Les premières publications d’une semaine américaine particulièrement chargée ont eu lieu aujourd’hui et mettent un peu plus encore en porte-à-faux les perspectives de baisses des taux de la Fed, qui tiendra son prochain FOMC mercredi et jeudi prochains, au lendemain de l’élection présidentielle.
Les nouvelles sont, en effet, incontestablement bonnes, du moins hors ouvertures de postes de travail (Jolts) qui poursuivent leur déclin à un rythme comparable à celui de ces deux dernières années et retombent à 7,44 millions en septembre, après 7,86 en août. La Fed y portera-t-elle, pour autant, la même attention qu’en septembre ? C’est peu probable, à en juger par le flux d’informations qu’elle reçoit par ailleurs, d’ores et déjà à l’origine d’une nouvelle embardée à la hausse des taux futurs, à 4,16 % s’agissant du rendement des T-Notes à 2 ans et 4,33 % pour le taux à 10 ans. La baisse entamée fin juillet est donc effacée et la correction pourrait bien ne pas avoir dit son dernier mot si jamais les publications à venir sont dans la même lignée.
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Analyse de la conjoncture internationale au fil de l’eau.
PMI : un bien mauvais cru sauf, encore, aux Etats-Unis
Les résultats préliminaires des enquêtes PMI d’octobre restent en général largement insuffisants, toujours plombés dans l’industrie manufacturière et sans direction claire dans les services. Après une série de données médiocres au Japon et en Europe, les Etats-Unis ressortent, encore, grands gagnants de l’enquête d’octobre, avec des indices stables à de hauts niveaux. Décidément, il ne se passe pas grand-chose sur le front de la conjoncture internationale, mis à part les gros warning français, en provenance de l’enquête INSEE notamment.
Au total, les données du jour suggèrent des politiques monétaires divergentes entre la Fed et ses homologues et, par conséquent, de nouvelles perturbations sur les marchés de changes.
Données américaines : la Fed de plus en plus en plus en porte-à-faux
En septembre, les ventes de détail américaines à prix courants ont progressé de 0,4 % après 0,1 % en août. Les seules déceptions proviennent de l’électronique, l’ameublement et l’électroménager, probablement toujours désavantagés par la situation immobilière, ainsi que des stations essences, du fait des baisses de prix. Les autres postes affichent au pire, des variations nulles, comme c’est le cas dans l’automobile, ou, plus souvent, très positives, supérieures à 1 %, dans la santé, les autres détaillants, les services alimentaires, l’épicerie et l’habillement
Cap à la baisse des taux pour la BCE
Bien peu de suspens sur la décision de la BCE de ce jeudi, qui baissera selon toute vraisemblance son taux de facilités de dépôt d’un nouveau quart de point, à 3,25 %. Les gouverneurs de la Banque de France et de la Bundesbank semblent l’appeler de leurs vœux, tandis que le fort repli de l’inflation de ces derniers mois, la déprime conjoncturelle persistante et le durcissement des politiques budgétaires donnent plus d’arguments qu’il n’en faudrait pour justifier une telle décision.
Manifestement, Mme Lagarde devrait avoir les moyens d’apparaître sous un jour plus détendu sur la suite que la BCE donnera à sa politique monétaire. La probabilité qu’elle envisage plus de baisses de ses taux qu’elle ne l’avait prévu jusqu’alors s’est incontestablement accrue, en effet, quand bien même la discrétion restera sans doute de mise en matière de « guidances » dans l’attente de la mise à jour des projections trimestrielles du 12 décembre. Dans quelle mesure sa communication pressurisera le taux de change de l’eurodollar reste assez incertain, fonction notamment des données attendues aux Etats-Unis demain, parmi lesquelles les ventes de détail et la production industrielle, susceptibles de faire bouger les anticipations de politique monétaire de la Fed dans un sens ou dans l’autre.
L’inflation britannique retombe à 1,7 %, celle des PPI est négative ; à la BoE de jouer
En septembre, l’inflation britannique a reculé de cinq dixièmes, à 1,7 %, son plus bas niveau depuis avril 2021. Nette baisse, également, pour l’inflation sous-jacente, à 3,2 % après 3,6 % en août, ainsi que pour l’évolution annuelle des prix de détail ou de ceux à la production, retombés à -0,7% l’an. Le ralentissement est, par ailleurs, largement confirmé par celui des salaires publiés hier. Comme ailleurs, la désinflation s’accélère. La prudence, salutaire, affichée par la BoE en septembre lorsqu’elle avait laissé ses taux inchangés, n’a plus lieu d’être. Une baisse des taux directeurs en novembre est, désormais, largement nécessaire, pour contrer la hausse des taux réels qu’entraine la désinflation. La livre qui avait largement profité de la retenue de la BoE devrait s’ajuster et le contexte boursier britannique redevenir un peu plus attractif.
Inflation peu lisible et inscriptions au chômage brouillent la lecture des marchés
L’inflation américaine a reculé d’un petit dixième de point, à 2,4 % en septembre mais sa composante sous-jacente est remontée de 3,2 % à 3,3 %. Sur un mois, ces deux postes ont augmenté respectivement de 0,2 % et 0,3 %, comme en août. L’inflation des services, à 4,7 % est néanmoins retombée à son plus faible niveau depuis deux ans et demi, quand les prix des loyers ont, eux aussi, nettement ralenti, à 4,9 % l’an, avec une hausse de seulement 0,2 % sur un mois.
L’automobile allemande miraculée ?
La production automobile allemande a rebondi de quasiment 20 %, selon les données officielles, en août, autorisant une progression inattendue de 2,9 % de la production industrielle et de 3,4 % de sa composante manufacturière. Pour une surprise, c’en est une, au lendemain de la publication d’une chute de 4,8 % des commandes à l’industrie pour le même mois.
Si l’envie d’applaudir à cette prouesse ne manque pas, tant on préfèrerait pouvoir compter sur l’industrie allemande plutôt que l’inverse, les raisons de ne pas être convaincu sont bien trop nombreuses, quand, par ailleurs, on le sait depuis ce matin, la Chine ne viendra pas en aide aux industriels européens. Contrairement à ce qu’avaient laissé entendre un certain nombre de déclarations des autorités chinoises il y a deux semaines, le gouvernement n’a annoncé aucune mesure de soutien spécifique pour soutenir l’économie du pays, au sujet de laquelle il semble ne pas douter de sa capacité à remplir son carnet de route d’une croissance de 5 % cette année… Mais d’où donc, pourrait, alors, venir le renfort ?
Production française : du doliprane, en attendant des voitures ou des rafales…
Surprise ce matin avec la publication de l’INSEE d’une hausse de 1,4 % de la production industrielle hexagonale en août, par rapport au mois de juillet, et de 1,6 % de sa seule composante manufacturière. Rattrapage d’une activité perturbée par les JO, effet bénéfique de ces derniers sur la demande ou nouvelle donne quelque part ailleurs ? Rien de tout cela. Sur ces 1,6 % de croissance, 1,2 point proviennent de la production pharmaceutique, en hausse mensuelle de 22 %. Si les résultats en provenance de l’automobile et de l’aéronautique ne sont pas mauvais, ils ne changent pas grand-chose à l’image d’ensemble du secteur industriel français, toujours en perte de 3 % par rapport à la période d’avant covid et de respectivement 15 % et 23 % pour ces deux derniers secteurs dominants de l’activité en France.