Avant même de s’être mis d’accord sur un improbable projet de coalition, c’est à la dette que s’attellent la Ligue du nord et le mouvement M5S italiens avec la revendication d’un allègement de celle-ci pour 250 mds des titres détenus par la BCE. Si la demande a peu de chances d’aboutir, elle a néanmoins le pouvoir de raviver les vieux démons de la crise souveraine et de nuire aux conditions de financement de l’ensemble des pays du sud de l’Europe. Le risque d’une nouvelle épidémie de tensions souveraines est sérieux.
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Brexit, un sacré coup de vieux pour l’UE !
Si l’âge et les structures démographiques ont une influence sur la capacité des hommes à construire leur avenir, alors une sortie de la Grande Bretagne de l’Union européenne serait une très mauvaise nouvelle pour le futur européen. Avec un âge médian inférieur de plus de deux ans à la moyenne de l’UE 28, les Britanniques sont, non seulement, parmi les rares pays les plus jeunes de l’Union, ils sont aussi les seuls à être en position de bénéficier d’une croissance encore substantielle de leur population en âge de travailler au cours des vingt prochaines années. Dès lors, en quittant l’UE, la Grande-Bretagne emporterait avec elle la seule et unique source de croissance de la population en âge de travailler de l’UE à horizon des deux prochaines décennies ; un constat au moins aussi préoccupant que bien des aspects mis en avant par la crainte d’un Brexit.
Cure de jouvence allemande
L’exode massif des populations syrienne et irakienne à destination de l’UE ces dernières semaines inspire un certain nombre des réflexions sur le plan économique.
– La première, est qu’il s’agit d’un changement aux retombées immédiatement positives pour la croissance, dont l’impact pourrait être suffisant pour amortir le choc en provenance de la dégradation de la situation économique et financière internationale de ces derniers mois ;
– La seconde est que cet appel d’air concerne en premier lieu l’Allemagne, économie dont les perspectives structurelles, jusqu’à présent largement impactées par le processus de vieillissement de sa population, pourraient dorénavant apparaître sous un jour nouveau jour ;
– La troisième est relative aux conséquences de cet afflux d’immigrés sur la politique économique européenne, de facto, moins restrictive, voire stimulante pour la croissance ; en d’autres termes un rééquilibrage susceptible d’améliorer la résonance économique des mesures prises par la BCE en matière de soutien à l’investissement et de lutte contre la déflation.
Au total, des implications majeures, à même de modifier la donne économique des prochaines années et, à terme, l’équilibre des forces au sein de l’UE.
Le vieillissement démographique de l’Asie est-il compatible avec ses ambitions financières ?
L’Asie est-elle sur la voie de devenir le principal centre financier mondial ?
La tentation est naturellement grande de le penser. Avec plus de la moitié de la population mondiale et un potentiel de croissance économique à moyen terme qui, selon le FMI, serait deux fois plus élevé que celui de la moyenne planétaire, une telle évolution n’aurait rien de véritablement surprenant. La région concentre déjà quasiment un cinquième du produit intérieur brut mondial et une proportion d’ailleurs encore plus élevée des transactions financières planétaires ; la capitalisation de ses entreprises cotées est déjà équivalente à celle de l’ensemble de la zone euro ; enfin, avec un taux d’épargne structurellement élevé, l’Asie émergente recèle également la plus grande ressource potentielle de formation d’épargne au monde.
À taux d’épargne inchangé, ce sont trois à quatre trillions de dollars d’épargne supplémentaire que les pays d’Asie émergente pourraient procurer d’ici 2020, soit 45 % à 60 % de l’augmentation du stock d’épargne mondiale envisageable à cette échéance. L’Asie dispose donc, tout au moins sur le papier, d’atouts considérables pour mener à bien le développement de son système financier, de sorte que compte-tenu de sa taille, les estimations sur ce que pourraient représenter les marchés de capitaux asiatiques d’ici vingt ou trente ans sont le plus souvent sidérantes
La Chine face à son déclin démographique
Réunis en plénum dans le but de définir les grandes orientations économiques de la Chine pour les prochaines années, les dirigeants chinois n’ont probablement pas inscrit à l’agenda de leur Congrès la question démographique. Et pourtant, s’il est un défi économique auquel la Chine sera inévitablement confrontée dans les toutes prochaines années c’est bien, devant tous les autres, à celui du vieillissement accéléré de sa population. Les projections de l’ONU, référence en la matière, sont à ce titre sans appel. D’ici à 2040, l’âge médian de la population chinoise devrait augmenter de plus de onze années, pour atteindre 46 ans, le nombre de Chinois en âge de travailler s’éroderait de 10 %, celui des jeunes adultes de 15 à 44 ans se réduirait de 200 millions et celui des plus de 65 ans augmenterait d’autant ; la proportion d’actifs pour deux séniors chuterait ainsi de dix-huit actuellement, à cinq en 2040. Le vieillissement de la Chine est parti pour être particulièrement rapide, à bien des égards, plus rapide, même, que celui du Vieux Continent.
Les conséquences du vieillissement des populations sont assez mal connues et les recherches sur le sujet concernant surtout les pays développés ne sont guère juxtaposables au cas de la Chine. Que cette absence de référence n’empêche pas, toutefois, de prendre la mesure de ce que nous annoncent les tendances démographiques des vingt-cinq prochaines années. Après avoir façonné les principales étapes du développement économique chinois, la génération des baby-boomers de l’ère post révolution des années 1950 à 1975 emportera avec elle l’essentiel de ce qu’elle a procuré durant sa jeunesse à l’Empire du Milieu, et qui en a fait l’extraordinaire essor depuis quatre décennies : une ressource pléthorique en main d’œuvre, d’abord, une ressource tout aussi inédite d’épargne, ensuite.