Garder la tête froide

« Phénomène suffisamment rare pour être souligné », « du jamais vu depuis 2012 »… Le ton des commentaires de ce matin sur la révision à la hausse, de 1,6 % à 1,8 %, des prévisions de l’INSEE sur la croissance française de cette année, laisse dubitatif tant il semble disproportionné. Du même tonneau, les analyses sur le rebond de 3,6 % des commandes à l’industrie allemande du mois d’août semblent un brin décalées par rapport à la réalité économique. Que la conjoncture européenne s’améliore est indiscutable, gare toutefois à ne pas tirer de conclusions trop hâtives face à un contexte de marché financier incitant assurément à voir midi à sa porte.

En l’occurrence, s’il est une raison de se réjouir des statistiques allemandes de ce matin, c’est parce que ces dernières étaient jusqu’alors les grandes absentes de la panoplie des indicateurs d’une meilleure santé de la conjoncture, ce qui finissait par devenir gênant par rapport au discours ambiant. Derrière la statistique allemande des commandes se trouvent, en effet, d’importantes informations sur l’évolution de la demande internationale, en particulier celle de biens d’équipement, dont on attend qu’ils s’inscrivent en phase avec l’embellie pressentie du côté de l’investissement des entreprises. Leur raffermissement est donc une bonne nouvelle. On notera toutefois, qu’à ce stade, leur croissance n’égale pas encore le rythme du premier trimestre de cette année, en particulier du fait d’une persistante mollesse des commandes étrangères dont le niveau n’est pas plus élevé aujourd’hui qu’en début d’année.

L’évolution des autres composantes de la demande étrangère est également plutôt décevante, notamment pour ce qui concerne les ordres en provenance de la zone euro en repli ces deux derniers mois du fait d’une contraction des commandes de biens d’équipement…

Au total, si ces données vont dans la bonne direction, elles mériteront d’être confirmées pour valider le regain d’optimisme en présence au sujet des perspectives tant de l’Allemagne que du reste de la zone euro.

Impasse espagnole : une crise, vraisemblablement, durable

Difficile d’anticiper les développements à venir en Catalogne après la consultation de dimanche 1er octobre. Sur le papier, la Catalogne serait en mesure de proclamer son indépendance dans les tout prochains jours, conformément à la loi adoptée par le gouvernement catalan début septembre. La crise que pourrait déclencher une telle option invite toutefois certains observateurs et politiques à envisager une annonce dont les effets ne seraient effectifs que dans plusieurs mois, privilégiant ainsi la possibilité de négociations. Dans un cas comme dans l’autre, le vote du 1er octobre risque fort d’avoir ouvert une période de grande incertitude pour l’avenir de l’Espagne.

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Alors Janet, c’est sûr faut y aller ?

Les données publiées cet après-midi ne sont pas exactement les plus favorables au scénario défendu par la FED ces derniers temps… Sans doute insuffisantes pour la faire reculer, ces données pourraient toutefois nuancer quelque peu la rhétorique de Janet Yellen.

– Stagnation sur de faibles niveaux du revenu réel des ménages

– Repli des dépenses de consommation 

– Nouvelle baisse du taux d’inflation sous-jacent des dépenses des ménages, à 1,3% en août, retombée sur ses plus bas de 2015…

Au rythme où évoluent les PMI, la BCE pourrait bien, elle aussi, nous parler de surchauffe…

57,2 pour le PMI composite français du mois de septembre, 57,8 pour celui de l’Allemagne, soit, dans les deux cas une progression de deux points par rapport au mois d’août et des niveaux, sinon records, du moins les plus élevés depuis plus de six ans. De quoi convaincre que la conjoncture européenne se porte bien et assurément mieux que généralement envisagé, surtout après l’envolée de l’euro de ces derniers mois.

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Bruit de bottes

La montée des tensions avec la Corée du nord depuis ce début de semaine commence à marquer son empreinte sur les marchés financiers. On note en particulier, aujourd’hui :

– Une accélération du mouvement baissier des taux d’intérêt à terme, particulièrement marquée aux Etats-Unis avec un repli des taux à 10 ans à 2,08 % cet après-midi ainsi qu’une nette décrue des rendements à 2 ans, sous les 1,30 %. Un mouvement plus rapide encore en zone euro, où les taux à dix ans allemands ont en proportion reflué plus violemment, à 0,33 % au moment où nous écrivons, contre 0,37 % en clôture hier, mouvement accompagné d’un écartement des spread intra-UEM, les rendements ayant mieux résisté dans le reste de la zone euro.

