Humeur d’un Vendredi Saint : aléa moral

Les crises extrêmes sont propices à la révélation d’écarts de tempéraments que la disparition subite des repères fait jaillir. De ces différentes expressions se forgent peu à peu les scénarios pour le futur.

Il y a les anxieux, paniqués à l’idée d’une disparition de l’ancien monde; les éblouis,  convaincus que rien ne pourra ébranler un modèle tout puissant et irremplaçable;  les réfractaires, qui dénoncent depuis longtemps les dérives d’un système arrivé à bout de souffle, par trop libéral et inégalitaire, et espèrent de la crise qu’elle soit un catalyseur de prise de conscience permettrait de remettre l’homme et la protection du bien commun au cœur des préoccupations du politique. Il y a, enfin, les historiens, qui ne peuvent s’empêcher d’observer ce qui se déroule dans une perspective de long terme. Généralement mieux préparés à l’idée d’importants bouleversements systémiques, qui ne croient pas que le modèle d’une économie hyper-financiarisée, née de caractéristiques démographiques particulières de ces quarante dernières années puisse se prolonger très longtemps mais  qui savent aussi que les systèmes établis sont peu prompts au changement spontané et que face à la menace de rupture, le réflexe de conservation est toujours plus puissant, conduisant le plus souvent à une fuite en avant annonciatrice de dysfonctionnements et des crises plus graves encore à venir.

 

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Le vieillissement démographique, une garantie de taux bas ou de QE à l’infini ?

Quel serait le niveau des taux d’intérêt sans les politiques quantitatives ? Les banques centrales sont-elles responsables de la chute inédite du loyer de l’argent ou ne font elles qu’accompagner une tendance inéluctable inhérente au vieillissement démographique ? Et, si tel est le cas, pourquoi poursuivre sur la voie de pratiques aussi extrêmes dont elles risquent, à terme, d’être les propres victimes ? Il n’est pas difficile de comprendre les mécanismes par lesquels la montée en âge des populations peut simultanément conduire à de moindres rythmes de croissance, d’inflation et de productivité justifiant un affaissement du niveau d’équilibre des taux d’intérêt. S’arrêter à ce stade laisse toutefois de côté un autre aspect essentiel des conséquences du vieillissement démographique : celui d’exposer, à terme, nos économies à une pénurie d’épargne et nos États à la faillite. Cette perspective aurait sans doute déjà poussé les taux d’intérêt d’un certain nombre pays, non pas à zéro mais sur des sommets, sans les achats massifs de dettes souveraines par les banques centrales. Alors, le bas niveau des taux d’intérêt s’explique-t-il par un processus naturel ou par l’impérieuse nécessité de contrer ces risques majeurs ? Le débat n’est pas tranché. C’est pourtant bien de la réponse à cette question que dépendent la façon d’appréhender l’avenir et, par là-même, les choix de politiques économiques les plus appropriées à la situation présente.

 

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