Souvent observée comme un phénomène saisonnier, la correction des marchés du mois d’octobre n’avait que peu chahuté les esprits. Début novembre, d’ailleurs, les bourses mondiales se ressaisissaient, semblant entamer un nouveau départ, malgré une remontée des taux futurs américains vers les niveaux qui avaient, un mois plus tôt, provoqué leur décrochage. Aux mêmes causes, les mêmes effets. Tandis que la FED, apparemment peu émue par le regain de volatilité des marchés, annonçait la poursuite de sa politique de hausses graduelles de ses taux directeurs, les bourses ont renoué avec une intense instabilité début novembre, renforcée par des données économiques médiocres en provenance du monde hors États-Unis et les inquiétudes quant aux conséquences des élections de mi-mandat sur la politique à venir de l’administration américaine.
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Zoom arrière Octobre 2018 – Impossible remontée des taux d’intérêt
Mi-septembre, les marchés surfaient sur les bons résultats américains et l’espoir que ceux-ci entrainent l’économie mondiale. Malgré de médiocres nouvelles en provenance des pays émergents et de la zone euro, l’éloignement des promesses d’accord entre l’UE et le Royaume-Uni, la confrontation du gouvernement italien avec les autorités européennes, le temps était à la confiance. Fin septembre, l’indice Dow Jones gravissait de nouveaux sommets, le dollar avait le vent en poupe et les indices européens semblaient en passe de dépasser leurs niveaux du début d’année. En l’absence d’inflation, le risque monétaire était contenu. Malgré la révision à la hausse de son scénario de croissance, la FED maintenait inchangées ses perspectives sur les Fed Funds. La BCE, de son côté, semblait sereine, ses prévisions de croissance inchangées et les risques « globalement équilibrés ».
Si le discours des banques centrales évoluait peu, les taux d’intérêt à terme prenaient acte de ce qui paraissait une amélioration acquise des perspectives de croissance et d’inflation. Début octobre le rendement des T-Notes à 10 ans franchissait le seuil de 3 % puis de 3,20 % après l’annonce d’une nouvelle baisse du taux de chômage. Dans son sillage, le taux de l’OAT à 10 ans flirtait les 90 points de base, niveau qui n’avait pas été revu depuis début mars, malgré les tensions en Italie où les taux à 10 ans s’étaient envolés à plus de 3,50 %. La réaction des bourses à ce contrecoup n’a pas tardé. La semaine qui suivit, les indices mondiaux enregistraient des corrections massives, affectant les secteurs jusqu’alors les plus performants (nouvelles technologies et luxe) comme les valeurs déjà pénalisées de l’automobile ou des banques. Le mouvement mit un coup d’arrêt immédiat à la hausse des taux futurs…
Zoom arrière Septembre 2018 – Quand l’économie américaine n’est plus locomotive
Après plus d’un demi-siècle au cours duquel le tempo de la conjoncture américaine a fait, à de rares intermèdes près, celui du reste du monde, le lien semble rompu. Fruit des écarts de politique budgétaire, des attaques protectionnistes de D. Trump à l’égard de ses partenaires et, simultanément, d’une influence grandissante des effets richesse sur le comportement des entreprises et ménages américains, l’isolation des Etats-Unis s’est accentuée ces dernières semaines. Forts d’une croissance insolente, de la puissance de leurs monopoles numériques et du mutisme des anticipations d’inflation, les marchés américains ont continué à surfer sur la vague porteuse de ces dernières années, creusant davantage leurs écarts avec le reste du monde : marchés européens, au mieux stagnants, et marchés émergents aux prises avec les conséquences dévastatrices des sorties massives de capitaux. Les tensions commerciales persistantes entre les Etats-Unis et la Chine, la baisse des cours des matières premières et de médiocres résultats économiques ont propagé les crises de changes aux grandes économies émergentes après celle de la Turquie de la mi-août, alimentant, en retour, des doutes croissants sur les perspectives de la zone euro, elles-mêmes revisitées. Après avoir tablé sur une croissance de 2,4 % en mars, la BCE a revu une nouvelle fois ses prévisions, n’ayant plus les moyens d’envisager une croissance supérieure à 2 % pour 2018, malgré son volontarisme affiché.
