Champ libre et davantage pour la FED

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Aux États-Unis, les données économiques de ces derniers jours sont d’un cru de rare qualité, que même le bon mois de juillet n’avait pas égalé. Les statistiques de jeudi dernier avaient déjà fait grimper notre indicateur d’orientation monétaire à son plus haut niveau, +1, compatible avec une hausse des taux que Janet Yellen a déjà quasiment annoncée. Celles d’aujourd’hui consolident amplement le mouvement, avec de bons chiffres de commandes de biens durables (1,5 % sur le mois) malgré une croissance plus modeste pour leur partie cœur (0,37 %), une nette remontée du PMI manufacturier, à 53.9 en novembre, et un rebond de l’indice de confiance des consommateurs de l’université du Michigan. Dans un tel contexte, le repli des ventes de logements neufs passe au second plan, notamment après l’envolée des statistiques de reventes et des mises en chantier publiées la semaine dernière. Rares sont au total, les indicateurs de notre baromètre orientés en défaveur d’une hausse des taux, les exceptions concernant pour la plupart des données du mois d’octobre non encore actualisées (dont l’indicateur de confiance des ménages du Conference Board qui est celui retenu dans notre synthèse).

Au total, la FED a le champ libre pour relever le niveau de ses taux directeurs le 14 décembre, disposant largement des éléments de confirmation attendus pour un passage à l’acte malgré des minutes du dernier FOMC moins engagées que ne l’a été Janet Yellen devant le Congrès la semaine dernière. À en juger par les indicateurs les plus récents, le vrai risque réside maintenant dans la probabilité d’une communication plus « hawkish » que jusqu’alors envisagée, vraisemblablement renforcée par des « dots » revus à la hausse. Une telle combinaison accentue, un temps au moins, le risque de pressions persistantes sur les marchés obligataires américains, peut-être un cran au-delà des 2,50 % que nous avions envisagé comme une limite (cf « Correction obligataire, l’essentiel pourrait être derrière nous« ).

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Panne du pilotage monétaire dans un monde post-industriel et vieillissant

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Janet Yellen l’a annoncé hier, la FED s’apprête à relever le niveau de ses taux directeurs en décembre. Bien qu’attendu depuis près d’une année, ce changement est sans doute moins important que la communication qui accompagnera l’annonce de cette décision, à partir de laquelle se forgeront, notamment, les anticipations sur sa politique à venir.

En décembre 2015, la FED avait assorti le premier relèvement de 25 points de base des Fed Funds d’une projection de quatre hausses supplémentaires en 2016 puis à nouveau en 2017. Sa stratégie était à l’époque encore largement imprégnée de l’approche « taylorienne » qui a présidé à la gestion de la politique monétaire américaine ces trente dernières années, d’un cycle de remontée graduelle des taux assez fidèle à ceux passés, quand bien même plus timoré ; les taux directeurs étaient, ainsi, censés retrouver un niveau de 2,4 % d’ici fin 2017. Un an plus tard, cette stratégie semble largement en porte-à-faux. Non seulement la banque centrale américaine n’est pas parvenue à suivre la trajectoire qu’elle avait envisagée, mais les outils qui permettaient jusqu’alors de piloter ses décisions sont aujourd’hui largement inopérants…

Aller dans le sens du vent ou conserver le cap de la prudence ?

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La question se posera forcément à la FED le 14 décembre. La communication de la réserve fédérale, sa décision de passer à l’acte immédiatement ou de prendre un peu plus de temps, les projections (« dots ») qu’elle livrera aux marchés seront déterminées, dans une très large mesure, par la teneur des indicateurs économiques publiés d’ici le prochain FOMC. Dans un contexte marqué par un rare degré d’incertitude, nous inaugurons aujourd’hui un moniteur des indicateurs d’activité et d’inflation traditionnellement les plus influents sur la fonction de réaction de la FED, agrégés à hauteur de 50-50 en un indicateur synthétique oscillant dans une fourchette de -1 (défavorable à une hausse des taux) à +1 (favorable).

Très clairement positif après la publication des ventes de détail de mardi, notre indice synthétique a basculé en territoire négatif après les statistiques de production industrielle et les prix à la production publiées mercredi.

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TRUMP – l’effet papillon

C’est peu de dire que la réaction initiale des marchés financiers à la victoire de Donald J. Trump interroge. La tentation pourrait être grande de suivre le mouvement et d’accepter l’idée que l’élection du nouveau président des États-Unis a créé plus de peur qu’elle ne fera de mal ; que le pragmatisme prendra forcément le pas sur les provocations et que, in fine, seuls les éléments les plus favorables de son programme – baisse d’impôts et dépenses d’infrastructures – sont à retenir. Il y aurait cependant une certaine indécence à ne pas considérer le risque de complaisance à privilégier telle approche ; à faire fi, non seulement des dérives verbales de ces derniers mois, mais de ce qui figure noir sur blanc sur la plateforme électorale de l’ex-candidat et des risques de dérives que sa seule élection pourrait produire dans la société américaine et au-delà. Rien, sinon, une apparition publique de trois minutes au cours de laquelle l’heureux élu s’est effectivement montré digne de ses nouvelles responsabilités -comment pouvait-il en être autrement ?-, n’autorise une telle posture.

