En guise de preview sur l’emploi américain…

La publication hier des chiffres de l’ADP, d’une croissance de 253 000 créations de postes privés au mois de mai a constitué une surprise aux conséquences très positives sur les marchés d’actions, l’indice Dow Jones trouvant là un nouveau prétexte pour poursuivre son ascension à un rythme effréné, à 21 144 points.
Après une nette décélération des créations d’emplois depuis le début de l’année, les données de l’ADP sont effectivement les bienvenues, susceptibles de redonner confiance dans l’économie américaine et sa capacité à tenir le cap d’une croissance décente malgré l’absence d’avancées sur le front des promesses budgétaires de l’Administration.
En somme, il y aurait dans cette confirmation de quoi court-circuiter les inquiétudes qui se sont fait jour depuis le début de l’année et inverser la tendance à la baisse des taux à long terme, devenue ces derniers temps éminemment contrariante par rapport à l’optimisme des marchés boursiers.
Reste, que les statistiques officielles du rapport mensuel sur l’emploi américain se sont singulièrement écartées de celle de l’ADP ces derniers mois. Selon les premières, le rythme des créations de postes se serait établi à 164 000 en moyenne au cours des trois derniers mois, un niveau inférieur de quasiment 63 000 postes par mois à ceux de l’ADP. Jamais de tels écarts n’ont été observés entre ces deux séries et les expliquer est, à ce stade du domaine de l’impossible. Il n’en reste pas moins que ce constat soulève bien des interrogations sur la réalité des tendances du marché de l’emploi américain depuis le début de l’année : est-il en décélération notable, à seulement 1,7% l’an ou, au contraire en accélération à 2,1%? Difficile à dire tant les tendances se révèlent éloignées.
A supposer que l’écart observé ces derniers mois entre ces deux séries persiste en mai, les données d’hier pourraient résulter en des chiffres NFP de seulement 190 000 emplois privés cet après-midi, soit des chiffres à peu près identiques à celles du mois dernier, de 194 000.

Le Beige book plombe les espoirs d’un deuxième trimestre revigoré et accroît le risque d’un statut quo de la FED en juin

Croissance modeste ou en ralentissement, inflation absente et faibles créations d’emplois malgré des goulots d’étranglement certains sur le marché du travail, le Beige book du mois de mai est en phase avec ce que relatent les indicateurs récents : malgré un ressaisissement des dépenses de consommation ces deux derniers mois, l’économie américaine s’enlise. En dépit de toutes les bonnes raisons de ne pas reculer, la probabilité que la FED préfère marquer une pause dans ses hausses de taux est bien réelle, un scénario à ce stade ignoré par les marchés qui intègrent à plus de 90% un nouveau relèvement de 25 pb le 14 juin…

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La FED garde la main sans rien annoncer

Conformément à nos attentes la FED a fait montre de confiance sur la situation et les perspectives économiques américaines dans son communiqué, minimisant la détérioration récente des indicateurs et de la croissance à des phénomènes transitoires.

Bien que ne s’engageant aucunement à ce stade sur le calendrier du prochain mouvement de hausse de ses taux, cette confiance a suffi à produire ses effets : les anticipations de hausse de taux en juin ont augmenté de 10 points après ce communiqué, à 73,8 %, permettant simultanément un léger redressement des taux à 10 ans et du cours du dollar.

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Entreprises américaines, la patience pourrait avoir des limites

Les commandes de biens durables publiées aujourd’hui aux États-Unis constituent un sérieux rappel à l’ordre pour l’administration de D. Trump. Si l’indicateur total est à peu près satisfaisant, en hausse de 0,7 % en mars par rapport à février, la composante la plus pertinente en matière d’investissement qui concerne les commandes de biens d’équipement hors défense et aviation est, elle, quasiment stagnante, en hause de moins de 0,2 % pour le troisième mois consécutif.

Après s’être reprises en toute fin d’année, en bonne partie sous l’effet du rebond de l’activité pétrolière, les commandes de biens d’investissement sont désespérément faibles, très en retrait de ce qu’aurait pu suggérer l’embellie sur le front du climat des affaires. Signe que les entreprises n’ont guère de raisons d’investir ou qu’elle sont en phase d’attentisme avant la grande réforme fiscale, ces déceptions rappellent à quel point l’enjeu des discussions en cours sur la fiscalité des entreprises est important. En l’absence de raffermissement rapide, la croissance annuelle des commandes ne tardera pas en effet à s’essouffler. Ceci d’autant plus que les données récentes, en valeur, ont sans doute été gonflées par des effets prix amenés à s’éroder eux aussi.

