Bataille des changes, troisième round : le grand retour de la Fed

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Certains attendaient du G20 une concertation des grands argentiers pour sauver l’économie mondiale de la mauvaise passe qu’elle traverse, pensant que les décisions de la BCE puis de la Fed au cours des semaines qui suivirent pouvaient, même, avoir été pensées en ce sens. L’illusion n’aura que peu duré, ce qui pouvait en subsister finissant par être balayé par les minutes du dernier FOMC publiées cette semaine. De ces dernières, il ressort clairement, en effet, que le changement de stratégie opéré par la Fed (voir à ce sujet « les certitudes de la Fed, ébranlées ») a certainement beaucoup plus à voir avec la montée de ses inquiétudes sur l’économie américaine qu’avec un quelconque souci de bienveillance à l’égard du reste du monde. En d’autres termes la Fed revient à l’offensive, dissimulant mal son objectif premier : faire refluer le dollar. De fait le billet vert a déjà bien décroché. Avec un repli de 3,2 % au mois de mars, il affiche sa plus forte baisse depuis fin 2010. Amorcé depuis le début de l’année, le mouvement n’est sans doute pas terminé si, comme le laisse entendre la Fed, l’heure n’est plus à envisager de relever le niveau de ses taux directeurs.

taux de changes

La bataille des changes est donc relancée, au grand dam des grands exportateurs du reste du monde : Japon, Corée, Allemagne, en particulier. La BOJ et la BCE auront-elles le pouvoir de contrer le mouvement d’appréciation de leurs devises respectives ? Comment cette bataille rangée peut-elle évoluer et quelles peuvent être ses implications sur les grandes économies développées et émergentes ? Difficile de le dire. C’est pourtant sur ce terrain que semble devoir se jouer la prochaine partie économique mondiale.

Sommaire :

  • Les banques centrales à couteaux tirés
  • Du scénario du gagnant-gagnant…
  • … Au scénario du tous-perdants

UEM – Le surcroît de marges à l’exportation confisqué

Faiblesse des ventes au détail, hausse des stocks, contraction des prix à la production et Beige Book très mitigé continuent à mordre sur les anticipations de hausse des taux de la Fed dont le report récurrent finit par évacuer toute probabilité d’un passage à l’acte à horizon prévisible.

Conséquence, les taux à terme américains ont significativement reflué, ne dépassant pas 0,55 % pour les taux à deux ans -au lieu de 0,82 % le 16 septembre- et 1,97 % pour les taux à dix ans, soit leur plus niveau depuis la fin avril.

Taux US

Autre signe de ce changement d’anticipations, le dollar s’affaisse dorénavant contre la plupart des devises, un mouvement qui a propulsé l’euro à 1,15USD dans la journée d’hier, soit une appréciation de 1,7% au cours des sept derniers jours. Si la monnaie unique semble encore faible, toujours inférieure de 10 % à son niveau d’un an auparavant, ce mouvement est toutefois loin d’être anodin.

EURUSD

À ce rythme, les bénéfices retirés de la baisse de la monnaie unique fondent comme neige au soleil, en effet. Ainsi, à supposer que l’euro conserve son taux de change présent contre le billet vert, le surcroît de marges à l’exportation procuré par sa baisse de la fin de l’année dernière refluerait de près de 5 % au printemps à potentiellement moins de 1 % d’ici la fin de l’année.

UEM marges export

Alors que la chute de l’euro n’a pas eu d’effet positif majeur sur l’activité exportatrice des entreprises européennes, le gonflement des marges à l’exportation a, lui, permis d’atténuer les pressions déflationnistes à l’œuvre dans le milieu concurrentiel, bénéficiant indirectement aux perspectives d’investissement et d’emploi de la zone euro. Ce sont ces facteurs de soutien que vient confisquer l’évacuation du scénario de hausse des taux de la Fed et l’affaiblissement renouvelé du billet vert qui, selon notre scénario central, devrait conduire à une remontée de l’euro jusque dans une fourchette de 1,18-1,22USD dans les mois à venir.

Dévaluation du yuan, un sérieux rappel à l’ordre

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Nous l’avons maintes fois souligné, le degré de surévaluation du yuan était intenable et appellerait tôt ou tard un ajustement. Mais l’économie chinoise ne s’en tirera pas avec une dévaluation symbolique, de 1,9 % hier et 0,1 % au fixing d’aujourd’hui. Les autorités iront sans doute beaucoup plus loin, en effet, la question étant davantage de savoir à quel rythme elles procéderont à cet ajustement, car de celui-ci dépendra l’onde de choc que subira le reste du monde.

La décision chinoise est un sérieux rappel à l’ordre sur la réalité de la situation économique internationale, à savoir une situation d’une extrême précarité, toujours sujette à un risque déflationniste latent. Sa résonance sur les marchés mondiaux de capitaux n’a donc rien de surprenant et renforce notre conviction sur les dangers que prendrait la Fed à ignorer ces multiples symptômes de fragilité.

Au pays du Soleil-Levant, M. Abe peut-il encore faire la pluie et le beau temps ?

