L’inflation en zone euro est ressortie en hausse de 0,2 points en décembre, à 2,4 %. Sa composante sous-jacente est restée stable, à 2,7 %. Sauf les effets de base et la légère hausse mensuelle des prix de l’énergie qui expliquent ce résultat, il ne s’est pas passé grand-chose sur le front de l’inflation régionale en décembre. Reste le constat troublant d’une inflation allemande définitivement plus robuste que celle de la moyenne de la zone euro, renforcé par l’absence de changement en France et en Italie, où les hausses annuelles de prix sont ressortie à 1,8 % et 1,4 % respectivement selon les données harmonisées. Ça commence à faire une sacrée différence et à y regarder de plus près, la tendance ne s’explique pas par un accident de parcours…
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Commandes allemandes : fragile soutien international, déprime domestique
Les commandes allemandes sont ressorties en recul de 1,5 % sur un mois en octobre, après une hausse de 7,2 % en septembre en raison, toujours, des fluctuations des ordres « majeurs ». Elles n’en ont, pas moins, affiché une nette hausse sur un an, de 5,8 %. Un satisfecit sur le court terme, a priori, de bonne augure, pour l’activité, en attendant les chiffres de production de demain.
En revanche, les données en présence font le grand écart entre des ordres étrangers toujours soutenus, en hausse de 0,8 % après 9,3 % en septembre et des commandes domestiques, en baisse de 5,3 %, au plus bas depuis la crise covid. L’amélioration de la consommation, qui a fait les premiers éléments de la reprise cet été, est déjà menacée.
Dans son malheur, la France a, jusqu’à présent, eu de la chance…
Les conditions financières de ces derniers mois ont épargné la France de contrecoups trop pénalisants de la crise politique qu’elle traverse depuis le 7 juillet. Il s’agit d’une immense chance, qui a permis d’atténuer les impacts financiers et économiques les plus redoutés de la succession de chocs connus par l’Hexagone ces derniers mois. Dans un contexte de détente monétaire, les taux de financement de l’Etat français ont, ainsi, reflué de près d’un demi-point depuis leur pic de début juillet, tandis que le contexte boursier très favorable en occident a, également, permis de limiter la casse au niveau du CAC 40, en repli de 4,3 % seulement entre le 7 juillet et la fin novembre. Bien évidemment les stigmates de la crise ne sont pas absents : l’écart de taux avec l’Allemagne a quasiment doublé et la sous-performance de l’indice parisien par rapport au Dax est sans équivalent depuis 34 ans, mais la perception de la crise serait sans nul doute beaucoup plus sévère sans ces amortisseurs exogènes. Ces derniers peuvent-il encore protéger l’Hexagone de la tourmente que redoutée de la censure votée ce 4 décembre ? Les tendances toutes récentes des marchés incitent à le penser mais ne peuvent faire oublier une évidence : la chance n’est, par définition, jamais éternelle et finira par tourner si la France ne retrouve pas sans tarder la voie de la stabilité.
Mme Lagarde, toujours « data dependent » mais confiante sur les tendances à venir…
Comme prévu, la BCE a annoncé une nouvelle baisse d’un quart de point de son taux directeur, de 3,75 % à 3,5 % pour le taux de facilités de dépôts, le repo étant abaissé à 3,65 %, conformément à l’annonce du mois de mars d’une réduction du spread entre les deux taux à 15 pb. Si, à en juger par la remontée des taux futurs qui a suivi la conférence de presse de Mme Lagarde, ce nouveau pas dans le sens d’une « réduction du caractère restrictif de la politique monétaire » a quelque peu déçu les marchés, notre lecture est plutôt rassurée par rapport à ce que nous redoutions des réserves éventuelles qu’elle aurait pu formuler à cette occasion. La présidente de la BCE a, certes, mentionné le manque de résultats en matière d’inflation dans les services, précisant toutefois que le scénario retenu était celui d’une baisse, y compris pour ce qui concerne l’inflation salariale. De fait, le leitmotiv de son intervention n’a pas été sur les risques d’une inflation trop durablement résiliente mais plutôt sur la faiblesse des perspectives économiques régionales. En mentionnant le Rapport Draghi sur la compétitivité, Mme Lagarde semble donner plus de poids aux enjeux structurels de croissance de la zone euro et se détacher quelque peu des contraintes de très court terme. Une bonne nouvelle s’il en est, qui pourrait lui donner un peu de latitude… surtout si l’inflation baisse fortement en septembre comme elle a jugé bon de le souligner.
