L’humeur du Vendredi 7 février

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L’asymétrie de gestion des risques par la BCE

Que la BCE ait une gestion asymétrique des risques liés à l’évolution des prix n’est pas véritablement un scoop et si certains pouvaient encore en douter, la démonstration d’hier ne laisse plus de place au doute. Mario Draghi ne constate pas de déflation et justifie ainsi de ne rien modifier à sa politique. Il faudra donc attendre d’être certain que la zone euro soit prise à la trappe avant d’envisager un déploiement de l’artillerie que Mario Draghi nous promet détenir. Cela tranche assurément avec sa politique de prévention… contre le risque d’inflation. Rassurons-nous toutefois, la BCE publiera dès le mois de mars ses prévisions d’inflation à horizon 2016 et s’il s’avère que celles-ci aboutissent à un scénario préoccupant, alors elle fera ce qu’il se doit… Résultat, les spéculations sur les prévisions du mois de mars vont bon train et pourtant, qui peut être dupe au point de croire que le propre scénario de la BCE la conduise à invalider sa position du mois de février ?

La BCE, c’est presque certain, ne changera pas sa politique de sitôt. Dans notre scénario, aucune baisse des taux directeurs n’apparaît avant la fin de cette année, mais seulement courant 2015.

Zoom sur les données de la semaine

– Les commandes à l’industrie

– L’emploi américain

– La production industrielle brésilienne

Moniteur de l’inflation mondiale

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La chute de l’or acte la montée du risque déflationniste

Les déceptions conjoncturelles de ces derniers temps ont modifié la perception du risque inflationniste. Depuis le début du mois de mars, les anticipations d’inflation à dix ans du marché obligataire américain ont enregistré un repli de 30 points de base, le plus important depuis un an. Dans le même temps, le décrochage des cours de l’or est venu valider un scepticisme croissant à l’égard des politiques de reflation des banques centrales. Les tendances en place à l’échelle mondiale ne suggèrent pas de retournement rapide de ce sentiment :

  • Avec des taux d’inflation nettement inférieurs à 2 % et en repli, les pays industrialisés se rapprochent pour la plupart de la zone de risque déflationniste. Le haut niveau de taux de chômage et le faible degré de sollicitation des capacités ont des effets dépressifs notables sur la croissance des salaires et des prix à la production, que la détente des coûts énergétiques accentue. 
  • L’accélération de l’inflation observée dans un nombre croissant de pays émergents concerne des économies à faible influence internationale : l’Inde, la Russie, le Brésil ou l’Argentine principalement. Les exportateurs de produits manufacturés d’Asie conservent de bas niveaux d’inflation, beaucoup plus proches des standards des pays avancés. 

Ces tendances ont donc tout lieu d’encourager une accentuation de la détente monétaire au niveau mondial.

Tenkan !

« Tenkan : terme utilisé dans plusieurs arts martiaux pour désigner un mouvement rapide de pivotement du corps à 180 degrés et repris, par analogie, par Jacques Gravereau, économiste et spécialiste de l’Asie, pour illustrer la capacité de la population japonaise à effectuer des volte-face collectifs de manière flexible et vigoureuse ».

L’histoire dira si le changement de cap effectué par les autorités japonaises ces derniers mois est à ranger du côté de ces exploits ou non. Mais l’épisode japonais constitue déjà un fait marquant de la crise que traverse le monde développé.

Nous publions à titre exceptionnel deux papiers sur le sujet. Le premier est une courte mise en perspective de l’épisode de déflation de l’économie japonaise destinée à mieux comprendre les raisons à l’origine de la complaisance nippone à l’égard de ce fléau et celles imposant aujourd’hui l’adoption d’une nouvelle voie. Télécharger le 1er article

Le second est une contribution de Frank Benzimra, spécialiste de l’économie japonaise et des marchés financiers basé en Asie depuis une dizaine d’année, qui nous fait l’honneur de partager ses réflexions sur le sujet. Dans ce texte, l’auteur revient dans un premier temps sur les raisons qui ont permis au Japon de traverser sans chaos quinze années d’une situation extrême en matière d’endettement public. En deuxième partie, il traite du caractère innovant de la nouvelle politique de M. Abe. Enfin, Frank Benzimra nous propose trois scénarios possibles sur l’issue de ce changement radical de gestion de la politique économique et trois stratégies d’investissement associées. Nous publions à titre exceptionnel cette contribution en anglais. Télécharger l’article de Frank Benzimra.