Le taux de change, cheval de bataille de la BCE. Une fuite en avant, bien que compréhensible

Lorsqu’en septembre dernier, Mario Draghi a mentionné l’évolution du taux de change de l’euro comme une des variables susceptibles d’influencer le cours de la politique monétaire de la BCE au même titre que l’inflation et la croissance, rares sont les économistes ayant pris cette annonce pour argent comptant. L’envolée de la monnaie unique depuis le printemps et les risques évidents de poursuite de cette tendance en cas de virage moins accommodant de la politique monétaire européenne, justifiaient une certaine prudence et rendaient acceptable une entorse à la règle jusqu’alors établie d’absence de responsabilité de la BCE à l’égard du taux de change. Sept semaines plus tard les préoccupations sur ce sujet semblaient être retombées. Non seulement, les économies de la zone euro, fortes de très bons résultats économiques, paraissaient s’être accommodées de la hausse de la monnaie unique, mais la FED avait clarifié sa stratégie, laquelle était en mesure de réduire le risque d’appréciation additionnelle de la monnaie européenne. La BCE pourrait dès lors, en théorie, se délester de cette contrainte et s’engager de manière plus décisive sur la voie de normalisation progressive de sa politique.

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Du futur perdu de la première économie mondiale à la tentation autoritaire de Xi Jinping

Au cours des cinq années du premier mandat du président Xi Jinping, la croissance de l’économie chinoise a atteint 7,1 % l’an en moyenne, une performance certes la plus faible de ces vingt-cinq dernières années, mais néanmoins la plus solide du monde émergent et plus encore du monde développé. Après s’être hissée au premier rang mondial en 2013, l’économie chinoise n’a cessé de creuser son écart avec les Etats-Unis, son produit intérieur brut en parité de pouvoir d’achat excédant de quelques 20 % l’américain en 2016. Les places de premiers ne manquent pas à l’Empire du Milieu. Avec plus de 18 % du PIB planétaire et une population de 1,4 milliards, la plus importante au monde, la Chine occupe dans bien des domaines ce premier rang au fur et à mesure de son développement et n’est probablement pas sur le point de s’arrêter en si bon chemin, même avec une croissance structurellement ralentie.

Que ces constats ne trompent pas. Cette super puissance, qu’est devenue la Chine en moins de deux décennies, a cumulé les excès et dérives, ceci tout particulièrement sous les cinq premières années de l’ère Xi Jinping, et donne à bien des égards aujourd’hui l’image d’un colosse aux pieds d’argile. Comme l’a exprimé, fort justement, Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque populaire de Chine, en marge du 19ème Congrès du parti communiste ce 19 octobre : « S’il y a trop d’optimisme alors que les choses vont lentement, les tensions s’accumulent, ce qui pourrait conduire à une forte correction. C’est ce que l’on appelle le « moment Minsky » et le risque contre lequel nous devons tout particulièrement nous protéger ».

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Et si la courbe de Phillips n’était pas le sujet ?

Le faible niveau d’inflation concentre l’attention des banquiers centraux dont les modèles sont mis à mal par l’anomalie apparente d’une absence d’inflation cyclique. La fonction de réaction des politiques monétaires étant essentiellement assise sur celle du degré de sollicitation des ressources productives, au premier rang desquelles les ressources en emploi, on comprend que les dysfonctionnements de la courbe de Phillips créent un profond embarras. Une approche différente, qui considèrerait non pas la réserve d’emploi mais la dynamique du marché du travail, suggère une réponse à l’anomalie constatée mais ne promet guère d’accélération imminente des salaires.

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Le taux de chômage américain, indicateur fétiche de la FED, tombe à 4,2 %… Gare au loup

Malin qui peut dire de quel côté s’oriente le curseur du marché de l’emploi américain après la publication du rapport du mois de septembre. Alors que les marchés financiers ont eu pour première réaction d’ignorer la mauvaise nouvelle d’une perte de 30 000 emplois pour donner la primeur aux bons chiffres du taux de chômage et des salaires, l’incertitude reprend le dessus. Aucun indicateur ne laissait supposer, un tel impact des perturbations climatiques sur l’emploi et, donc, l’activité américaine, avant la publication de ce rapport. Dans de telles conditions, pas sûr  que les membres de FED aient la latitude de relever le niveau des Fed funds.

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Trump trade II- Pas tout de suite le grand soir

Il a suffi que l’administration américaine présente un nouveau projet de réforme fiscale pour réveiller l’espoir des investisseurs sur l’éventualité d’un scénario idéal qui verrait se combiner : l’adoption d’un programme de baisse d’impôts aux retombées tellement positives pour l’économie américaine qu’il pourrait autoriser la FED à procéder à la normalisation de ses taux d’intérêt sans heurter les marchés actions, et soutenir le dollar dont la réappréciation diffuserait au reste du monde une partie du surcroît de la croissance américaine… Déjà plébiscité par les marchés dès le lendemain de l’élection de Donald Trump, ce scénario a probablement bien peu de chances de se produire, que ce soit pour des raisons politiques ou économiques.

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Conundrum des taux longs, vraiment?

La confirmation par la FED de l’enclenchement de la réduction de son bilan à partir d’octobre n’a guère ému les marchés. Pas plus, d’ailleurs, que ses projections suggérant une nouvelle hausse du taux des Fed funds d’ici la fin de l’année. Les réactions ont été minimales, en effet ; à peine 3 points de base de hausse des taux à 2 ans et de moins de 5 pb pour les taux à 10 et 30 ans. Cette inertie des taux à terme est assurément contrariante alors que les données économiques sont de plus en plus encourageantes. Comment expliquer ce paradoxe et qu’en déduire pour les mois à venir ? Lire la suite…

Inflation, les européens sur le qui-vive. La FED viendra-t-elle calmer le jeu ?

Impatientes de reprendre la voie d’une normalisation de leurs politiques monétaires, les banques centrales vont-elles sauter sur l’occasion de résultats d’inflation un brin mieux orientés en août ? La tentation est palpable. Mark Carney, le Président de la Banque d’Angleterre, se dit dans les starting blocks tandis que de Jens Weidmann, président de la Bundesbank, plaide pour un arrêt du programme d’achats d’actifs de la BCE. La FED viendra-t-elle ajouter de l’huile sur le feu mercredi prochain, comme le suggèrent les anticipations des marchés ou, au contraire, calmer le jeu ? La deuxième option reste, à nos yeux, la plus probable.

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Les consommateurs sur le bas-côté de la reprise. Pour combien de temps ?

Amélioration du climat des affaires, reprise de l’investissement industriel, réveil des échanges mondiaux, la conjoncture internationale a retrouvé un air de printemps ces derniers mois, incitant nombre d’économistes à revoir à la hausse leurs prévisions, notamment pour la zone euro. Manque pourtant à ce panorama des résultats patents en provenance des consommateurs qui, à de rares exception près, ont manqué à l’appel ces derniers temps. Retard ponctuel ou caractéristique durable ? C’est principalement de la réponse à cette question que dépend la tonalité du scénario européen pour l’an prochain. Lire la suite…