Comme attendu, l’inflation américaine est ressortie en hausse au mois d’octobre pour la première fois depuis mars, à 2,6 % après 2,4 % en septembre, du fait d’une moindre baisse annuelle de sa composante énergie. Les détails du rapport témoignent cependant d’un relatif statu-quo : l’inflation sous-jacente est stable à 3,3 % et les évolutions mensuelles des prix totaux et sous-jacents sont semblables à celles des deux derniers mois, de 0,2 % et 0,3 % respectivement. Au total, l’environnement inflationniste évolue peu et reste, dans l’ensemble, plus compatible avec un stationnement de l’inflation autour de 3 % qu’avec un retour à 2 %. A l’instar de J. Powell la semaine dernière, les membres de la Fed qui se sont exprimés aujourd’hui semblent s’en satisfaire et, reconnaissons-le, cela n’est guère choquant. La question, dorénavant, est celle de l’impact de la politique du futur gouvernement sur la croissance et l’inflation. Mais pour cela il faudra attendre.
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Mme Lagarde, toujours « data dependent » mais confiante sur les tendances à venir…
Comme prévu, la BCE a annoncé une nouvelle baisse d’un quart de point de son taux directeur, de 3,75 % à 3,5 % pour le taux de facilités de dépôts, le repo étant abaissé à 3,65 %, conformément à l’annonce du mois de mars d’une réduction du spread entre les deux taux à 15 pb. Si, à en juger par la remontée des taux futurs qui a suivi la conférence de presse de Mme Lagarde, ce nouveau pas dans le sens d’une « réduction du caractère restrictif de la politique monétaire » a quelque peu déçu les marchés, notre lecture est plutôt rassurée par rapport à ce que nous redoutions des réserves éventuelles qu’elle aurait pu formuler à cette occasion. La présidente de la BCE a, certes, mentionné le manque de résultats en matière d’inflation dans les services, précisant toutefois que le scénario retenu était celui d’une baisse, y compris pour ce qui concerne l’inflation salariale. De fait, le leitmotiv de son intervention n’a pas été sur les risques d’une inflation trop durablement résiliente mais plutôt sur la faiblesse des perspectives économiques régionales. En mentionnant le Rapport Draghi sur la compétitivité, Mme Lagarde semble donner plus de poids aux enjeux structurels de croissance de la zone euro et se détacher quelque peu des contraintes de très court terme. Une bonne nouvelle s’il en est, qui pourrait lui donner un peu de latitude… surtout si l’inflation baisse fortement en septembre comme elle a jugé bon de le souligner.
L’inflation européenne, un peu plus près du but avec les données allemandes
En baisse de deux dixièmes, l’inflation allemande est retombée à 2,2 % au mois de juin, sous l’effet, notamment, d’une accélération à la baisse de sa composante énergétique, à -2,1 % après -1,1 % et malgré une très légère accélération dans l’alimentaire.
Après les données françaises, espagnoles et italiennes, les variations sur le front des prix semblent, clairement, baissières en zone euro. Parmi les principaux pays de l’Ouest du continent, seule la Belgique a enregistré une accélération entre mai et juin. Après s’être légèrement retendue en mai, l’inflation en zone euro, publiée demain, devrait ainsi pouvoir refluer d’un dixième, à 2,4 %-2,5 % en juin.
Retour de la désinflation sous-jacente en zone euro
D’après les données publiées aujourd’hui, l’inflation espagnole est ressortie en hausse d’un dixième en avril, à 3,3 % et l’allemande s’est stabilisée à 2,2 %. Rien de très surprenant au vu de l’évolution récente des prix du pétrole : outre Rhin, l’inflation énergétique a été un peu moins négative, à -1,2 % après -2,7 % et l’inflation alimentaire a retrouvé la zone positive, à 0,5 %.
Pour autant, en attendant les données pour l’ensemble de la zone euro et la France, demain, ces premiers résultats sont encourageants. L’inflation sous-jacente a, en effet, nettement reculé, sous l’effet d’un franc ralentissement mensuel des prix hors énergie et alimentaire. Sauf très grande surprise en provenance des données d’ensemble pour la zone euro, rien ne devrait plus s’opposer à une baisse des taux de la BCE en juin, un pronostic que pourrait venir renforcer les premiers résultats sur la croissance du début d’année attendus demain.
Oublié le PCE, le CPI reprend la main : J. Powell prêt à ravaler son chapeau ?
Le rapport était particulièrement attendu, dans un contexte des plus incertains sur l’évolution de l’inflation et, par conséquent, sur des perspectives monétaires. Il est, sans réelle surprise, mauvais, tout du moins en première lecture. L’inflation totale ressort en accélération de 3,2 % en février à 3,5 % en mars et la mesure hors prix de l’énergie et de l’alimentation ne baisse plus, inchangée à 3,8 %. Si ces évolutions annuelles ne sont pas outre mesure significatives, il en va autrement des tendances mensuelles, toujours au moins deux fois trop rapides par rapport à l’objectif de la Fed et, surtout, en accélération. Au cours des trois derniers mois, les hausses mensuelles des indices sous-jacent et total ont respectivement atteint 4,5 % et 4,6 % en rythme annualisé. Celle des services est montée à 6,8 %, 2,5 point de plus qu’en milieu d’année dernière et son plus haut niveau depuis février 2023. Quand bien même l’analyse détaillée du rapport est, en réalité, plutôt meilleure que celle de février compte-tenu de la contribution élevée des tarifs d’assurance automobile, de tels résultats mettent à l’évidence la Fed en porte-à-faux, ceci d’autant plus que les prix de l’énergie et de l’alimentation ne baissent plus, voire réaugmentent sensiblement pour les premiers.
L’industrie allemande, de mal en pis
Loin des -maigres- espoirs suscités par les climats des affaires, mais en phase avec les commandes, la production manufacturière allemande s’est repliée de 0,5 % en octobre après un recul de 1,7 % en septembre. Additionnée aux mauvais retours dans la construction, cette contraction a fait chuter la production totale (construction incluse) pour le cinquième mois consécutif, à son plus bas niveau depuis la première vague de Covid, en dépit du rebond de l’énergie et du secteur minier.
La BCE aime mentionner les PMI… Que dira-t-elle de la livraison de juin ?
Des deux côtés du Rhin, les indicateurs PMI se sont nettement contractés. En France, l’indice composite a perdu près de quatre points, à 47,3, en zone indiscutable de contraction de l’activité. En Allemagne, l’indicateur s’est maintenu en territoire d’expansion, à 50,8, mais s’est replié de trois points. Les deux principales économies de la zone euro sont manifestement, de plus en plus mal en point, en récession ou sur le point d’y entrer, mal embarquées par la très mauvaise posture de leur industrie et les difficultés des services à maintenir le cap de ces derniers mois.
Cette livraison est pour le moins dissonante par rapport au discours tenu la semaine dernière par la présidente de la BCE, et ce ne sont pas les données de la nuit en Asie qui en atténuent la portée (objet de notre HDV du jour). En l’occurrence, si la BCE en doutait, tout indique que sa politique produit ses effets, que la demande flanche à grande vitesse et que l’inflation suit. Difficile de voir comment elle pourra éviter de revoir ses hypothèses de croissance et de politique monétaire avant septembre avec de tels résultats.
Sérieuse claque des commandes à l’industrie allemande
Les commandes à l’industrie allemande se sont effondrées de 10,7 % entre février et mars après une hausse de 4,5 %, pour chuter à leur plus bas depuis la première vague de Covid. Une telle contraction est rarissime. Sauf les mois de mars et d’avril 2020, il faut remonter au début des années quatre-vingt pour retrouver des chiffres comparables. Dans le détail, bien peu de spécificité, aucun indicateur ne sort, en effet, du lot : les commandes étrangères ont baissé d’environ 13 %, les domestiques, de 7 % et les commandes hors éléments exceptionnels se sont repliées de 8 %. Dans l’automobile, les ordres se sont contractés de 12 % tandis que dans les machines et dans la chimie la chute est de 6 %. Dans ce dernier secteur, leur niveau ne représente que trois quarts de ceux du début 2020.