Le PIB français, un très bon cru !

Au premier trimestre, la croissance du PIB réel de la France atteint 0,5%, après une progression de 0,3% le trimestre précédent. Ce résultat, le meilleur depuis un an, est au-dessus des estimations de la plupart des économistes et de celles de l’INSEE, constituant de fait une bonne nouvelle. Les données publiées ce matin offrent, toutefois, bien d’autres sources de satisfaction :

En premier lieu, par les très bons résultats sur le front de la consommation des ménages qui s’affiche en hausse de 1,2 %, soit sa plus forte progression trimestrielle depuis 2004. Sans être totalement surprenante, les données mensuelles de l’INSEE nous ayant préparé à un très bon chiffre pour le premier trimestre, cette statistique rassure, confirmant en particulier que le coup d’arrêt à la reprise de la consommation qu’avaient provoqué les attentats est derrière nous. La bonne tenue des gains de pouvoir d’achat et l’amélioration du marché de l’emploi portent peu à peu leurs fruits.

L’investissement des entreprises progresse solidement avec une hausse de 1,6 % après 1 % à la fin de l’année dernière. L’acquis de croissance des dépenses d’équipement des entreprises s’élève ainsi à 2,8 % pour 2016, garantissant probablement une bonne année.

Cette bonne tenue de la demande domestique a permis un léger rétrécissement, bienvenu, du niveau des stocks, susceptible de soutenir l’évolution de la production future.

Enfin, contrairement à l’habitude, cette embellie domestique n’a pas prioritairement bénéficié au reste du monde, nos importations de biens et services ayant faiblement augmenté, de 0,5% seulement au cours du trimestre contre des progressions de respectivement 2,1 % et 1,8 % au cours des deux trimestres précédents. La production nationale progresse ainsi de 0,6 % profitant, enfin, d’une embellie significative sur le front des services (0,9%).

Face à un contexte international très pénalisant, à l’origine cependant d’un repli très modéré des exportations (-0,2%), ces données sont incontestablement encourageantes, autorisant une relative confiance pour l’ensemble de l’année. Le scénario gouvernemental d’une croissance de 1,5 % en moyenne cette année, s’en trouve conforté, malgré les effets potentiellement contraignants attendus dans les prochains mois de la remontée des cours du pétrole.

PIB FR

PIB américain, recherche désespérément bonne nouvelle

Télécharger l’article

Avec une progression de 0,13% de son PIB réel au premier trimestre (0,5 % en rythme annualisé) l’économie américaine confirme sa petite forme. Depuis le début 2015, la croissance n’a cessé de se rabougrir, pour ressortir à 1,3 % en moyenne au cours des trois derniers trimestres. Difficile dans de telles conditions de mettre les mauvais chiffres d’aujourd’hui sur le compte de la saisonnalité qui a affecté les chiffres des premiers trimestres des années précédentes. Ni les perturbations climatiques ni la baisse des dépenses des Etats et collectivités locales ne justifient, en effet, la médiocrité des chiffres publiés aujourd’hui. Les dépenses publiques ont d’ailleurs positivement contribué à la croissance du premier trimestre, dans un contexte budgétaire dorénavant moins restrictif.

« Wait and see »

Ceux qui attendaient des précisions sur un éventuel changement de cap de sa politique au mois de juin, ne trouveront pas dans le communiqué publié ce soir une quelconque indication. La FED est en mode « wait and see ». En d’autres termes, elle agira en fonction de l’évolution des données économiques, réitérant, toutefois, sa conviction selon laquelle les hausses de taux seront, si elles ont lieu, très graduelles.

De fait, rien dans son communiqué ne suggère une quelconque impatience qui pourrait signaler l’éventualité d’une hausse de ses taux au mois de juin.

  • Si le format résumé du communiqué peut donner le sentiment d’une analyse moins négative sur la situation conjoncturelle américaine que ne l’étaient apparues les minutes du dernier FOMC, les points de faiblesse soulignés aujourd’hui sont les mêmes que ceux évoqués dans le communiqué du 16 mars : investissement productif et exportations nettes.
  • Par ailleurs, la Fed a retiré la référence à l’accélération récente de l’inflation, suggérant un certain apaisement des craintes à cet égard.

Dans un tel contexte et malgré l’élimination de la référence aux risques internationaux signalés en mars, une hausse des taux en juin semble très peu probable.

