La détérioration des perspectives d’investissement s’accélère à l’échelle mondiale

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Portés par les nouvelles réconfortantes en provenance de Chine ou des États-Unis, les marchés ont assez largement ignoré la détérioration persistante des perspectives mondiales d’investissement que révèlent les derniers indicateurs. Le diagnostic est pourtant sans ambiguïté : l’investissement productif est en voie de contraction dans la plupart des grands pays industriels. On peut redouter plusieurs conséquences de ce constat :

  • Des déceptions sur le front de l’emploi,
  • Des effets d’entraînement à la baisse sur le front du commerce mondial
  • Une remise en cause des prévisions du consensus
  • Une correction boursière des valeurs du secteur dont la performance récente semble avoir largement sous-estimé les tendances en place.

Traité budgétaire européen : au-delà de la « règle d’or »

Curieux débat que celui sur le nouveau traité européen qui s’est focalisé sur la limite à 0,5 % de déficit structurel des finances publiques, en laissant totalement à l’écart la clause sur la baisse du taux d’endettement. Cette dernière, qui prévoit la réduction à 60 % du niveau des dettes publiques en vingt ans, a potentiellement pourtant, des implications bien plus contraignantes sur la gestion future des finances publiques. Identique pour tous les pays de la zone, quel que soit le niveau de dette initial, cette clause suppose des politiques incroyablement drastiques pour une large majorité d’économies. Au-delà du cas grec, extrême, elle supposerait que l’Italie, abaisse chaque année son niveau de dette de 3,3% de son PIB ; s’agissant de la France, l’effort serait équivalent à 1,5 % par an ; même l’Allemagne serait contrainte de trouver les moyens de réduire son taux d’endettement de plus d’un point par an… De quoi, assurément, laisser dubitatif.

Véronique Riches-Flores

Quand le policy-mix de la zone euro devient une arme de destruction massive

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Les statistiques de la semaine passée devraient avoir levé les derniers doutes sur la situation de la zone euro : les pays de l’Union monétaire sont bien, tous, en récession. Que le troisième trimestre soit in fine un peu moins mauvais que ne le suggéraient les enquêtes de cet été ne change pas la donne. Le rebond inexpliqué de la production automobile qui en est à l’origine, risque, en effet, de coûter cher en croissance au quatrième trimestre à en juger par l’extrême dégradation des carnets de commandes et les arrêts de production déjà programmés dans le secteur pour le mois de novembre.

L’Allemagne n’est aujourd’hui pas mieux lotie que ses partenaires : qu’il s’agisse des enquêtes PMI ou de celles de l’IFO, le diagnostic est bel et bien celui de son entrée imminente en récession (voir à ce sujet « Récession nul n’y échappe, pas même l’Allemagne » du 7 juillet 2012). Les effets en retour sur le reste de la région ne tarderont pas à se faire sentir.

On aurait certainement préféré avoir tort sur ce point, tant la perspective d’une récession, dont tout laisse penser, qu’elle ne sera pas accompagnée des mesures de politique économique nécessaires pour en amortir les effets, est à la fois inédite et immensément inquiétante. 

Economie américaine : le compte n’y est, toujours, pas

  • Dans un environnement marqué depuis des mois par une montée des inquiétudes les plus graves, la tendance à faire la part belle aux bonnes surprises est assez légitime. Reste aux économistes la tâche ingrate de rappeler à la juste raison. L’économie américaine a délivré des signes encourageants ces derniers mois : reprise immobilière, remontée de la confiance des ménages et, enfin, de bonnes nouvelles sur le front du chômage ces derniers jours. Elle n’en est pas, pour autant, sortie du bois :
  • Le taux de chômage est revenu sur ses plus bas niveaux depuis 2008. Plus préoccupant est toutefois le constat que l’emploi privé n’a toujours pas retrouvé son niveau de 2001. À ce titre, l’économie américaine n’a donc pas fait mieux que l’économie française depuis onze ans !
  • La reprise immobilière est en marche, c’est incontestable et tout laisse penser que cette amélioration se prolongera. Les ressorts de la demande restent toutefois très endommagés par la détérioration du contexte économique de ces dernières années et la capacité du secteur à entraîner le reste de l’économie est sérieusement érodée.
  • Les profits des sociétés américaines se situent à un niveau historiquement élevé. La décélération des gains de productivité a néanmoins sensiblement ralenti la croissance des bénéfices ces derniers trimestres de sorte que les développements sur le front de l’investissement productif sont, en tout état de cause, très décevants. 
  • Enfin, s’il est entendu que le pragmatisme américain devrait permettre de repousser les échéances en matière de rééquilibrage budgétaire, limitant de la sorte le risque conjoncturel associé au « fiscal cliff », il n’en reste pas moins que l’état des finances publiques américaines est alarmant et que les négociations à venir viendront mettre l’accent sur un des points les plus préoccupants de la situation du pays.