L’inflation européenne, un peu plus près du but avec les données allemandes
En baisse de deux dixièmes, l’inflation allemande est retombée à 2,2 % au mois de juin, sous l’effet, notamment, d’une accélération à la baisse de sa composante énergétique, à -2,1 % après -1,1 % et malgré une très légère accélération dans l’alimentaire.
Après les données françaises, espagnoles et italiennes, les variations sur le front des prix semblent, clairement, baissières en zone euro. Parmi les principaux pays de l’Ouest du continent, seule la Belgique a enregistré une accélération entre mai et juin. Après s’être légèrement retendue en mai, l’inflation en zone euro, publiée demain, devrait ainsi pouvoir refluer d’un dixième, à 2,4 %-2,5 % en juin.
Retour de la désinflation sous-jacente en zone euro
D’après les données publiées aujourd’hui, l’inflation espagnole est ressortie en hausse d’un dixième en avril, à 3,3 % et l’allemande s’est stabilisée à 2,2 %. Rien de très surprenant au vu de l’évolution récente des prix du pétrole : outre Rhin, l’inflation énergétique a été un peu moins négative, à -1,2 % après -2,7 % et l’inflation alimentaire a retrouvé la zone positive, à 0,5 %.
Pour autant, en attendant les données pour l’ensemble de la zone euro et la France, demain, ces premiers résultats sont encourageants. L’inflation sous-jacente a, en effet, nettement reculé, sous l’effet d’un franc ralentissement mensuel des prix hors énergie et alimentaire. Sauf très grande surprise en provenance des données d’ensemble pour la zone euro, rien ne devrait plus s’opposer à une baisse des taux de la BCE en juin, un pronostic que pourrait venir renforcer les premiers résultats sur la croissance du début d’année attendus demain.
L’industrie allemande, de mal en pis
Loin des -maigres- espoirs suscités par les climats des affaires, mais en phase avec les commandes, la production manufacturière allemande s’est repliée de 0,5 % en octobre après un recul de 1,7 % en septembre. Additionnée aux mauvais retours dans la construction, cette contraction a fait chuter la production totale (construction incluse) pour le cinquième mois consécutif, à son plus bas niveau depuis la première vague de Covid, en dépit du rebond de l’énergie et du secteur minier.
La BCE aime mentionner les PMI… Que dira-t-elle de la livraison de juin ?
Des deux côtés du Rhin, les indicateurs PMI se sont nettement contractés. En France, l’indice composite a perdu près de quatre points, à 47,3, en zone indiscutable de contraction de l’activité. En Allemagne, l’indicateur s’est maintenu en territoire d’expansion, à 50,8, mais s’est replié de trois points. Les deux principales économies de la zone euro sont manifestement, de plus en plus mal en point, en récession ou sur le point d’y entrer, mal embarquées par la très mauvaise posture de leur industrie et les difficultés des services à maintenir le cap de ces derniers mois.
Cette livraison est pour le moins dissonante par rapport au discours tenu la semaine dernière par la présidente de la BCE, et ce ne sont pas les données de la nuit en Asie qui en atténuent la portée (objet de notre HDV du jour). En l’occurrence, si la BCE en doutait, tout indique que sa politique produit ses effets, que la demande flanche à grande vitesse et que l’inflation suit. Difficile de voir comment elle pourra éviter de revoir ses hypothèses de croissance et de politique monétaire avant septembre avec de tels résultats.