Les dispositifs anti-crise se succèdent et finissent par donner le tournis. Revenons sur les réflexions qu’évoquent les annonces du gouvernement français. Cent milliards, l’équivalent de 4 % du PIB français de la fin de l’année dernière, voilà qui est effectivement imposant, en plus des dispositifs de sauvetage mis en place ces derniers mois. Sauf que le rouleau compresseur du Covid-19 a détruit 382 milliards de création de richesse depuis le début de l’année et que les conséquences d’un tel choc, sans parler des ruptures économiques et sociétales que l’épidémie risque de provoquer, ont tout lieu d’être considérables et, sur de nombreux points, durables. Face à une telle situation, deux stratégies s’opposent. La première vise à tenter d’adresser l’urgence, c’est la stratégie allemande mise en place dès le début de l’été. La seconde tente de traiter la plupart des maux, immédiats, structurels ou stratégiques, au risque d’atténuer la force de frappe, d’un manque de visibilité et d’efficacité de la relance ; c’est le choix du gouvernement français. S’il est manifestement trop tôt pour tirer des conclusions hâtives sur ces stratégies différenciées, ces écarts ne manquent pas d’interpeller, tant en ce qui concerne leurs chances de réussite que leur manque de cohérence.
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BCE et gouvernement allemand de nouveau à la rescousse. Sinon, tout va bien…
Nouvelle salve d’annonces pour sauver une situation économique que la BCE et les gouvernements observent sous un jour apparemment plus préoccupé que ne le font les marchés. La première augmente de 600 milliards l’enveloppe consacrée à son programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP) dont le montant initial était de 750 milliards. L’Allemagne de son côté rajoute 130 milliards d’euros aux 250 mds déjà mis sur la table, sans compter les 1 000 mds de prêts garantis, les 250 de reports de taxes, ni les 50 en cours de négociation. On y perd son latin mais, si nos calculs sont bons, les dispositifs totalisent 46 % du PIB allemand dont 12 % hors report de taxes et financements. Alors, plutôt que de voir dans ces annonces l’assurance d’une sortie de crise, les marchés feraient mieux de se demander où nous en serions sans ces actions astronomiques pour jauger des dégâts de la pandémie.