L’ensemble n’incite guère à la confiance aveugle qui semble à nouveau tenter de nombreux esprits. Les ressorts structurels de la croissance américaine ont été largement entamés par la crise. Il faudra assurément du temps avant que la première économie mondiale retrouve le chemin d’une croissance suffisamment solide pour évacuer les risques de nouvelles ruptures conjoncturelles et, davantage encore, pour qu’elle puisse jouer le rôle de locomotive susceptible de tracter le reste de l’économie mondiale. À 1,3 %, notre prévision de croissance pour l’année 2013, bien que nettement en-deçà du consensus (2 % en octobre), n’a pas de raison d’être modifiée.  Lire la suite…

Moniteur de la croissance mondiale : net ralentissement de l’activité d’ici la fin de l’année

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Les indicateurs d’activité internationaux n’augurent rien de bien rassurant pour les prochains mois. La stabilisation du climat de confiance des industriels durant le printemps n’a été qu’un feu de paille qui a laissé place depuis le début de l’été à une détérioration généralisée des perspectives, particulièrement marquée parmi les grands exportateurs de produits manufacturés. L’activité exportatrice des pays asiatiques, qui constitue un bon témoin des tendances globales de la demande, s’est nettement affaissée ces derniers mois. Simultanément la croissance du commerce entre la Chine, L’inde et le Brésil s’est brutalement interrompue. A la détérioration des flux des échanges de produits intermédiaires qui a marqué les mois passés, succède aujourd’hui un net repli de la demande de biens d’équipement, qui, au vu du repli généralisé des taux d’utilisation des capacités, a toutes les chances de se poursuivre à brève échéance. La demande de biens de consommation a moins souffert jusqu’à présent. Les ventes d’automobiles se sont légèrement raffermies parmi les BRICs, notamment sous l’effet d’un regain d’achats au Brésil et en Chine, et ont continué à bien se tenir aux États-Unis, ce qui a permis de compenser l’anémie du marché européen. Les indications sur le commerce de détail hors automobiles sont toutefois moins encourageantes, en particulier dans les pays du G7. La croissance des pays de l’OCDE devrait, au total, nettement ralentir d’ici la fin de l’année et celle des BRICs risque fort de suivre le mouvement.

Du bazooka de la BCE au missile de la Fed : un cocktail détonant pour les marchés obligataires

C’était prévisible, la détérioration des conditions économiques déclencherait un nouveau round de politiques anti-crise à travers le monde avant la fin de l’année. C’est chose faite, tout au moins sur le front monétaire. En l’absence de marges de manœuvre des gouvernements, les banques centrales ont frappé fort, largement plus fort que ce que l’on pouvait attendre en début d’été. Si le pas franchi par la BCE a particulièrement marqué les esprits, on aurait tort de considérer, qu’à l’inverse, la Fed n’a ni plus ni moins que prolongé ce qu’elle a toujours fait. La stratégie implicite de repentification de la courbe des taux d’intérêt mise en place par le FOMC du 13 septembre est en totale rupture avec celle privilégiée jusqu’à présent, qui consistait essentiellement à faire baisser le loyer de l’argent. Cette nouvelle orientation accroît les chances de parvenir à stimuler, à la fois, l’offre et la demande de crédit. Elle est donc incontestablement bienvenue. Mais, ne nous y trompons pas : la politique de Ben Bernanke est une bombe à retardement inflationniste dont les effets ne tarderont pas à se manifester dès lors qu’elle portera ses fruits, c’est-à-dire, dès lors qu’elle aura rétabli les mécanismes de circulation monétaire. Or, la Fed n’a plus la main sur la partie longue de la courbe des taux… La bulle obligataire peut donc maintenant se dégonfler.

Un pas historique pour l’Union Monétaire.

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Les annonces de Mario Draghi constituent un changement radical dans la gestion de la crise souveraine européenne qui évacue le risque systémique engendré par la détérioration de la situation macro-économique. Les marchés apprécieront.

La BCE éradique le risque systémique qui prévalait ces derniers mois

En se posant en prêteur en dernier ressort, la BCE a fait un pas de géant qui, s’il n’efface pas les incertitudes macro-économiques, évacue les risques majeurs qui, jusqu’à présent, y étaient associés. Les primes de risques nées de l’intensification de la crise de ces derniers mois, à savoir : la redénomination des dettes périphériques d’une part, celui de dislocation de la zone euro de l’autre, n’ont fondamentalement plus de raison d’être. Cela constitue incontestablement une totale rupture avec les deux années écoulées.