Out, la hausse des taux de la Fed

Confirmation de ce que nous avions compris des développements les plus récents, la hausse des taux de la Fed n’est plus rendez-vous. En cause, non seulement la tournure de la conjoncture internationale, à laquelle la Fed consacre relativement peu de ses commentaires, ni les tensions financières, quand bien même ces dernières l’incitent à une plus grande vigilance, mais l’économie américaine elle-même. Deux points des minutes du dernier FOMC justifient sa décision de ne pas relever les taux directeurs :

  • une révision à la baisse du potentiel de croissance structurelle de l’économie américaine, lié à un moindre optimisme à l’égard des gains de productivité, cohérente avec un niveau d’équilibre des taux d’intérêt structurellement plus bas que par le passé ;
  • la persistance de risques à la baisse sur les perspectives de croissance conjoncturelle, conséquence des effets négatifs combinés de la chute de l’activité du secteur pétrolier, de la hausse du dollar et de la dégradation du contexte international.

Ces conditions ont des effets majeurs sur les deux piliers de sa politique monétaire, au sujet desquels la Fed considère que la balance des risques est :

  • à la hausse sur le front du taux de chômage, malgré l’amélioration du marché de l’emploi depuis le début de l’année – il s’agit là d’un changement crucial par rapport aux communiqués précédents-
  • à la baisse sur le front de l’inflation, amenée à s’affaiblir à brève échéance et à ne remonter que graduellement, de sorte qu’elle devrait être «encore inférieure à l’objectif officiel de 2% à la fin de l’année 2018 ».

En somme aucun des critères-clés de son mandat n’est aujourd’hui considéré comme acquis.

Il s’agit d’un changement majeur de perception, renforcé par la communication suivante : «  la persistance de risques à la baisse tant sur la croissance que sur  l’inflation, illustre le fait que ni la politique monétaire ni la politique budgétaire ne sont en position de  protéger l’économie américaine contre des chocs adverses ». Autrement dit, la Fed ne prendra aucun risque, ce qui dans le contexte en présence rend de plus en plus improbable une hausse de ses taux directeurs à horizon prévisible.

 

 

Janet Yellen bientôt félicitée

Télécharger l’hebdo

Autant dire que la Présidente de la Fed, Janet Yellen, aura été bien inspirée de changer son fusil d’épaule avant la réunion du Comité de politique monétaire du mois de septembre. Avec 112 000 emplois créés dans le secteur privé américain en septembre (après 100 000 en août), une nouvelle baisse du taux de participation de la population en âge de travailler et le repli à 1,6 % du taux de salaire du personnel non cadre, un resserrement monétaire, supposé nécessaire pour faire face aux goulots d’étranglement du marché du travail, aurait fait mauvaise figure.

L’économie américaine n’est assurément pas en bonne passe et c’est dorénavant le spectre d’une récession que scruteront les marchés ; un risque dont la probabilité a singulièrement augmenté à en juger par les enchainements susceptibles de naître de la mauvaise santé de l’industrie ces derniers mois. L’éventualité d’un quelconque resserrement monétaire à horizon prévisible s’en trouve de facto écartée. De quoi, certainement redorer le blason de Madame Yellen, à défaut de répondre à toutes les interrogations soulevées par un tel diagnostic.

Le roi est nu

Télécharger l’hebdo

La décision de la Fed de laisser inchangé le niveau de ses taux directeurs va beaucoup plus loin que le seul fait de ne pas modifier sa politique monétaire, elle emporte avec elle toute la symbolique d’un passage à l’acte impatiemment attendu depuis l’arrivée à terme de son programme d’achat d’actifs en octobre 2014, à savoir :
1- le caractère transitoire des politiques non-conventionnelles nécessaire pour continuer à donner leur blanc-seing à des pratiques d’envergure presque-planétaire aujourd’hui,
2- la validation du succès des politiques menées depuis la crise de 2008, qui précisément serait donnée par le fait que l’on puisse envisager de s’en passer,
3- l’idée d’une indépendance des banques centrales par rapport aux marchés financiers internationaux et au reste du monde, la globalisation semblant avoir atteint son paroxysme avec la crise financière de ces dernières semaines.
C’est bien pour cela que l’inaction de la Fed est reçue comme une mauvaise nouvelle, éventuellement susceptible de provoquer une nouvelle panique boursière.

Etats dés-Unis, l’autre réalité américaine

Télécharger l’article

L’expérience de l’union monétaire nous a montré, à bien des occasions, la difficulté à apprécier le juste milieu d’une situation économique d’un ensemble de pays aux situations disparates et le coût susceptible d’en résulter en matière d’efficacité de la politique économique, plus particulièrement monétaire. Souvent attribuées à la jeunesse de la zone euro, ces difficultés sont généralement considérées comme passagères, amenées à s’estomper au fil d’une construction renforcée sur la voie du fédéralisme, garant, à terme, d’une situation plus harmonieuse allant de pair avec une plus grande mobilité des capitaux et de la population. Pas sûr pour autant, que le modèle qui anime cet idéal soit toujours aussi performant. Le fédéralisme américain est en panne, sinon sur le plan politique du moins, de plus en plus nettement sur le plan économique. L’actuelle Présidente de la Fed, Janet Yellen, pourrait bien être la première à en faire les frais.

PIB par tête

 

Bons chiffres d’emplois et des salaires américains, l’horizon se dégage-t-il ?

Avec 280 000 créations nettes d’emplois en mai, l’économie américaine a été plus généreuse que prévu. De fait, ni les indicateurs en provenance des entreprises, ni ceux en provenance des consommateurs ne laissaient prévoir cette amélioration. Par ailleurs, la croissance des salaires commence à s’accélérer, affichant une hausse annuelle de 2,3 % pour la première fois depuis 2009, notamment sous l’effet d’une hausse des rémunérations des postes peu qualifiés à 2 % en mai après un point bas de 1,7 % en février.

Salaires US

L’horizon se dégage-t-il à nouveau pour l’économie américaine ?

Deux éléments nous retiennent de le penser, à ce stade tout au moins.

1- Le premier est relatif aux pertes de productivité persistantes que suggère le décalage entre la croissance de l’activité et celle des emplois. Après deux trimestres consécutifs de baisse, la productivité américaine ne pourra se rétablir dans les conditions présentes. Ceci a trois conséquences majeures :

  • Une détérioration du momentum des profits des entreprises,
  • Une baisse des perspectives d’investissement, donc du potentiel d’emploi futur,
  • Une accélération des coûts salariaux unitaires, en partie responsable de l’inconfort de la Fed à l’idée de repousser la hausse de ses taux directeurs.

2- Le second tient au changement de comportement des ménages qui depuis le début de l’année privilégient l’épargne à la dépense de sorte que les gains de pouvoir d’achat supérieurs à 2,5 % ont quasi-systématique été à l’épargne plutôt qu’à la consommation ces derniers trimestres. Plusieurs raisons semblent expliquer cette situation parmi lesquelles le phénomène d’exclusion des jeunes peu qualifiés du marché de l’emploi joue une part importante. A en juger par les chiffres publiés cet après-midi, la situation évolue peu sur ce front ; le taux de participation des plus jeunes à la vie active reste en effet particulièrement faible, campant autour de ses plus faibles niveaux depuis les années soixante.

Revenus et épargne USParticipation US

Un avant-goût de fin de cycle américain

Les indicateurs américains se suivent et se ressemblent depuis le début de l’année. Après une croissance quasiment nulle au premier trimestre, la déprime gagne du terrain : industrie, investissement, consommation, immobilier – y compris après le rebond d’avril -, productivité… L’emploi ne devrait, à l’évidence, pas tarder.

L’espoir que le contrechoc pétrolier prolonge le cycle de quelques trimestres, dorénavant évaporé, le risque de récession refait surface. À en juger par les indicateurs les plus récents, la probabilité d’une telle issue s’accroît, en effet, sensiblement. Lire la suite…

Faiblesse de la productivité, talon d’Achille du cycle en cours

Télécharger l’article

La publication d’une contraction des gains de productivité pour le deuxième trimestre consécutif a eu un retentissement marqué sur les marchés financiers et pourrait bien modifier la perception des risques assortis à la situation conjoncturelle américaine, remettant notamment dans le radar le spectre d’une possible récession. Pourquoi ces chiffres sont-ils tellement importants ?

Nous revenons ici sur le cycle de productivité, ses origines et ses implications sur les enchaînements conjoncturels en matière de rentabilité, de profits, d’inflation et de politique monétaire. Une façon de mettre en exergue les particularités du cycle présent et les dangers qu’encourrait la Fed en les mettant au second plan, à savoir celui d’accroître sensiblement la probabilité d’une récession que nous estimons aujourd’hui comprise entre 25 % et 30 %.

Hausse des taux de la Fed, contre argumentaire et risques

La Fed finira-t-elle par relever le niveau de ses taux directeurs d’ici à l’été comme l’anticipent les marchés ? Un certain nombre de raisons pourraient l’y pousser, en effet. Bon nombre d’autres suggèrent toutefois qu’elle prendrait un risque considérable à procéder de la sorte quand, sur le fond, aucune raison économique fondamentale ne justifie un tel passage à l’acte. En d’autres termes, la Fed pourrait faire un faux pas aux conséquences coûteuses sur le plan économique et financier international ; une raison, à notre avis, suffisante pour qu’elle ne le fasse pas.

USA Taux de salaire Lire la suite…