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Sauf à être capable de dire avec précision quelle a été, le cas échéant, la part de bluff du candidat durant sa campagne électorale, nous ne savons rien de ce que pourra signifier son élection sur le plan économique, financier ou diplomatique et géopolitique. Dans de telles conditions, l’aléa est sans pareil : Trump coup de bluff ou Trump pur jus, c’est bel et bien à ces deux hypothèses qu’il faut se préparer.

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Élections américaines – les 3 scénarios du 8 novembre

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Donald Trump. Un peu comme un rouleau compresseur, celui qui encore au printemps était presque unanimement considéré comme l’improbable candidat à la primaire républicaine a, depuis, passé avec brio toutes les étapes de la course à la Présidentielle, au point, de bénéficier aujourd’hui d’une probabilité élevée d’être élu Président des États-Unis mardi prochain. Son élection constituerait un scénario catastrophe à bien des égards.

Hillary Clinton. Présumée gagnante en début de course, notamment à partir du moment où son rival fut connu, la candidate démocrate a pour sa part subi les revers récurrents de ses déboires judiciaires et de l’image qu’elle porte en elle, celle de la continuité dont précisément une trop large proportion d’Américains ne veulent plus. Sa perte de vitesse au cours des derniers rounds vers l’élection, soulève de plus en plus sérieusement l’hypothèse d’un échec. Sa victoire constituerait un soulagement immédiat mais le caractère timoré de son programme soulèverait sans tarder des questions sur sa capacité à adresser les défis structurels qui se posent aujourd’hui à l’économie américaine.

Hillary Clinton, contestée. Dans le cas d’une victoire, largement plébiscitée en dehors des États-Unis, le scénario d’une avance insuffisamment confortable de la candidate démocrate pour prévenir une contestation des résultats par son rival dans un certain nombre d’États clés, comme ce dernier l’a déjà proféré dans l’hypothèse de son échec, est loin d’être négligeable. Le risque d’une issue différée de l’élection du 8 novembre, le temps nécessaire pour de nouveaux décomptes des votes semble relativement conséquent. En 2000, l’épopée du recomptage des voix de l’État de Floride avait pris fin le 12 décembre sur décision finale de la Cour suprême de couper court aux procédures de validation pour tenir les délais constitutionnels…

Rares ont été les élections passées au cours desquelles l’incertitude et, simultanément, les enjeux électoraux américains ont semblé aussi importants pour les États-Unis et le reste du monde. Quels pourraient être dans ces trois différents cas de figure les implications immédiates pour les marchés financiers internationaux ?

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La FED n’est pas entendue par les marchés

Les observateurs sont d’accord, les micro modifications apportées au communiqué de la FED après son comité des deux derniers jours, confirment sa volonté de relever le niveau de ses taux d’intérêt. Mise à part le changement de qualificatif sur l’évolution de la consommation, en « hausse modérée » plutôt qu’en « forte croissance », tous les changements apportés à sa rhétorique sont là pour rouvrir la porte d’une possible action en décembre, parmi lesquels :

  • le retrait de la proposition relative à la persistance d’anticipations d’une inflation faible à court terme
  • et le remplacement de « davantage » (further) par « certains » (some) au sujet des éléments nécessaires à son passage à l’acte.

La Fed prépare ainsi le terrain pour une éventuelle remontée de ses taux lors de sa prochaine réunion, sous réserve, toutefois, que les développements sur le front de la croissance, de l’inflation et des marchés financiers l’autorisent. Avec cette dernière condition, elle conserve encore une fois toute latitude, ce qui dans le contexte actuel de regain d’instabilité sur les marchés financiers internationaux laisse encore beaucoup d’incertitude sur ce qu’elle fera ou non le 14 décembre.

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Les marchés ne s’y sont pas trompés, qui ne semblent avoir vu dans ce communiqué aucune garantie d’un passage à l’acte. Il est intéressant à ce titre de revenir sur leur réaction au communiqué d’octobre l’an dernier pour prendre la mesure de ce qui ressemble bien à une sorte de capitulation, en dépit de la remontée récente des taux futures.

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Mieux vaut dans un tel contexte patienter pour voir les réactions aux résultats des élections de la semaine prochaine, la tournure économique et celle des marchés boursiers, avant de parier sur une remontée effective des Fed Funds le 14 décembre prochain