FED-BCE, le clash

C’est quasiment acquis, la BCE devrait assouplir sa politique monétaire sous une forme ou sous une autre la semaine prochaine. Ce changement interviendrait donc deux semaines avant que la Fed procède, à l’inverse, à une hausse de ses taux directeurs, la première depuis 2006, même si sur ce dernier point la messe pourrait ne pas être totalement dite. Après avoir mené des politiques extrêmes, les deux principales banques centrales s’apprêtent donc à braver l’inédit, à savoir l’adoption de trajectoires diamétralement opposées. De tels épisodes sont rarissimes, jamais observés depuis l’introduction de la monnaie unique et exceptionnels auparavant –se limitant à la période de l’unification allemande, lorsque la Bundesbank a procédé à un resserrement drastique de sa politique monétaire en plein cycle de baisse de ses taux directeurs de la Fed.

Les conséquences d’une telle configuration dans les conditions présentes d’extrême instabilité économique et financière internationale, sur fond de très faible croissance mondiale, sont assez largement imprévisibles. Plus question, en effet, de considérer au cas par cas l’impact de la décision de la BCE sur la situation en zone euro ou de celle de la Fed sur l’économie américaine ; les enchaînements et les risques associés à cette configuration sont incontestablement globaux. Lire la suite…

La croissance allemande ne paie pas

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L’économie allemande, c’est évident, va bien. Malgré le ralentissement de sa croissance au troisième trimestre, les indicateurs du climat des affaires permettent d’envisager la fin de l’année sur une note sereine en dépit de la détérioration du contexte international et des répercussions de l’affaire Volkswagen. À l’origine de cette résistance, deux soutiens : l’embellie de la conjoncture régionale, dont l’Allemagne retire quelques bénéfices mais, surtout, l’amélioration de sa situation domestique de plus en plus influente sur la croissance nationale.

Les effets de cette bonne santé se font malgré tout attendre : l’Allemagne n’est pas la locomotive escomptée à l’égard du reste de la zone euro et sa performance boursière n’est guère plus favorable que celle de ses partenaires. Après une longue période de sous performance amorcée au printemps, le ressaisissement du DAX depuis le mois d’octobre est loin d’avoir été spectaculaire, l’indice allemand affichant toujours un repli de 13 % par rapport à son point haut annuel du 10 avril, à comparer à un retrait de 10 % de l’EUROSTOXX et de 7 % pour le CAC 40 sur la même période. Comment expliquer ces déceptions et que suggèrent-elles pour les prochains mois ?

Regain de volatilité en vue des anticipations d’inflation

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L’environnement inflationniste se complexifie. Malgré le déclin persistant du taux d’inflation mondial, toujours largement influencé par le repli des cours du pétrole, les distorsions de prix s’accentuent. Alors que les pressions déflationnistes sont toujours assez largement à l’œuvre dans l’industrie, des poches d’accélération à la hausse des prix sont apparues récemment dans certaines catégories d’activités domestiques de plusieurs économies influentes.

Si le risque d’un dérapage incontrôlé de l’inflation reste assurément faible, ces évolutions pourraient suffire à instiller un changement de sentiment des marchés sur les sous-jacents inflationnistes. Au moment où se préparent de grandes manœuvres monétaires et où les effets de base liés à la chute des prix du pétrole sont amenés à se tarir, le risque d’un regain de tensions sur les anticipations d’inflation et, de facto, les marchés de taux n’est probablement pas négligeable…

Le 28 octobre, la Fed faisait encore tourner ses modèles

Intéressante, l’introduction des minutes du dernier FOMC de la Fed sur la redécouverte des taux d’intérêt réels d’équilibre comme possible instrument de pilotage de la politique monétaire. Dommage que ces travaux ne nous disent pas quel taux réel (r*) est le plus approprié entre celui résultant de l’écart des taux directeurs à l’inflation totale et celui calculé sur la base de la seule inflation sous-jacente. Car il s’agit bien là de la principale question à l’origine de la complexité de la situation en présence. Les écarts d’inflation étant ce qu’ils sont selon que l’on intègre ou non les prix de l’énergie, la mesure des taux réels varie d’autant, soit de quasiment 2 % ! Sauf à faire plaisir aux économistes, ces travaux n’apportent donc pas encore de réponse sur la politique la plus appropriée à la conjoncture actuelle.

taux reels US

C’est bien cette indécision que retranscrivent les minutes du dernier FOMC publiées ce mercredi selon lesquelles la Fed se laissait encore toutes les portes ouvertes… y compris, mais pas seulement, celle d’une éventuelle hausse de ses taux d’intérêt dès le mois de décembre, en fonction des informations économiques publiées d’ici là.

En d’autres termes, au contraire de ce qu’ont intégré les marchés depuis deux semaines, le diagnostic de la Fed était loin d’être arrêté le 28 octobre. Les anticipations de ces derniers jours pourraient donc subir un léger contrecoup, laissant un peu plus de place au doute quant à un passage à l’acte effectif en décembre. Dans de telles conditions, les anticipations sur les taux futurs pourraient retomber quelque peu et le dollar être moins sollicité quand, simultanément, l’attention des marchés sur les publications économiques risque fort de monter d’un cran par rapport à ces derniers jours.

