Scénario 2014-2015 : Montagnes russes…

L’année 2014 commence sur une note positive : la croissance américaine se raffermit, la zone euro en termine avec la récession, le Japon engrange les fruits de sa stratégie compétitive et le commerce mondial se ressaisit. L’ensemble devrait être suffisant pour mettre un coup d’arrêt à deux ans de décélération de l’activité mondiale et assurer le retour d’une croissance nettement supérieure à 3 % cette année. Bonne nouvelle s’il en est, ce n’est toutefois pas sur cette conclusion que reposent les enjeux présents mais sur la réponse beaucoup plus complexe à la question de savoir si 2014 amorcera une deuxième jambe du cycle de reprise mondiale susceptible d’autoriser une embellie durable des conditions économiques et de permettre de tourner la page de cinq années de convalescence. Or, à cette question nous sommes toujours tentés de répondre par la négative, ceci pour deux raisons essentielles :

  1. Les effets du deleveraging continuent à exercer d’importants dysfonctionnements sur les rouages économiques internationaux,
  2.  Cinq années de crise ont considérablement érodé le potentiel de croissance de l’économie mondiale et sa capacité à faire face à la remontée des taux d’intérêt que l’accélération en cours entraînera forcément.

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L’Humeur du Vendredi 10 janvier

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Non, la France ne retombe pas en récession !

+ 1,3 %, la hausse de la production industrielle française au mois de novembre. Voilà une bonne surprise. Certes, ce chiffre est à considérer à sa juste valeur : à savoir, une progression en large partie expliquée par les variations erratiques des activités minière et énergétique. Les données sur le seul secteur manufacturier sont moins flatteuses, avec une croissance de 0,2 % seulement de la production, après une augmentation de 0,3 % en octobre. Il n’en reste pas moins que nous sommes loin du message d’une économie sur le point de retomber en récession délivré par les enquêtes PMI.

Fed : le dilemme du taux de participation et du taux de chômage

Chute de trois dixièmes du taux de chômage, nouveau repli de deux dixièmes du taux de participation, repli de la durée hebdomadaire du travail, créations d’emplois de 74 000, les plus faibles depuis janvier 2011… La Fed pouvait-elle imaginer pire configuration pour son premier mois de tapering ?

L’Humeur du Vendredi 3 janvier : Strong Buy Latvia!

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6 %, l’écart de taux d’intérêt avec les 17 théoriquement nécessaire à la Lettonie pour accompagner sa convergence économique au cours du prochain quart de siècle….

+ 6 : le nombre de nouveaux membres de l’union monétaire depuis 2007. À ce rythme-là l’UEM pourrait compter jusqu’à 25 membres dans 10 ans… à moins qu’elle ne soit, tout simplement, plus, ou qu’elle soit 18 moins quelques-uns… Qui sait, et comment savoir, tant les dysfonctionnements de l’union monétaire sont profonds ? 

On aimerait participer à l’enthousiasme, au moins de circonstance, qui accompagne l’adhésion d’un nouveau membre à la monnaie unique plutôt que de déplorer cette fuite en avant consistant à réunir dans un même panier un nombre toujours plus important de pays dont les chances de pouvoir s’accommoder d’un même taux d’intérêt -celui de la BCE- sont à peu près nulles. Comment ne pas redouter en effet que la Lettonie connaisse, à terme, le même sort que la Grèce, l’Irlande ou l’Espagne ? Non pas, comme certains pourraient le craindre, par négligence mais parce que, même avec la meilleure volonté, les Lettons n’auront aucun moyen de compenser les effets d’une politique monétaire durablement inappropriée à leur propre situation.

Profitons de l’actualité du moment pour revenir sur ce sujet de fond sur lequel trop peu d’économistes s’arrêtent, à savoir : l’irresponsabilité économique consistant à intégrer trop précocement à l’union monétaire des pays au développement économique insuffisant (sujet que nous avions déjà traité sous un angle un peu différent dans « L’Europe monétaire, de l’ambition à la décadence : le critère manquant », juillet 2012).

La sévérité de notre appréciation vient pour l’essentiel du constat selon lequel la convergence ne peut se faire une fois dans l’UEM mais avant de la rejoindre.

L’Humeur du Vendredi 29 novembre

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Prix des matières premières, ce qu’on aimerait y voir, ce qu’ils nous susurrent

Nous étions parti d’un bon pied cette semaine, avec, une fois n’est pas coutume, un sujet réconfortant à traiter, celui de la baisse envisageable des cours du pétrole dans la foulée de l’avancée des négociations sur l’arrêt du développement de l’arme nucléaire en Iran. Assez convaincus que l’accord de cette semaine pouvait avoir une valeur de 10 dollars par baril, au minimum, nous avions envisagé de faire le point sur ce qui, de prime abord, est cette bonne nouvelle pour l’économie mondiale.

Pourquoi donc ne pas nous contenter de ces évidences ?

La France va-t-elle aussi mal qu’on le dit ? 

Après la douche froide des PMI de la semaine dernière, les résultats de l’enquête INSEE rassurent. Non seulement, rien ne valide dans cette dernière le scénario d’un retour en récession que certains se sont précipités de brandir après la publication des PMI, mais l’analyse détaillée offre même certains points de réconfort.

 

Salaire minimum allemand: une nouvelle donne, mais laquelle ?

