Le cercle vicieux allemand

Avec la baisse de l’inflation et la baisse des taux d’intérêt, l’économie allemande pouvait espérer une année 2024 un peu meilleure que 2023. L’institut IFO, dans ses prévisions de jeudi dernier, tablait sur une hausse du PIB de 0,9 %. Notre propre scénario envisageait une croissance de 0,5 %, certes modeste, mais plus encourageante que la contraction de 0,3 % attendue pour cette année. Malgré tout, les éléments contrariants se multiplient.

  • Après les PMI, les indicateurs IFO du climat des affaires se sont de nouveau repliés. L’indicateur composite est retombé de 87,8 à 86,5 points entre novembre et décembre, sous l’effet d’une dégradation dans l’industrie, la construction et le commerce, seuls les services se maintenant à peu près à flot, avec un solde d’opinions toutefois légèrement négatif. Avec des indicateurs d’ores et déjà très faibles, ces nouveaux replis mettent largement à mal les espoirs de reprise nés des statistiques des mois précédents.
  • Dans un tel contexte, les développements budgétaires sont particulièrement malvenus. Le retour du « frein à l’endettement » imposé par la Cour de Karlsruhe a poussé le gouvernement à combler un trou de 17 milliards d’euros dans le budget 2024 par des hausses de taxes et des baisses de dépenses, auxquels s’ajoutent les coupes dans les fonds spéciaux hors budget. Il s’agit, au total, d’une perte équivalente à environ 1,5 % du PIB allemand, sur plusieurs années, particulièrement malvenue pour une économie allemande, déjà en très mauvaise posture.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

C. Lagarde, muselée par les « hawks » du conseil de la BCE, peine à convaincre

Madame Lagarde a été fidèle à la tradition de la BCE, un brin plus austère, même, que ce que nous avions envisagé. Les plus faucons du conseil des gouverneurs ont-ils été agacés par le changement de posture de la Fed, trop précoce à leurs yeux ? Ce n’est pas impossible. Toujours est-il qu’il que la communication de C. Lagarde a clairement pris le contrepied de celle de J. Powell, précisant notamment que le sujet de possibles baisses des taux n’avait même pas été évoqué lors le conseil de ce mois-ci et omettant de mentionner la chute des anticipations d’inflation des marchés, indicateur pourtant regardé de très près habituellement. On avait envisagé que la BCE ne voie pas d’un bon œil l’accélération du changement des anticipations de politique monétaire de ces dernières semaines et qu’elle cherche, de ce fait, à en temporiser le mouvement. C’est bien ce qui ressort de ce rendez-vous de fin d’année, à une nuance près : la BCE n’a guère convaincu. Si les taux à deux ans allemands ont, effectivement, regagné un peu du terrain perdu après la réunion de la Fed, ils terminent la journée en repli de quasiment 10 points de base, à 2,54 %, signalant avec plus de conviction encore les perspectives d’un net repli à venir des taux directeurs de la part des marchés. Sauf sur les marchés des changes sur lequel l’euro s’est envolé à quasiment 1,10$ (de 1,2 %), la communication officielle de la BCE ne semble guère prise en considération.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Les étrennes avant l’heure de J. Powell : Noël au balcon Pâques au tison ?

C’est une chose de considérer que la Fed retrouvera d’importantes marges de manœuvre pour baisser ses taux en 2024, comme l’illustrent, sans surprise, les changements apportés par ses membres à leurs prévisions. C’en est une autre que de s’engager dès aujourd’hui sur le terrain de futures baisses des Fed Funds, après, d’ores et déjà, une chute des taux longs de l’ampleur de celle de ces dernières semaines. La Fed aurait, en effet, pu être tentée de temporiser la chute des anticipations de taux, le temps, au moins, de pouvoir en apprécier les conséquences sur l’économie américaine. Tel n’a pas été son choix.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Un mois pour rien pour l’inflation américaine… et sans doute pour la Fed

Pas vraiment de changement sur l’inflation américaine, en baisse d’un dixième, à 3,1 % en novembre, tandis que sa composante sous-jacente est restée stable à 4 %. Pas non plus de bouleversement parmi les principaux secteurs : la baisse mensuelle des prix de l’énergie et les faibles hausses dans l’alimentaire font reculer l’inflation totale, les biens restent à la limite de la déflation et les évolutions des prix des services demeurent contenues, sauf pour les services de transport.
Rien qui ne puisse inciter la Fed à remonter ses taux, mais, surtout, rien qui ne justifierait qu’elle avance son éventuel calendrier de baisse.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

