Un long fleuve… pas tranquille

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Les enchaînements que nous avions envisagés à l’issue d’un statu quo de la Fed ont finalement commencé à prendre corps, une fois sa décision justifiée par les mauvais chiffres de l’emploi et l’ISM manufacturier américains. Depuis son point bas du 29 septembre, l’indice MSCI monde s’est adjugé 7,2 %, une performance légèrement supérieure à celle du S&P 500 (6,8 %) ou de l’Euro Stoxx 600 (6,7 %), dopée par la hausse de plus de 9 % de l’indice MSCI émergent. Les minutes du dernier FOMC ayant dorénavant évacué la perspective d’une hausse des taux à horizon prévisible (voir à ce sujet «Out, la hausse des taux de la Fed »), comment envisager la suite ?

Janet Yellen bientôt félicitée

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Autant dire que la Présidente de la Fed, Janet Yellen, aura été bien inspirée de changer son fusil d’épaule avant la réunion du Comité de politique monétaire du mois de septembre. Avec 112 000 emplois créés dans le secteur privé américain en septembre (après 100 000 en août), une nouvelle baisse du taux de participation de la population en âge de travailler et le repli à 1,6 % du taux de salaire du personnel non cadre, un resserrement monétaire, supposé nécessaire pour faire face aux goulots d’étranglement du marché du travail, aurait fait mauvaise figure.

L’économie américaine n’est assurément pas en bonne passe et c’est dorénavant le spectre d’une récession que scruteront les marchés ; un risque dont la probabilité a singulièrement augmenté à en juger par les enchainements susceptibles de naître de la mauvaise santé de l’industrie ces derniers mois. L’éventualité d’un quelconque resserrement monétaire à horizon prévisible s’en trouve de facto écartée. De quoi, certainement redorer le blason de Madame Yellen, à défaut de répondre à toutes les interrogations soulevées par un tel diagnostic.

Game Over… Acte II – Nouvelle jambe de repli

La rapidité du mouvement correctif de ces dernières semaines réduit les chances d’un rebond intermédiaire des marchés d’actions. Alors que nos objectifs de fin d’année ont pour la plupart été atteints ces derniers jours, le risque d’une nouvelle jambe de baisse des marchés est significatif (pour l’historique de notre analyse voir « Game Over » du 18 juin et notre moniteur n°I du 3 août).

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Le roi est nu

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La décision de la Fed de laisser inchangé le niveau de ses taux directeurs va beaucoup plus loin que le seul fait de ne pas modifier sa politique monétaire, elle emporte avec elle toute la symbolique d’un passage à l’acte impatiemment attendu depuis l’arrivée à terme de son programme d’achat d’actifs en octobre 2014, à savoir :
1- le caractère transitoire des politiques non-conventionnelles nécessaire pour continuer à donner leur blanc-seing à des pratiques d’envergure presque-planétaire aujourd’hui,
2- la validation du succès des politiques menées depuis la crise de 2008, qui précisément serait donnée par le fait que l’on puisse envisager de s’en passer,
3- l’idée d’une indépendance des banques centrales par rapport aux marchés financiers internationaux et au reste du monde, la globalisation semblant avoir atteint son paroxysme avec la crise financière de ces dernières semaines.
C’est bien pour cela que l’inaction de la Fed est reçue comme une mauvaise nouvelle, éventuellement susceptible de provoquer une nouvelle panique boursière.

Cure de jouvence allemande

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L’exode massif des populations syrienne et irakienne à destination de l’UE ces dernières semaines inspire un certain nombre des réflexions sur le plan économique.

– La première, est qu’il s’agit d’un changement aux retombées immédiatement positives pour la croissance, dont l’impact pourrait être suffisant pour amortir le choc en provenance de la dégradation de la situation économique et financière internationale de ces derniers mois ;

– La seconde est que cet appel d’air concerne en premier lieu l’Allemagne, économie dont les perspectives structurelles, jusqu’à présent largement impactées par le processus de vieillissement de sa population, pourraient dorénavant apparaître sous un jour nouveau jour ;

– La troisième est relative aux conséquences de cet afflux d’immigrés sur la politique économique européenne, de facto, moins restrictive, voire stimulante pour la croissance ; en d’autres termes un rééquilibrage susceptible d’améliorer la résonance économique des mesures prises par la BCE en matière de soutien à l’investissement et de lutte contre la déflation.

Au total, des implications majeures, à même de modifier la donne économique des prochaines années et, à terme, l’équilibre des forces au sein de l’UE.

Même pas mal, vraiment?