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Parvenir à se faire une juste idée des implications de l’introduction d’un salaire minimum en Allemagne est loin d’être simple. A la bonne nouvelle que constitue la promesse d’une augmentation du pouvoir d’achat des ménages et celle, simultanée, d’une meilleure contribution de l’Allemagne au rééquilibrage de la zone euro succèdent immédiatement les inquiétudes que la hausse des salaires qui en découlera intervienne au pire moment pour une industrie allemande déjà confrontée à des difficultés croissantes à l’exportation. Sous réserve que l’accord de coalition soit validé par les militants et sympathisants du SPD le 17 décembre, deux éléments permettront de faire la part des choses et d’être fixés sur les implications d’une telle décision :

  • La diffusion plus ou moins importante des hausses de salaires à l’industrie exportatrice, dont les niveaux de rémunération sont d’ores et déjà largement au-dessus du minimum consenti,
  • La reprise ou non de la demande internationale de biens d’équipement sans laquelle l’Allemagne perdra quoiqu’il en soit son assise à l’exportation et la zone euro son éventuelle locomotive régionale.

Dans un cas comme dans l’autre, l’introduction d’un salaire minimum constituerait un changement radical pour l’Allemagne et la zone euro dans son ensemble, par rapport à la situation qui prévaut depuis l’introduction de l’euro.

L’Humeur du Vendredi 22 novembre

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Les trois raisons pour lesquelles nous ne croyons pas à la fin du QE

Les déclarations de B. Bernanke et la publication des minutes du dernier comité FOMC ont effacé les doutes nés du changement de communication de la Fed du 18 septembre et renforcé les anticipations d’une réduction de ses achats d’actifs, dorénavant largement anticipé pour le mois de mars. Nous restons dubitatifs par rapport à ce consensus, ceci pour trois raisons essentielles. La première tient à notre perception des tendances en cours de l’économie américaine, au sujet de laquelle nous ne voyons guère se profiler l’amélioration qui permettrait de satisfaire les objectifs affichés de la Fed en matière de croissance ou d’inflation dans les prochains mois. La seconde tient à l’effet incontournable d’une réduction du QE sur l’évolution des taux d’intérêt à long terme, à laquelle une économie encore fragile ne résisterait pas. Revenons sur chacun de ces points.

Combien de temps tiendront les derniers verrous de Francfort ?

C’était écrit, la BCE devrait faire davantage au fur et à mesure qu’approcherait l’heure de la fin du QE de la Fed. Nous y sommes. Que cette dernière passe ou non à l’acte -l’article précédent montre que nous n’y croyons guère- l’anticipation d’une réduction de ses achats d’actifs a déjà des effets massifs sur les marchés et l’allocation de capitaux à travers la planète. En asséchant le marché des T-bonds, les interventions de la Fed ont, en effet, détourné depuis plus d’un an, les flux de capitaux des marchés américains vers de nombreux autres actifs, aux premiers rangs desquels les actifs souverains des pays émergents et ceux de la zone euro. En réduisant son QE, la Fed redonnerait au marché américain toute sa place, créant ainsi les conditions pour un vraisemblable rapatriement de ces investissements sur le sol américain. Les marchés émergents et les marchés souverains de la zone euro sont donc particulièrement exposés à tout changement d’orientation de la politique monétaire de la Fed.

 

L’Humeur du Vendredi 15 novembre

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Que n’avons-nous une « Janet » à la tête de la BCE !     

Le contraste à une semaine d’intervalle est saisissant, entre un Mario Draghi, apparemment soulagé d’avoir pu extirper du comité de politique monétaire de la BCE qu’il préside, une baisse de 25 points de base de ses taux directeurs jeudi dernier, et la future Présidente de la Fed, Janet Yellen, qui lors de la confirmation de sa nomination devant le Sénat, nous assure que la Fed n’est pas prête de réduire sa contribution au rétablissement de la situation américaine. Plus encore que ce contraste, c’est bien un sentiment de frustration que l’on ressent de ce côté-ci de l’Atlantique. Que n’avons-nous une « Janet » à la tête de la BCE !

Zone euro : Vous avez dit déflation ? 

Après trois années d’une politique à tous égards déflationniste, comment ne pas être surpris de la panique qui subitement s’empare des observateurs à la vue des faibles niveaux d’inflation de la zone euro. Les dés ont été jetés dès 2010 avec l’adoption du Programme de Stabilité de la Commission Européenne et les cartes n’ont cessé d’être rebattues depuis, au fur et à mesure de l’amplification de la crise souveraine.

Moniteur de la croissance en zone euro : en attendant la locomotive allemande

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La situation économique donne des signes encourageants en zone euro. Le regain de confiance se propage peu à peu à un nombre croissant de secteurs d’activité et de pays, l’activité industrielle se raffermit et l’indicateur du climat des affaires de la Commission Européenne suggère un retour de la croissance annuelle du PIB avant la fin de l’année.

Manque toutefois à ce tableau une véritable amélioration sur le front extérieur. Non seulement, en effet, la croissance des exportations vers le reste du monde stationne mais, plus inhabituel en période de reprise, celle du commerce intra régional continue à se contracter. Difficile dans de telles conditions de faire preuve d’une confiance solide dans l’avenir. En l’absence d’amélioration sur le front extérieur, les lendemains européens risquent fort de déchanter. Or, le risque est bel et bien celui d’une inertie durable des échanges.