Le grand embarras de la FED, le bonheur du Dow Jones et celui des cours de l’or

Comment la FED va-t-elle se sortir de l’ornière dans laquelle elle se trouve ? Le risque d’un changement impromptu de sa politique dès demain est assez faible, sa communication récente n’ayant donné aucun signal avant-coureur d’un tel revirement depuis la publication des minutes du comité du mois de décembre dans lesquelles elle était apparue des plus réservées quant aux perspectives américaines. Pour autant, indicateurs économiques et inflation auraient de quoi l’inciter à un modifier son approche. Lire la suite…

Yellen jette de l’huile sur le feu des marchés obligataires

Le diable est toujours dans le détail, surtout lorsqu’il s’agit des banques centrales.

Si, sur le papier, les prévisions de croissance et d’inflation de la FED sont très peu modifiées, reflet d’une volonté de ne pas prendre pour argent comptant les promesses d’un programme de D. Trump encore largement incertain, Janet Yellen s’est, toutefois, incontestablement montrée confiante, sans doute trop confiante pour que la révision à la hausse, même modique, de ses prévisions monétaires passent inaperçues.

La question ici n’est pas celle du relèvement largement attendu, d’un quart de point de son objectif de Fed funds, à 0,50%-0,75%, mais bien celle du changement apporté aux prévisions des membres du board qui intègrent dorénavant 3 hausses supplémentaires des taux directeurs d’ici fin 2017 plutôt que deux jusqu’alors.

Pour que les répercussions de ce changement soient étouffées, sans doute aurait-il fallu, en effet, non pas seulement un scénario de croissance et d’inflation très conservateur, mais également une Présidente plus réservée qu’elle ne l’a été. Or, si Janet Yellen est apparue très hésitante sur les perspectives de l’économie américaine, elle a toutefois clairement donné l’impression d’être moins inquiète que ces derniers temps et peu ouverte à l’idée de laisser filer l’inflation au-dessus de son objectif de 2%.

Le résultat ne s’est donc pas fait attendre. A l’opposé de ce que nous avions envisagé et présenté plus tôt dans la journée :

  • les taux des emprunts d’Etat se sont sensiblement tendus sur l’ensemble des échéances, les taux à 10 ans gagnant 10 points de base, à 2,57%, malgré un aplatissement de la courbe des taux 2-10 ans ;
  • le dollar s’est envolé, propulsé au-delà de 117 yen et à quasiment 0,95 euro ;
  • enfin, les cours du pétrole ont flanché de plus de 4%, signe de la perception d’une FED en position de réel durcissement de sa politique monétaire.

En d’autres termes, qu’elle le veuille ou non, la FED a mis un peu plus d’huile sur le feu des marchés obligataires, plutôt que l’inverse. Cette stratégie est périlleuse, à plus d’un titre :

  1. elle risque de créer les conditions d’une montée trop violente des taux longs, au moment où les données d’inflation vont être tirées à la hausse par les effets de base pétroliers ;
  2. elle risque d’alimenter une montée des anticipations de fin de cycle aux conséquences potentiellement dommageables pour les marchés financiers ;
  3. elle avale le scénario vertueux d’une reflation progressive de l’économie américaine.

Que peut-il se passer maintenant ? A chaud, nous sommes tentés de dire, de deux choses l’une :

  • soit les données économiques poursuivent sur la voie de l’embellie de ces dernières semaines et le risque d’une envolée des taux longs s’en verra nettement accru, les taux à dix ans pouvant s’approcher sans tarder des 3 % ;
  • soit les données économiques se détériorent suffisamment pour éteindre les braises attisées par le FOMC, ce qui tendra à conclure que la FED a commis une erreur de casting, aux conséquences à ce stade assez largement imprévisibles.

La messe est donc loin d’être dite et l’on peut raisonnablement craindre d’une telle situation un retour de volatilité sur les marchés boursiers.

La chute du dollar reprend de plus belle : pourquoi, jusqu’où ?

La tendance baissière du cours du dollar s’est accélérée ces derniers jours, poussant en particulier sa parité contre l’euro et le yen vers des niveaux qui n’avaient pas été enregistrés depuis la fin de l’année 2014, à ponctuellement 0,86 euros et moins de 106 yens dans la journée d’hier. Ajoutée au mouvement de dépréciation à l’égard des devises émergentes de ces dernières semaines, c’est un repli de plus de 5 % qu’affiche le taux de change effectif du billet vert au cours des trois derniers mois, soit sa plus forte baisse depuis 2009. Comment comprendre ces tendances et jusqu’où risquent-elles d’aller ? Lire la suite…

Minutes du FOMC- Les certitudes de la Fed, ébranlées

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On imaginait Janet Yellen avoir été potentiellement plus « dovish » que bien d’autres membres du comité de politique monétaire, après le FOMC des 15 et 16 mars, tel est loin d’être le cas. Manifestement, les tendances économiques de l’économie américaine et la tournure de la conjoncture économique et financière internationale depuis le début de l’année ont refroidi les plus convaincus de la nécessité de relever les niveaux des taux d’intérêt. Les minutes publiées aujourd’hui témoignent, en effet, d’une grande méfiance à l’égard de la situation en présence. Sauf la satisfaction réitérée à l’égard des progrès observés sur le front du marché de l’emploi, les analyses de la Fed témoignent d’un rare scepticisme sur les différents secteurs ou agrégats économiques quels qu’ils soient : faible croissance de la consommation, ralentissement immobilier, déceptions sur le front de l’investissement productif et, surtout, faible espoir de voir les tendances s’améliorer, conclusion vraisemblablement suggérée par la chute des profits des sociétés observée ces derniers mois ; sans parler des inquiétudes relatives aux risques financiers et économiques externes…

Au, total, l’analyse de la Fed n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’elle était il y a peu et l’on comprend mieux pourquoi ses prévisions de hausses des taux d’intérêt ont été divisées par deux entre décembre et mars.