Une autre illustration du risque que prendrait la Fed en relevant ses taux

Après la chute de l’Empire manufacturing, celle du Phili Fed aujourd’hui en disent suffisamment sur le risque que la Fed prendrait à relever le niveau de ses taux d’intérêt aujourd’hui. A en juger par la médiocrité des enquêtes régionales, l’indice ISM devrait s’afficher en net repli en septembre, probablement plus proche de 50 que de 51, après 51,1 en août, déjà sept points en retrait par rapport au pic atteint en août 2014.

L’industrie manufacturière est donc à deux doigts de la récession, résultat de l’effet combiné de la chute des investissements dans l’industrie pétrolière et de la hausse du cours du dollar. Le reste de l’économie peut-il y faire face ? C’est toute la question, la seule période durant laquelle une telle configuration a pu être observée par le passé ayant été 1998, après la crise asiatique mais également en pleine bulle des nouvelles technologies alors éminemment porteuse pour le tertiaire…

Fed, les paris restent ouverts et la volatilité intacte !

La publication des données tant attendues sur l’emploi salarié américain du mois d’août ne lève pas les incertitudes sur ce que décidera la Fed au terme de son prochain FOMC des 16 et 17 septembre. Si les créations de postes, de 173 000 seulement, sont largement inférieures aux attentes et à la moyenne de ces derniers mois, les révisions à la hausse des chiffres de juin et juillet, la nouvelle baisse du taux de chômage à 5,1 % et la légère accélération des salaires (0,3 % sur le mois et 2,2 % sur douze mois) pourraient entretenir l’anticipation d’une hausse des taux directeurs par une proportion suffisante d’observateurs pour continuer à alimenter le doute… Autant dire que la volatilité n’est pas prête de retomber, à l’instar des mouvements désordonnés apparus sur les marchés des changes, ceux de l’or et du pétrole après la publication de ces chiffres.

A répéter à l’envie que sa décision de relever le niveau de ses taux d’ici la fin de l’année dépendrait des données à venir, la Fed prenait le risque de telles perturbations mais aussi celui de créer une certaine zizanie. L’appel à une remontée des taux de M. J. Lacker, Président de la Fed de Richmond, quelques minutes avant la publication des données, à l’origine d’un décrochage de l’euro sous les 1,10 USD, fait en l’occurrence désordre. Il est grand temps que la Fed clarifie sa position. Aura-t-elle l’audace d’évacuer tout scénario de hausse des taux d’ici la fin de l’année le 17 septembre ? Pas sûr mais on ne peut que le souhaiter.

Pékin défile, Draghi se faufile

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Avec un marché chinois à l’arrêt, l’effet d’annonce avait plus de chances d’être un succès. En tous les cas il l’a été. Mario Draghi, le Président de la BCE, en a dit suffisamment aujourd’hui pour convaincre que la BCE était prête à passer à une action de plus grande envergure que son programme de quantitative easing initié au mois de mars.

La BCE est donc sur le qui-vive, prête à faire front à de nouvelles perturbations sur les marchés internationaux et à prévenir une réappréciation de l’euro, notamment si la Fed venait à ne pas modifier sa politique monétaire lors de son prochain FOMC mi-septembre.

L’histoire ne dit pas, toutefois, quelle sera la puissance de cet appel d’air.

Les robots déraillent une nouvelle fois à New-York…

La responsabilité des « robots » ou trading haute fréquence a largement été mise en avant ces dernières vingt-quatre heures pour justifier l’ampleur des baisses des indices et la volatilité de la journée de lundi. Nombreux ont trouvé dans cette explication une raison de se rassurer sur les fondamentaux de marchés et de racheter les indices qui se sont largement ressaisis ce mardi en Europe.
L’ouverture des marchés américains, bien que plus timorée, semblait pouvoir ouvrir la voie à une belle fin de séance outre Atlantique également. Mais à une heure de la clôture, les choses ont tourné vinaigre, les indices ont viré au rouge pour terminer la séance en perte de 1,35% pour le S&P 500 et de 0,44% pour le Nasdaq composite. De quoi assurément refroidir les esprits. