À ce point de décrépitude et face à la soif de changement qu’expriment les oppositions grandissantes, de deux choses l’une : soit l’Europe est capable de surmonter ses différends et de retrouver la voie de l’audace par laquelle elle pourra redonner un espoir commun à ses populations, soit les scénarii du pire ne manqueront pas de se profiler à un terme plus ou moins rapproché. Force est de reconnaître, que les chances que le scrutin de cette semaine ouvre les portes à la première de ces options sont assurément faibles. Sauf un électrochoc salvateur que pourraient provoquer les résultats mêmes des élections ou l’amplification des menaces extérieures, la probabilité que l’Europe se disloque un peu plus dans les années à venir risque de s’en trouver fortement accrue. Les voies d’un délitement européen sont toutefois à peu près aussi complexes que celles du fonctionnement de l’UE et les scénarii en la matière assez sensiblement différents selon les cas. Comment les choses pourraient-elles tourner ?
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Comme un air de printemps sur les bourses européennes
Le moral des investisseurs tient bon, assurément mieux qu’anticipé et que ce qu’inspire, à première vue, le contexte économique ou politique régional. Au fil du rebond amorcé sur les marchés boursiers depuis le début de l’année se profilent de nouvelles configurations susceptibles de porter les indices plus largement dans un futur immédiat. Quoi qu’il en soit de notre analyse à plus long terme, la probabilité que l’Eurostoxx se rapproche de la zone de 3500 points à brève échéance, s’est incontestablement accrue ces derniers temps.
Brexit stress
L’incertitude franchit un nouveau sommet après le report du vote sur l’accord de Brexit par Theresa May.
Nul ne pouvant plus imaginer que les responsables britanniques assument la folle décision de lancer leur pays dans le néant d’un Brexit sans accord préalable avec l’UE, l’espoir, aussi mince était-il, que Theresa May arrache une majorité au Parlement subsistait tant que le vote prévu demain était maintenu. Voilà qui n’est plus. En annonçant, après une immense confusion depuis le début du week-end, le report de ce vote, la 1ère Ministre Theresa May, a réveillé le spectre d’un impossible compromis, réouvrant par là-même toutes les options. L’économie britannique déjà fort mal en point n’en sortira assurément pas consolidée.
Plus indigeste que prévu, la hausse de l’euro plombe l’inflation en zone euro
Intervenue dans un contexte de reprise de l’activité et de net regain de confiance sur les perspectives de croissance, la hausse de l’euro enregistrée depuis le début de l’année n’a pas été considérée comme un élément particulièrement préoccupant par les économistes jusqu’alors. Inférieur à 1,20 USD depuis le milieu de l’été, le cours de la monnaie unique est, en effet, très inférieur à ce qu’il a pu être dans le passé à l’égard de la devise américaine, en même temps que plus conforme à sa parité de pouvoir d’achat. Les données de ces derniers temps illustrent, pourtant, un effet assurément marqué de l’appréciation de la devise européenne sur les marges des entreprises et les prix à l’importation, avec pour résultat un reflux du taux d’inflation sous-jacente en zone euro assez contrariant à ce stade du cycle de reprise. De quoi, mieux comprendre, peut-être, les déceptions boursières de ces derniers mois.
Le dépeçage de l’économie britannique débute ; effrayantes perspectives
Les conséquences du référendum du 23 juin 2016 s’accélèrent outre-Manche, dressant d’ores et déjà un tableau redoutable de ce qui pourrait advenir, à terme, de l’économie britannique si la raison ne reprend pas sans tarder le dessus à la table des négociations. À quelques quinze mois de la sortie programmée du Royaume-Uni de l’UE, l’incapacité à régler les questions préalables à l’ouverture des discussions sur l’accord commercial censé régir les relations futures entre le Royaume-Uni et l’UE, accroît de jour en jour l’éventualité d’un « hard Brexit », avec à la clé un chaos économique et financier aux ondes de choc difficilement prévisibles d’un côté comme de l’autre de la Manche.
Une telle issue n’est assurément pas celle que les partisans d’un Brexit ont vendue aux électeurs lors de la campagne du référendum. Ainsi, sauf à ce que les conditions dans lesquelles se déroulent les négociations n’aiguisent davantage le ressenti à l’égard des Européens, de telles perspectives sont susceptibles d’alimenter les doutes croissants des Britanniques sur la justesse de leur choix de 2016. Une nouvelle consultation pourrait dès lors voir le jour et éventuellement conduire à refermer ce délicat dossier, sans suite ; scénario que nous envisageons comme assez vraisemblable depuis l’échec de Theresa May aux élections anticipée du 8 juin dernier. En attendant et, surtout, en l’absence de pouvoir parier que telle sera bien la fin de cette épopée, les prochains mois ont tout lieu d’être ceux d’une escalade des menaces que ce divorce annoncé fait planer en Europe.
Mme Merkel tombe, l’Allemagne devient ingouvernable, l’Europe orpheline
Les réactions des marchés à l’échec de Mme Merkel à former une coalition semblent bien modérées au regard de ce que nous renvoie la situation en présence.
Que l’on soit ou non un fervent partisan de la gestion de Mme Merkel importe peu en comparaison de ce que la Chancelière incarne dans le paysage politique allemand : à savoir la seule candidate à même de réunir des partis politiques, comme partout, déchirés, et incapables de mener à bien une coalition solide sans laquelle l’Allemagne risque de se révéler ingouvernable. L’échec de Mme Merkel est donc synonyme d’instabilité probablement durable. Ni la perspective d’un gouvernement minoritaire ni celle de nouvelles élections que pourrait décider le Président de la république ne préfigurent, en effet, un possible retour au calme sous peu.
L’Allemagne n’est donc pas épargnée par le rouleau compresseur qui, ces dernières années, broie les politiques les uns après les autres laissant grandes ouvertes les portes aux extrêmes. Mais précisément parce qu’il s’agit de l’Allemagne, sans la volonté de laquelle le projet européen est voué à faire, au mieux, du sur-place, cette crise est plus préoccupante encore. L’Europe n’a pas le luxe du temps face à la crise économique en présence et à l’euroscepticisme rampant que cette dernière engendre. Elle n’a pas davantage de temps pour gérer les dossiers les plus chauds de son agenda, au premier rang duquel, le dossier Brexit.
Que les marchés financiers ne s’en émeuvent pas plus que cela aujourd’hui ne doit pas nous leurrer : l’échec des négociations de Mme Merkel a fait franchir à l’Europe un pas de plus vers l’inconnue de son destin car il n’existe pas de frontière entre la crise politique outre Rhin et ses ramifications européennes.
Le taux de change, cheval de bataille de la BCE. Une fuite en avant, bien que compréhensible
Lorsqu’en septembre dernier, Mario Draghi a mentionné l’évolution du taux de change de l’euro comme une des variables susceptibles d’influencer le cours de la politique monétaire de la BCE au même titre que l’inflation et la croissance, rares sont les économistes ayant pris cette annonce pour argent comptant. L’envolée de la monnaie unique depuis le printemps et les risques évidents de poursuite de cette tendance en cas de virage moins accommodant de la politique monétaire européenne, justifiaient une certaine prudence et rendaient acceptable une entorse à la règle jusqu’alors établie d’absence de responsabilité de la BCE à l’égard du taux de change. Sept semaines plus tard les préoccupations sur ce sujet semblaient être retombées. Non seulement, les économies de la zone euro, fortes de très bons résultats économiques, paraissaient s’être accommodées de la hausse de la monnaie unique, mais la FED avait clarifié sa stratégie, laquelle était en mesure de réduire le risque d’appréciation additionnelle de la monnaie européenne. La BCE pourrait dès lors, en théorie, se délester de cette contrainte et s’engager de manière plus décisive sur la voie de normalisation progressive de sa politique.
Flegme britannique grandeur nature… mais bientôt mis à l’épreuve
Bluffés par la bonne résistance de l’économie britannique au vote du 23 juin et convaincus que le processus de sortie de l’UE prendra des années avant de se concrétiser, les observateurs n’ont guère réagi à la victoire de T. May à la Chambre des Communes et à la perspective d’un enclenchement effectif de plus en plus vraisemblable de l’article 50 d’ici fin mars. La livre Sterling s’est d’ailleurs légèrement raffermie ces derniers jours, laissant envisager que le pire puisse être dépassé pour la devise britannique. Lire la suite…