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Deux ans et demi après son arrivée à la tête du pays, le Premier Ministre japonais Shinzo Abe a usé une bonne partie des flèches prévues à son arc. Les résultats ne sont pourtant guère au rendez-vous : après un sursaut de croissance du premier trimestre, les données publiées ces derniers jours décrivent une fragilité persistante de la situation économique, tandis qu’une fois dépassé l’effet de la hausse des taxes de l’an dernier, l’inflation retombe lourdement en avril. Or, les réformes structurelles sur lesquelles repose l’intégralité de la confiance restaurée dans ce pays auront du mal à porter leurs fruits sans un retour durable de la croissance de l’inflation. M. Abe a-t-il dès lors d’autres moyens que la fuite en avant pour tenter de parvenir à ses fins et éviter de décevoir le haut niveau d’attentes des marchés ?

Nikkei

Chute de l’euro… La Fed y mettra-t-elle un coup d’arrêt cette semaine ?

La frontière est souvent floue entre ce qui fait de phénomènes correctifs de marchés une bonne ou une mauvaise nouvelle. La baisse de l’euro est-elle en train de franchir ce seuil ? Considérée dans un premier temps comme une correction bienvenue, la chute de la devise européenne suscite aujourd’hui plus d’inquiétudes que de satisfactions à travers le monde. Quels sont les principaux risques qu’elle colporte et qui pourraient justifier un coup d’arrêt de la Fed ?

Euro et prix imports Lire la suite…

À vos amarres, les prochains sur la liste sont l’Australie, le Royaume-Uni, la Pologne et plus…

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Dans le sillage de la chute des cours du pétrole, l’écrasement généralisé des taux d’inflation, à partir de niveaux déjà bas, sème la pagaille du côté des banques centrales. Depuis le début du mois de janvier, pas une des réunions régulières de leur comité respectif n’a pas donné lieu à une surprise ou à l’expression d’une rare indécision sur l’orientation monétaire à venir. La valse des taux de changes qui s’ensuit n’est pas propre à calmer le jeu. Les plus inquiets dégainent pour se prémunir contre une appréciation de leur devise susceptible d’accentuer le risque de déflation ; les moins prompts à changer leur fusil d’épaule mettent de l’eau dans leur vin… L’ensemble fait tache d’huile, se soldant, par un repli généralisé des taux d’intérêt et une rare instabilité sur les marchés des changes internationaux.

Dans un tel contexte, mieux vaut ne pas rater une réunion de comité monétaire, aussi lointaine soit-elle. La semaine prochaine six de celles-ci se tiendront : en Inde et en Australie, mardi, l’Inde ayant toutefois déjà procédé à une baisse surprise de ses taux directeurs par avance le 15 janvier, en Islande et en Pologne, mercredi, en Angleterre et en République Tchèque, jeudi….

Après l’heure, est-ce encore l’heure ?

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« Il n’est jamais trop tard pour bien faire », ce dicton s’applique-t-il à la BCE ? En initiant début 2015 ce qu’elle aurait dû faire dès 2010 ou, au moins, en 2012, la Banque centrale européenne pourrait prendre plus de risques qu’il n’y paraît.
Le contexte a en effet bien changé depuis deux ans, en tout premier lieu en matière d’environnement de prix. Alors que la déflation menace aujourd’hui une très large proportion des pays de la planète, la baisse précipitée de l’euro pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur les marchés des changes internationaux et se révéler, par ricochet, beaucoup moins avantageuse qu’attendu. On aurait tort, alors, de considérer qu’une action dont la tournure se rapproche de plus en plus de celle de la Fed aura les mêmes effets salvateurs.

Quel message nous renvoient les marchés obligataires ?

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Quel message nous renvoient les marchés obligataires ?

Depuis le début du tapering de la Fed en janvier, les taux de rendement des T-bonds américains à 10 ans ont baissé de 25 points de base, les taux espagnols de même échéance ont reflué de près de 80 pb, ceux de l’Italie de 65 pb et ceux de l’Allemagne de 30 pb. Même la mauvaise surprise du dernier FOMC de mercredi n’a eu qu’un effet marginal sur les taux à 10 ans américains qui ont terminé la journée d’hier à 2,77 %, soit le même niveau qu’une dizaine de jours auparavant. 

L’ensemble est bien éloigné du schéma généralement anticipé des conséquences du changement de politique de la Reserve Fédérale américaine dont le consensus attendait qu’il provoque une remontée significative des taux longs dans le monde occidental. Comment expliquer que tel ne soit pas le cas et quel message en retenir ?

Chine : recherche croissance désespérément

Quel est le degré de détérioration du contexte économique chinois pour que les autorités s’affairent à ce point ces dernières semaines ? 

Depuis la mi-janvier, la banque populaire de Chine a orchestré une chute de 3 % du yuan. Nos soupçons d’une rupture de politique de changes se trouvent donc renforcés (voir à ce sujet : « Revirement chinois ?», 28 février) et s’il s’agissait d’introduire de la volatilité pour décourager les flux de capitaux entrants, voilà qui est fait. Le mouvement pourrait ne pas s’arrêter là car la Chine semble bel et bien aux abois, face à une difficulté majeure : assainir son économie des excès de dette privée tout en préservant sa croissance. La partie n’est pas gagnée et, force est de constater, que l’objectif d’une croissance du PIB de 7,5 % cette année est de moins en moins crédible.