C’était écrit, l’euro ne baisserait pas vis-à-vis du dollar mais risquait bel et bien de s’apprécier. Nous y voilà. Dans la journée d’hier le cours de l’euro flirtait avec les 1,40 USD, enregistrant ainsi, après une hausse de plus de 7 % durant l’année écoulée, son plus haut niveau depuis octobre 2011. Cette évolution est préoccupante, à plus d’un titre, risquant en particulier de confisquer la quasi-intégralité du soutien escompté à l’exportation de l’amélioration des conditions internationales.
Deux raisons expliquent que, contrairement au consensus de marché, nos prévisions ne se soient jamais éloignées de l’objectif de 1,40 USD/euro ces deux dernières années :
- la première vient de notre scepticisme à l’égard du consensus sur la bonne santé présumée de l’économie américaine et des anticipations d’une normalisation à venir de la politique de la Fed qui en découlent,
- la seconde vient de l’effet pervers des politiques de déflation compétitive menées par les pays de l’UEM. La réduction de l’écart d’inflation entre la zone euro et le reste du monde qui en découle ayant pour effet de protéger le pouvoir d’achat de la monnaie, ces politiques constituent un soutien à l’euro, notamment à l’égard du billet vert dont la valeur est mécaniquement diluée par l’utilisation massive de la planche à billet ces dernières années.
Il n’est donc guère surprenant que les déceptions récentes sur la croissance américaine poussent le cours de l’euro à la hausse, ceci d’autant plus que la BCE a douché les espoirs d’assouplissement supplémentaire de sa politique monétaire la semaine dernière. Le mouvement n’en reste pas moins préoccupant, pour trois raison au moins.