement insuffisant pour inquiéter la FED.
Pas de récession franche aux Etats-Unis mais, bien, 5 trimestres de stagnation…
Le PIB réel américain a reculé de 0,9 % en rythme annualisé au deuxième trimestre, (soit environ 0,2 % en pourcentage simple), après une baisse de 1,6 % au premier trimestre. Voilà qui tombe mal pour le président de la FED, qui avait assuré hier qu’il n’y aurait pas de récession en 2022, quoiqu’il puisse encore s’appuyer comme il l’a laissé entendre, sur un acquis de croissance solide, de 1,4 % à la fin du second trimestre, ainsi que sur le fait que cette baisse est majoritairement due aux variations de stocks. Ces derniers ont poursuivi leur normalisation et expliquent, en effet, deux points du repli annualisé du PIB, ce qui laisse une contribution positive pour la somme des autres postes, grâce au rebond post-covid de la consommation de services et à celui des exportations, notamment énergétiques. S’il est donc possible de nuancer le recul du PIB au deuxième trimestre, le constat n’en reste pas moins celui d’une stagnation hors stocks de l’économie américaine depuis cinq trimestres maintenant et de tendances à venir beaucoup plus compliquées au vu des premiers résultats déjà disponibles.
Après les PMI, la croissance et la FED sur le grill
Les indices d’une récession globale se multiplient, avec, après le PMI allemand de ce matin, l’américain de cet après-midi recule encore plus lourdement avec une chute de 5 points dans les services qui entraine le composite dans son sillage, à respectivement 47 et 47,5 points, des niveaux jusqu’à présent synonymes de récession, malgré la bonne tenue relative de l’indicateur manufacturier.
Les pertes de pouvoir d’achat finissent aux Etats-Unis, comme partout, à impacter la demande de services. Les probabilités de récession, déjà largement soulignées par les estimations de la FED d’Atlanta, les tendances immobilières et la chute de la confiance des ménages, s’en voient d’autant accrues, emportant dans leur sillage les espoirs de reprise post Covid au cœur des perspectives 2022. La FED s’en trouve sur le grill et ne pourra pas longtemps dévier son regard de la réalité. RDV fin août pour cela, après un vraisemblable dernier tir la semaine prochaine.
Pas de répit possible pour la FED… Ni pour l’économie US au vu de l’inflation de juin
Après le rapport sur l’emploi de vendredi dernier, c’est au tour des données d’inflation de conforter la FED dans son offensive contre l’inflation. En juin, l’indice des prix à la consommation a gagné 1,3 %, sa plus forte hausse mensuelle depuis septembre 2005 au lendemain de l’ouragan Katrina ou la huitième d’ampleur comparable en soixante-douze ans. L’inflation annuelle américaine est ainsi propulsée de 8,6 % en mai à 9,1 %, un record depuis novembre 1981.
La récession rôde aux Etats-Unis
Les jours se répètent et se ressemblent du côté des indicateurs conjoncturels. Cette fois-ci, ce sont les climats des affaires des Fed de Richmond et de Dallas ainsi que les indicateurs de confiance des ménages du Conference Board qui virent de bord en juin et s’enfoncent à des niveaux rarement observés en dehors des périodes de récession. La FED d’Atlanta qui avait pu revoir de 0% à 0,25 % son estimation pour la croissance du deuxième trimestre la semaine dernière ne devrait pas tarder à faire marche arrière ; un prélude à ce qui attend vraisemblablement la FED avec des perspectives de plus en plus mauvaises sur le front de l’emploi.
Nouvelle alerte sur la conjoncture américaine avec les ventes de détail
Les ventes de détail à prix courants ont baissé de 0,3 % aux Etats-Unis le mois dernier, alors même que les prix à la consommation progressaient de 1 % en mai. Autant dire qu’en termes réels, il s’agit bien d’un recul des achats. Quant aux ventes d’avril, initialement publiées en hausse de 0,9 %, elles ont été révisées à 0,7 %. Après la chute de 12% des immatriculations automobiles et l’effondrement de la confiance des ménages, à un plus bas niveau depuis 1950, selon l’université du Michigan, ces données, ainsi que l’indice manufacturier de la Fed de New-York , toujours en territoire négatif à -1,2, confirment le diagnostic d’un très net ralentissement conjoncturel, voire d’une récession.
Inflation américaine : difficile de faire pire après la BCE , la courbe des taux s’écrase
La pause d’avril n’aura pas duré : le rebond du pétrole, les hausses de prix alimentaires et la poursuite d’effets de second tour sur le sous-jacent portent la hausse mensuelle des prix en à 1 % en mai aux Etats-Unis. Le résultat gomme donc les effets de base baissiers sur le calcul de l’inflation annuelle, qui dépasse le précédent point haut de mars, à 8,6 % contre 8,5 %. Dans le détail, l’augmentation sur 12 mois des prix de l’énergie atteint 34,6 %, son plus fort niveau depuis septembre 2005. L’inflation alimentaire dépasse 10 % pour la première fois depuis plus de quarante ans. Seule l’inflation sous-jacente annuelle ralentit très légèrement, de deux dixièmes, à 6 %, en raison d’effets de base sur les biens, qui baissent de 1,3 points, à 8,5 %. Mais les services, eux, gagnent 0,3 points, à 5,7 %, notamment du fait des loyers en accélération à 5,5 % l’an au lieu de 5,1 % en mars.