Les chances que les anticipations des marchés soient une nouvelle fois révisées à la baisse sont donc conséquentes, de quoi, sauf embellie subite peu probable des indicateurs dans les prochaines semaines, créer les conditions d’un nouveau repli du dollar et vraisemblablement d’une nouvelle baisse des taux d’intérêt réels, plus favorable à l’or qu’aux actions…

En relevant son objectif d’inflation, la Fed améliorerait sa communication

Télécharger l’article

Depuis la fin du QE III, en octobre 2014, chaque réunion du comité de politique monétaire de la FED, toutes les six semaines, ouvre les mêmes questions : quelle communication la Fed va-t-elle délivrer au sujet du supposé cycle de hausse des taux d’intérêt qu’elle doit mener et quelles peuvent être les implications de ses décisions sur l’économie mondiale et les marchés financiers ? On aimerait que cette ritournelle prenne fin dix-huit mois plus tard. Rien, pour autant, ne permet d’imaginer que la communication de ce soir donne beaucoup plus d’éclaircissements sur les intentions de la Fed, qu’elle-même ne connait probablement pas.

Mario Draghi sur la défensive, fait remonter les taux longs

Télécharger l’article

Outre les précisions sur le programme d’achat d’obligations d’entreprises, sur lequel le Président de la BCE était largement attendu, Mario Draghi est clairement apparu sur la défensive à l’égard des critiques adressées par l’Allemagne sur sa politique. Le temps passé à justifier les décisions de la BCE puis, lors des questions-réponses, à tenter de rassurer les Allemands au sujet de leur épargne, témoigne de pressions montantes en provenance d’Outre Rhin, dont le Ministre des finances allemand, M. Schäuble, s’est notamment fait le porte-parole ces derniers temps.
On comprend de ces échanges indirects, qu’il sera sans doute difficile à la BCE d’aller beaucoup plus loin dans les dispositifs non-conventionnels à l’avenir, notamment si le contexte économique et financier s’apaise. A ce titre, le scénario d’inflation de la BCE constitue sans doute le risque le plus important.

Le non accord de Doha, un moindre mal

Télécharger l’article

Si la chute du cours du pétrole a souvent été désignée comme responsable de la mauvaise tenue des marchés financiers et de la persistance du risque déflationniste   à l’échelle mondiale, la perspective d’une éventuelle remontée des cours à la suite d’un accord des pays de l’OPEP posait bien d’autres questions, en particulier celle des effets de la confiscation des gains de pouvoir d’achat sur la conjoncture du monde développé et celle d’une réduction des marges de manœuvre des banques centrales dans un contexte de remontée mécanique des taux d’inflation. Vu sous cet angle, le non aboutissement des rencontres de Doha est donc plutôt bienvenu.

Y croire ?

Télécharger l’hebdo

La trajectoire de l’économie et des marchés mondiaux peut-elle nous offrir des perspectives plus encourageantes que celles de plus en plus largement redoutées ces derniers temps ? L’envie d’y croire est indiscutablement de retour ces derniers jours. Le peut-on et, si oui, par quelle bienheureuse combinaison ? Retour sur les ambiguïtés d’une situation économique et financière mondiales des plus complexes.

Schéma scénario vertueux.jpg

Bataille des changes, troisième round : le grand retour de la Fed

Télécharger l’article

Certains attendaient du G20 une concertation des grands argentiers pour sauver l’économie mondiale de la mauvaise passe qu’elle traverse, pensant que les décisions de la BCE puis de la Fed au cours des semaines qui suivirent pouvaient, même, avoir été pensées en ce sens. L’illusion n’aura que peu duré, ce qui pouvait en subsister finissant par être balayé par les minutes du dernier FOMC publiées cette semaine. De ces dernières, il ressort clairement, en effet, que le changement de stratégie opéré par la Fed (voir à ce sujet « les certitudes de la Fed, ébranlées ») a certainement beaucoup plus à voir avec la montée de ses inquiétudes sur l’économie américaine qu’avec un quelconque souci de bienveillance à l’égard du reste du monde. En d’autres termes la Fed revient à l’offensive, dissimulant mal son objectif premier : faire refluer le dollar. De fait le billet vert a déjà bien décroché. Avec un repli de 3,2 % au mois de mars, il affiche sa plus forte baisse depuis fin 2010. Amorcé depuis le début de l’année, le mouvement n’est sans doute pas terminé si, comme le laisse entendre la Fed, l’heure n’est plus à envisager de relever le niveau de ses taux directeurs.

taux de changes

La bataille des changes est donc relancée, au grand dam des grands exportateurs du reste du monde : Japon, Corée, Allemagne, en particulier. La BOJ et la BCE auront-elles le pouvoir de contrer le mouvement d’appréciation de leurs devises respectives ? Comment cette bataille rangée peut-elle évoluer et quelles peuvent être ses implications sur les grandes économies développées et émergentes ? Difficile de le dire. C’est pourtant sur ce terrain que semble devoir se jouer la prochaine partie économique mondiale.

Sommaire :

  • Les banques centrales à couteaux tirés
  • Du scénario du gagnant-gagnant…
  • … Au scénario du tous-perdants