Contre vents et marées, tensions commerciales ajoutées aux dissensions régionales et crispations autour de la dette italienne, l’euro a résisté, échappant à la spirale baissière un temps suggérée par son accès de faiblesse lors de la crise turque, mi-août ; la monnaie unique flirtait encore les 1,17 USD mi-septembre, en dépit du creusement persistant de l’écart d’intérêt à deux ans avec les Etats-Unis, à 332 points de base, un record de trente ans.
Zoom arrière Juillet 2018 – D. Trump et autres politiques sur tous les fronts
L’actualité économique a eu peine à supplanter l’attention occupée par l’agitation incessante du président américain au cours du mois écoulé. Tétanisée par l’incertitude que font peser les menaces protectionnistes, la BCE a repoussé au plus tôt à l’été 2019 l’éventualité d’une remontée de ses taux directeurs. La FED, qui a relevé sa projection des Fed Funds à quatre hausses cette année, n’a pas convaincu les marchés, lesquels n’intègrent pas à plus de 57 % cette éventualité aujourd’hui.
Malgré les bons résultats sur la conjoncture américaine, l’escalade des tensions commerciales a entretenu un climat de grande incertitude sur les perspectives mondiales. Aux Etats-Unis, plusieurs confédérations professionnelles ont tiré la sonnette d’alarme, demandant le retrait des taxes à l’importation d’acier et d’aluminium. En Europe, les enquêtes auprès des entreprises confirment une nette dégradation du sentiment industriel, malgré le rebond des commandes et de la production allemandes en mai. La légère amélioration sur le front des services est, quant à elle, exposée à la fragilité de la consommation, écornée par les pertes de pouvoir d’achat liées à l’envolée des prix de l’énergie. Si les tensions politiques entre membres de l’UE et l’affaiblissement de Mme Merkel n’ont pas eu d’effets patents sur les agents économiques, elles ont notablement affaibli le sentiment sur la capacité de l’UE à faire face à ses défis ; quand la déconfiture de T. May a remis au premier plan les questionnements sur le Brexit, voire, même, sa concrétisation.
Le fort repli des taux futurs a toutefois redonné un peu d’appétit au risque sur des marchés sur lesquels les valeurs technologiques ont profité de la fragilité des cycliques et de la double sanction des bancaires induit par l’aplatissement des courbes de taux.
Zoom arrière Juin 2018 – Chausse-trappes obligataires
Ni l’amélioration des données économiques américaines, ni l’apaisement des tensions en provenance d’Italie, la remonté de l’inflation ou le durcissement des politiques monétaires ne sont parvenus à inverser les tendances au repli généralisé des taux à long terme au cours du mois écoulé. Aux Etats-Unis, le rendement des T-Notes à 10 ans est retombé à 2,92 % dans les jours qui suivirent le FOMC des 12 et 13 juin, en dépit du relèvement d’un quart de point des Fed funds et du scénario de la FED pour cette année. En Allemagne, après une chute jusqu’à 30 points de base du taux du Bund à 10 ans au pire de la crise italienne, le communiqué plus accommodant que prévu de la BCE a court-circuité la remontée des taux permise par la mise à l’écart du sujet d’une sortie de l’Italie de la zone euro par le nouveau président du Conseil, G. Conte ; mi-juin, les taux allemands étaient retombés à 0,4 %, moitié moins qu’à la mi-février.
Au Royaume-Uni, la conviction que la banque centrale ne pourra pas se permettre une nouvelle volte-face sous peu, a laissé les marchés indifférents aux résultats économiques de meilleure facture ; les taux longs ont, ainsi, emboité le pas aux allemands.
Rassurés par les statistiques économiques du deuxième trimestre et la perspective d’une rencontre historique entre les dirigeants américain et nord-coréen, les bourses américaines ont vite récupéré le terrain perdu fin mai, retrouvant mi-juin leur niveau de mars, à peine inférieur de 3 % au point haut du 26 janvier pour le S&P 500. Le redressement des indices européens a été plus laborieux, dans un contexte de déceptions conjoncturelles, de faiblesse persistante des valeurs bancaires et de remontée de l’euro par crainte d’un durcissement de la politique monétaire de la BCE. Porté par le décrochage du yen, l’indice Nikkei a mieux tiré son épingle du jeu.