BMG novembre 2023 – Vague à l’âme de la conjoncture

Après une brève incursion en territoire positif en septembre, notre baromètre retombe en novembre, à -0,2, après -0,1, révisé à la baisse d’un dixième. Ses composantes restent pour la plupart en zone neutre, à l’exception des exportations, en fort recul. Les Etats-Unis, qui avaient porté notre baromètre au cours des derniers mois, vacillent. Ailleurs peu de mouvement sinon un léger frémissement de la consommation en Europe. Notre indicateur d’inflation plonge à -1,3, un plus bas de notre historique.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Chute de l’inflation : la BCE au pied du mur, un coup d’arrêt à l’envolée de l’euro

Contrairement aux attentes, la baisse de l’inflation ne semble pas terminée en zone euro. Cette dernière s’est à nouveau fortement repliée en novembre, de 0,5 point, à 2,4 %, un plus bas depuis juillet 2021, en même temps que sa composante sous-jacente passait de 4,2 % à 3,6 %. Contrairement aux mois précédents, les effets de base négatifs n’expliquent que partiellement ces mouvements. La hausse mensuelle des prix a très fortement ralenti, en effet, notamment pour ce qui concerne les composantes sous-jacentes.
Les facteurs de rebond ponctuel de l’inflation existent : les effets de base devraient lui faire regagner quelques dixièmes en décembre, la fin des boucliers tarifaires pourrait entraîner des hausses de prix énergétiques, etc… A contrario, le rattrapage post-covid, maintenant dépassé, les chances que l’inflation des services se normalise l’emportent, à la faveur de perspectives d’une décélération plus rapide que prévu de l’inflation sous-jacente, également tirée à la baisse par les prix des biens hors énergie. La BCE devra en tirer les conséquences au moment où, dans la balance des risques, les menaces sur la croissance supplantent de plus en plus celles sur l’inflation. Les marchés des changes en ont tiré les leçons, avec dès la publication des données allemandes d’hier, un coup d’arrêt à la hausse de l’euro-dollar.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Les nouvelles d’Asie ne sont pas bonnes. Comment pourrait-il en être autrement ?

Une nouvelle fois, les nouvelles d’Asie déçoivent. En Chine, les PMI ont un peu plus fléchi, que ce soit dans l’industrie ou les services, en dépit d’un léger mieux dans la construction. En Corée, après deux mois de progression, la production industrielle s’est contractée de 3,5 % en octobre et stationne à un rythme de hausse de 1,8 % l’an, tandis que les exportations plafonnent et que les indicateurs de demande domestique ont du plomb dans l’aile. Ces données font écho à celles en provenance du reste de l’Asie de ces derniers jours, Vietnam y compris, et du Japon où, malgré un très léger mieux sur le front de l’activité industrielle en octobre, les tendances en place restent désespérément moroses.
En l’absence de reprise de la demande mondiale, l’inertie des exportations explique pour l’essentiel ces difficultés, lesquelles ne semblent pas en voie de résorption à en juger par les indicateurs avancés américains, toujours très influents sur l’activité exportatrice de la région. L’ensemble justife le calme observé sur les marchés des matières premières en dépit des tentatives récurrentes de rebond, telles que celles de ces derniers jours sur le marché pétrolier dans l’attente des annonces de l’OPEP+ dont on peut légitimement douter des conséquences durables sur les cours.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

L’inflation japonaise s’envole, les PMI retombent, la BoJ au pied du mur ?

Alors que 80 % des économistes envisagent une hausse des taux de la BoJ dans le courant de l’année prochaine, l’hypothèse d’un passage à l’acte est de plus en plus fragilisée par l’évolution des anticipations de politique monétaire en occident et, de facto, beaucoup plus sensible à l’évolution des données japonaises. Celles de la nuit dernière ne sont pas des plus encourageantes pour la BoJ. En octobre les prix ont enregistré leur plus forte remontée mensuelle depuis 2014, de quoi assurément questionner sa stratégie hyper-accommodante. La BoJ risque-t-elle, dès lors, de changer son fusil d’épaule, au risque de fragiliser davantage son économie chancelante et, au-delà, d’entraver l’amélioration du contexte obligataire occidental ? Les détails des données du jour lui offrent encore quelques cartouches.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre