Prétendre pouvoir compenser les effets dévastateurs de la surévaluation de l’euro par l’application des recettes allemandes des années 2000 est un leurre.
Un retour sur les conditions du succès de l’ajustement compétitif de l’économie allemande rappelle à quel point cette transition a été aidée par des conditions exceptionnelles. Le contexte international des années 2000 a non seulement servi de puissant levier au redressement industriel de l’Allemagne mais a également permis que cette transition se fasse à moindre coût pour les consommateurs d’outre-Rhin.
Aucun des pays de la zone euro ne dispose aujourd’hui d’atouts industriels comparables à ceux de l’Allemagne ni des moyens d’atténuer le coût social des réformes susceptibles d’être nécessaires au rétablissement compétitif de la zone euro. Appliquer les recettes allemandes, sans prendre en considération la réalité des conditions qui ont conduit à leur succès, est sans doute le plus grand danger que les responsables européens font encourir à l’union monétaire dans le contexte présent.
Face à une telle situation, force est de constater qu’il n’existe qu’une seule réponse : celle d’une dépréciation orchestrée de l’euro, à l’instar de ce qui fut décidé en 1985 par les accords du Plaza pour soulager l’économie mondiale des méfaits de la surévaluation du dollar. Espérons que la menace que constitue l’enlisement de la zone euro finira par convaincre de cette nécessité, car là réside probablement l’ultime chance de sauvetage de l’union monétaire.