Zoom arrière Mai 2018 – Chauds-froids de printemps
Les bons résultats des sociétés du premier trimestre et le regain de vigueur du dollar ont réussi à prendre l’ascendant sur les déceptions conjoncturelles, l’extrême dégradation du contexte géopolitique international et les effets redoutés de l’envolée des cours du pétrole en ce début de printemps. Entre le début avril et la mi-mai, les bourses du monde développé ont enregistré de vives progressions, particulièrement marquées en Europe et au Japon, avec des hausses de plus de 6 % de l’Eurostoxx et du Nikkei, voire de plus de 9 % pour le Footsie 100, une fois écartées les anticipations de hausse des taux de la Banque d’Angleterre.
À l’écart, les marchés émergents ont essuyé les plâtres de la remontée rapide des taux d’intérêt américains et du dollar, sur fond de tensions géopolitiques croissantes consécutives aux frappes en Syrie du 4 avril et à l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, le 8 mai. Prises à revers par des sorties massives de capitaux, les plus grandes devises pétrolières ont le plus souvent décroché, le rouble perdant plus de 7 % de sa valeur dès lendemain des frappes et le real brésilien enregistrant des pertes comparables, bien que plus lissées dans le temps. Dans le même temps, le peso argentin subissait une crise violente et la lire turque sombrait sous le poids de la montée des tensions géopolitiques au Moyen-Orient.
Après une parenthèse début mai, au cours de laquelle, l’absence de tensions inflationnistes aux Etats-Unis a permis de faire retomber les craintes de remontées trop rapides des taux directeurs de la FED et, dans leur sillage, le cours du dollar, l’intensification des tensions géopolitiques a repris le pas sur les marchés internationaux.
Zoom arrière Mars 2018 – Rien ne va plus !
Mars a, décidément, été chahuté. En termes économiques tout d’abord, les indicateurs ayant pour la plupart déçu, soulignant une conjoncture mondiale moins porteuse qu’envisagé pour ce début d’année, durant lequel la reprise semble déjà plafonner. Sur le front de l’inflation, également, où la normalisation attendue tarde à se concrétiser, malgré une croissance revigorée depuis l’été dernier, une reprise généralisée du marché de l’emploi et la remontée des cours du pétrole. Les déconvenues de Facebook et de Tesla ont, quant à elles, semé le doute sur l’ensemble du secteur technologique, quand, sur le plan politique et géopolitique, se sont multipliés les sujets de crispations et d’inquiétudes :
– élections italiennes, dont on voit mal quel type de coalition gouvernementale pourrait en ressortir ;
– Proche-Orient, où l’échiquier stratégique évolue dans un climat de tensions croissantes entre l’Iran, la Syrie et Israël, Etats-Unis et Russie en arrière-plan ;
– protectionnisme de l’administration américaine agitant le spectre d’une guerre commerciale avec la Chine, dont nul ne peut prédire les développements ni les conséquences qui peuvent s’ensuivre.
La volatilité des marchés financiers n’a, au total, guère trouvé de place à l’apaisement, quand la communication de la FED au terme du premier FOMC dirigé par J. Powell a levé plus de doutes que de certitudes sur l’orientation à venir de politique monétaire américaine. Après une récupération en début de mois, les indices boursiers ont, partout, été malmenés dans un contexte de repli des taux d’intérêt, de fébrilité du pétrole et du dollar.
Zoom arrière Février 2018 – Une page se tourne sur les marchés financiers
La remontée des taux d’intérêt a fini par rattraper les indices actions, faisant du mois de février le plus mauvais depuis janvier 2016 avec un repli du MSCI monde de 4,3 % consécutif à la baisse généralisée des marchés obligataires en début de mois et à une envolée de la volatilité. Après une première jambe de repli en début de mois, la confiance n’est pas parvenue à reprendre le dessus et, malgré une tentative de récupération, février s’est terminé dans un contexte de fébrilité renouvelé des marchés. Au-delà des craintes de remontée trop rapide de l’inflation et des taux d’intérêt, l’annonce par le Président américain de sa volonté d’appliquer de fortes hausses des droits de douanes sur les importations américaines d’acier a lourdement sanctionné les valeurs concernées et ravivé les inquiétudes de guerre commerciale.