Mario Draghi – «p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non»

Après la publication d’un communiqué de politique monétaire sans changement de la part de la BCE, à la suite de laquelle l’euro avait commencé à refluer, l’allocution de Mario Draghi s’est ouverte sous un jour beaucoup plus confiant. Résolument réconforté par les tendances économiques récentes, tant en matière d’activité que de crédit et d’inflation et, en apparence, peu préoccupé par la situation politique en France, la confiance affichée par le président de la BCE a brièvement propulsé l’euro près de 1,093 USD. Le sentiment a subitement changé lors de la séance des questions-réponses avec les journalistes, durant laquelle M. Draghi a émis doutes sur doutes pour finalement donner l’impression d’une extrême prudence persistante.

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Effet d’annonce réchauffé– le flop de D. Trump

La présentation hier des détails du programme fiscal de D. Trump n’a pas eu d’effet visible sur les marchés, pire, les indices américains se sont légèrement repliés après ces annonces qui, pourtant, vont au-delà de ce qui était contenu dans le programme du candidat. Sans doute les investisseurs considèrent-ils que ces changements sont déjà intégrés dans la valorisation actuelle des actifs après une hausse de 11 % de l’indice S&P 500 depuis l’élection du nouveau président américain. Sans doute, également, préfèrent-ils la prudence après les déceptions à répétition, la réalité d’une situation budgétaire qui n’offre guère de marges de manœuvre depuis le rejet du projet de refonte de l’Obamacare et le vaste flou qui entoure la ligne politique de la nouvelle administration américaine, notamment à l’égard de l’étranger. Ce qui ressemble à un recul sur le front de l’Alena, que le président américain ne semble plus vouloir dénoncer mais seulement renégocier, fait partie de ces volte-face susceptibles de transformer une bonne nouvelle en élément additionnel d’incertitude.

Si cette lecture est la bonne, il faudra des certitudes ou, tout au moins, des évidences plus fortes que la seule réédition d’un programme déjà connu dans ses grandes lignes, pour convaincre et faire effectivement réagir les marchés. On suivra de près dans cette perspective l’évolution des débats entre républicains afin d’appréhender la réception par le Congrès de ces propositions choc.

BREXIT : ce n’est que le début…

Faute de soutien suffisant pour mener à bien le processus de sortie de l’UE à sa façon, la première ministre britannique Theresa May vient d’annoncer la tenue d’élections législatives anticipées le 8 juin prochain. Surprenante -T. May avait jusqu’à présent formellement rejeté, en effet, l’hypothèse d’une avancée des législatives de 2020- cette décision pose de nombreuses interrogations sur ses conséquences éventuelles.

Objectif : avoir une légitimité électorale ainsi qu’une équipe plus solide pour mener à bien les négociations du Brexit engagées depuis la fin mars avec l’enclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne. Theresa May a en effet suivi une ligne dure d’une sortie de l’UE (« hard Brexit ») assez largement contestée en dehors des rangs conservateurs, alors que les récents sondages montrent une possibilité de renforcer de 17 à 20 le nombre de sièges des Conservateurs à la chambre des Communes. Un succès à ces élections lui donnerait sans doute les moyens de trancher les cas litigieux et d’accélérer les négociations avec l’UE.

Risques :  L’opportunisme de T. May n’est toutefois pas sans risques. Celui :

1- de ne pas recueillir de soutien suffisant le 8 juin pour maintenir la ligne dure qui était la sienne, ce qui lui imposerait de reculer sur ses intentions premières,

2- celui, d’un affaiblissement beaucoup plus large de son soutien.

Peut-on envisager un échec susceptible de remettre en cause le processus même d’un Brexit ? Ce scénario, bien qu’a priori très faible, ne peut être exclu. Avec l’annonce d’aujourd’hui s’ouvre clairement une nouvelle source d’incertitudes.

La réaction très positive de la livre est de fait assez surprenante, cette dernière ne pouvant s’entendre, selon nous, que dans les deux scenarii de risques évoqués plus haut ; une version soft du Brexit ou… l’idée d’un coup de théâtre que constituerait un retour en arrière. En tout état de cause, à brève échéance, le potentiel d’appréciation supplémentaire de la devise britannique semble réduit, tout comme l’est le potentiel de remontée des taux à terme.