Quelles sont les motivations de M Draghi?

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Il n’aurait pas été très compliqué pour le Président de la BCE de se démarquer cette semaine de sa position, largement incomprise, sur la nécessité d’assouplir davantage la politique monétaire de la BCE. L’amélioration de l’inflation sous-jacente et la confirmation d’une meilleure tenue de la conjoncture domestique en zone euro auraient, en particulier, pu être utilisées par Mario Draghi pour se donner un peu de temps, la voie ayant, par ailleurs, été ouverte par son numéro 2, Benoît Cœuré, en milieu de semaine. Il n’en a rien été. Le Président de la BCE semble donc prêt à faire davantage dès la prochaine réunion du Comité de politique monétaire, le 3 décembre. Nous voyons dans cette perspective potentiellement plus de risques que de bénéfices.

Trois scénarios en six semaines, J. Yellen est-elle perdue ?

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Nous avions publié à la veille du FOMC des 17 et 18 septembre trois scénarios envisageables sur la décision de la Fed et leurs conséquences respectives pour les marchés financiers. Si comme nous l’avions anticipé, le scénario d’un statu quo, alors estimé le plus probable, a bien été celui privilégié à l’issue de cette réunion, sa position a, depuis, singulièrement évolué ! C’est, en effet, le scénario n°2 qu’elle semblait privilégier à la suite du FOMC des 27 et 28 octobre, la semaine dernière et c’est aujourd’hui le scénario n°3 qu’elle a donné l’impression d’avoir en tête…

En d’autres termes Janet Yellen donne fort l’impression de naviguer à vue, au point que certains députés semblent tentés de s’en remettre aux forces divines pour définir le meilleur timing de la hausse des taux…

PMI zone euro : un bon cru malgré des zones d’ombre

Les résultats définitifs des enquêtes PMI confirment la résistance des économies européennes à la détérioration du contexte international et l’élargissement du socle de croissance à la totalité des pays de la zone euro. Si les résultats sur le front industriel sont mitigés, l’amélioration des conditions domestiques commence à porter ses fruits, permettant notamment de consolider la reprise dans les services.
PMI UEM
Malgré ces résultats, dans l’ensemble, rassurants, les tendances varient assez significativement d’un pays à l’autre, laissant en suspens un certain nombre de questions.
C’est en France, que les enquêtes PMI du mois d’octobre sont les mieux orientées, décrivant un regain de dynamique notamment porté par l’amélioration de la situation de l’industrie manufacturière, au contraire de ce qui est généralement observé chez nos voisins ces derniers mois. Ces tendances sont assez conformes aux résultats des enquêtes INSEE suggérant une nette amélioration généralisée de la situation française depuis le début de l’été.
 PMI France
L’Allemagne, potentiellement la plus exposée à la détérioration des perspectives à l’exportation, parvient à tirer son épingle du jeu notamment grâce au maintien de la croissance dans les services. Il y a quatre raisons principales à cette résistance :
– le retour en grâce des consommateurs allemands dont la croissance du pouvoir d’achat atteint aujourd’hui des records inégalés depuis quinze ans,
– le rebond du marché immobilier, dopé ces derniers mois par le très bas niveau des taux d’intérêt,
– les premiers effets liés à l’afflux massif des réfugiés sur l’activité,
– une reprise graduelle des échanges intra-régionaux dont bénéficient, d’ailleurs, la plupart des pays de la région.
L’absence de réaction plus marquée de l’indice PMI manufacturier à la crise de Volkswagen  intrigue, toutefois, et méritera d’être validée par les données à venir (les commandes et la production attendues demain et après-demain, notamment).
PMI Allemagne
Les PMI sont plus mitigés en Italie, où le niveau de l’indice manufacturier peine à se redresser après avoir reflué durant l’été. La situation dans les services reste ferme cependant, permettant au PMI composite de conserver un niveau confortable de 53.9. On surveillera toutefois l’évolution des données domestiques sur lesquelles la fin de l’exposition universelle pourrait peser d’ici la fin de l’année.
 PMI Italie
Les résultats de l’Espagne sont relativement décevants depuis trois mois, suggérant, tant sur le front industriel que sur celui des services, un très net essoufflement de la dynamique de l’activité. A 51,3 en octobre, l’indice PMI manufacturier est à son plus bas niveau depuis décembre 2013, inférieur de 4,5 points à son pic du mois de mai. Dans un tel contexte, le décrochage de l’indice des services pose question. Sans doute, pour partie imputable à la dégradation du contexte politique et aux retombées des élections du mois de septembre, ce retournement de tendance pourrait devenir préoccupant s’il venait à perdurer.
 PMI Espagne

La zone euro va définitivement mieux !

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Les économies de la zone euro vont mieux et nos perspectives, quelque peu, volontaires s’en trouvent confortées. Derrière une conjoncture dorénavant plus porteuse se profilent des tendances susceptibles de changer la donne de manière durable. Retour sur les conditions d’un meilleur allant et les raisons pour lesquelles la BCE ferait bien de s’abstenir d’accroître davantage son quantitative easing, à ce stade, tout au moins dans sa forme actuelle.

UEM Sentiment et PIBUEM climat affaires par pays