-Une amplification du mouvement de hausse des cours de l’or par rapport à ces derniers jours, au-delà de 1342 $ l’once, un plus haut depuis septembre de l’année dernière.

– Phénomène plus récent, une forte réaction des cours du pétrole, le Brent de Mer du nord ayant été propulsé au-dessus du range dans lequel il oscillait depuis la fin août, à 53,55$/b, son plus haut depuis le mois de mai. Des réactions disparates des différents marchés de matières premières, dont une baisse marqué des métaux industriels que la montée des craintes sur les retombées conjoncturelles explique (zinc, nickel, plomb en particulier) et des variations plus désordonnées sur les softs (fortes hausses du soja, du blé et du sucre américains).

– Une faiblesse persistante du dollar en net repli ce matin, qui reste toutefois surprenante compte tenu de la montée des crispations géopolitiques à l’origine des inquiétudes en place. La fermeté du yen, jouant à nouveau pleinement son rôle de valeur refuge, ne manque pas, de même, d’interroger vu l’exposition du Japon aux tensions de ces derniers jours avec la Corée du nord. À suivre…

– Enfin des réactions en chaîne sur les marchés d’actions particulièrement sévères pour les financières, bancaires et assurances confondues, et les matériaux de base, tandis que les pétrolières réagissent positivement à la hausse des cours du pétrole et que l’automobile, la construction résistent, dans l’ensemble en Europe (les baisses étant beaucoup plus généralisées sur le marché américains où tous les secteurs à l’exception de celui de l’énergie et des consumer staples accusent de forts replis).

 

Rapport sur l’emploi américain, ce qu’il faut retenir en quelques graphiques

Les créations d’emplois s’établissent à 156 K en août, après 189 K en juillet.  Ces mauvais résultats tiennent surtout au net reflux des créations de postes dans les loisirs et l’hôtellerie, secteurs parmi les plus dynamiques depuis le début de l’année. En revanche, l’industrie manufacturière a créé    36 K emplois, une nette amélioration par rapport à la situation qui prévalait au premier semestre. La croissance des salaires reste toutefois bridée, de 0.1% seulement en août, ou 2.5% l’an comme en juillet. Enfin, le taux de chômage remonte.

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Double carton pour M. Draghi

L’exercice était forcément complexe pour le président de la BCE, Mario Draghi, aujourd’hui.

Il lui fallait tout à la fois :

  • prendre acte de l’amélioration des indicateurs conjoncturels récents et communiquer sur des prévisions de croissance, forcément, revues à la hausse (à 2,2% pour 2017)
  • stopper la dépression des rendements obligataires de ces dernières semaines, dont la direction est clairement contraire à ses souhaits ; après avoir réussi à faire remonter les taux longs en début de conférence, le président de la BCE semble avoir échoué sur ce point, tant il s’est montré réservé quant à l’éventualité d’un changement envisageable de sa politique monétaire à horizon prévisible.
  • prévenir toute accélération du mouvement de hausse de l’euro ; l’échec est là total, le diagnostic rassurant sur les perspectives conjoncturelles de la zone euro semblant largement l’emporter sur les marchés des changes, tandis que Mario Draghi a continué à mentionner un ajustement à venir de la politique de la BCE , courant 2018 quand bien même il s’est bien gardé de quelconques précisions sur l’agenda envisagé. Résultat, bien qu’ayant souligné la vigilance de la BCE à l’égard du taux de change, dorénavant tout aussi déterminant que la croissance et l’inflation dans l’orientation à venir de la politique monétaire, l’euro est repassé au-dessus de 1,20 USD et frôle les 131 JPY.

En d’autres termes, bien qu’incontestablement « dovish », en particulier en comparaison de sa posture de début d’été, le Président de la BCE ne semble guère avoir les moyens de s’opposer aux pressions haussières de l’euro. La balle repart, dès lors du côté américain…

 

Véronique Riches-Flores

contact@richesflores.com

Krach du dollar

Ne cherchons pas de ce côté-ci les raisons à l’origine de l’envolée de plus en plus préoccupante du cours de l’euro-dollar. Initialement provoquée par les propos du près de la BCE lors du symposium de la BCE à Sintra, renforcée ensuite par la bonne récolte d’indicateurs économiques européens de cet été, c’est aujourd’hui d’une défiance grandissante à l’égard du dollar américain que s’alimente, par défaut, l’appréciation du cours de l’euro contre le dollar.

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