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Madame Lagarde, alors Ministre français du commerce extérieur, avait considéré qu’une récession américaine n’aurait pas d’incidences fâcheuses sur la situation française. Mal lui en avait pris ! L’argument, à l’époque mis en avant selon lequel, avec 8 % de nos exportations, les États-Unis ne représentaient pas un marché clé pour les exportateurs français, n’était naturellement pas recevable. On connait la suite. Dire aujourd’hui que la dégradation de la situation en Chine, à destination de laquelle la France trouve moins de 4 % de ses débouchés à l’exportation, n’est pas inquiétante, est-il plus crédible ? La réponse est bien évidemment non, toute la question étant de savoir de quelle ampleur sera in fine l’onde de choc chinoise à destination du reste du monde. Seul ce diagnostic permettra en effet de déterminer l’exposition de la zone euro, et plus particulièrement celle de la France, à ce qui se passe aujourd’hui de l’autre côté du globe. Peut-on répondre à cette question ? Rien n’est moins sûr tant les enchaînements susceptibles de naître des développements récents sont nombreux. Revenons néanmoins sur les canaux de transmission les plus importants.

Le CAC à 4 000 ou 5 500 dans douze mois ?

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La différence est de taille : 37 % ! C’est pourtant bien en ces termes que se pose le débat.

Autrement dit :

  • soit la chute des marchés des quinze derniers jours est effectivement une réaction à la dévaluation chinoise ; il s’agirait dans ce cas d’une évidente sur-réaction à même d’être rapidement corrigée, sans conséquence durable sur le degré d’aversion au risque et encourageant les investisseurs à se repositionner dans l’optique d’un cycle haussier de long terme. C’est le scénario d’un CAC 40 à potentiellement 5 500 points dans 12 mois, à peine supérieur de 4 % au plus haut de cette année et dorénavant permis par l’amélioration des perspectives de croissance française.
  • soit la réaction à la dévaluation chinoise n’est qu’un prétexte dans un contexte de marchés surachetés et dorénavant baissiers, auquel cas les catalyseurs de nouvelles baisses à venir se multiplieront inexorablement, entrecoupés de tentatives de rattrapage, insuffisantes toutefois pour enrayer le mouvement correctif en place. C’est le scénario d’un CAC 40 à 4 000 points, voire en-deçà, cohérent avec celui d’un S&P 500 aux environs de 1 700 points contre près de 2 000 aujourd’hui.

La probabilité que les marchés soient ballottés entre ces deux extrêmes avant de trouver leur voie est assez forte. Comment envisager que ces deux scénarios finissent par se départager ?

Regain de réalisme sur les marchés financiers, il est encore temps de vendre !

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Ne cherchons pas dans les développements économiques récents les raisons de la correction des marchés. La situation économique n’a guère changé ces derniers temps, elle est seulement restée médiocre, à l’instar de ce qu’elle est depuis près de trois ans maintenant, caractérisée par cinq faiblesses persistantes jusqu’alors superbement ignorées par les marchés :

  1. L’absence de gains de productivité suffisants pour assurer une reprise de l’investissement nécessaire au prolongement du cycle en cours.
  2. L’absence d’impulsion du monde émergent sur lequel reposaient les principaux espoirs de croissance future à l’échelle internationale.
  3. Des excès de capacités de production industrielles disséminés à travers le monde émergent et développé ayant pour conséquence la persistance de pressions déflationnistes et l’effondrement des cours des matières premières.
  4. Le repli du contenu en importations de la croissance mondiale allant de pair avec une disparition de la courroie de transmission internationale qu’a constitué par le passé la dynamique des échanges commerciaux sans le soutien desquels les tentatives de reprise ne parviennent à se transformer en croissance auto-entretenue et équilibrée.
  5. Enfin, l’explosion des dettes et la formation de bulles en tout genre, fruits de politiques économiques unijambistes ne reposant que sur la seule action de politiques monétaires, de facto, poussées à la démesure.

Nul besoin que la situation ne s’aggrave pour finir par forcer à se rendre à l’évidence : l’histoire escomptée par les marchés de capitaux ces dernières années n’est pas celle que pourra délivrer l’économie mondiale à horizon prévisible. Encore fallait-il les catalyseurs de cette prise de conscience pour que la correction s’enclenche, c’est bien ce rôle qu’ont successivement joué l’annonce de la dévaluation du yuan et la volte-face de la Fed apparue à travers les minutes de son dernier comité.

Notre scénario et nos recommandations d’investissement du mois de juin restent donc de mise : il n’est pas trop tard pour se délester des actifs les plus exposés et racheter des obligations d’État, les métaux précieux et l’euro.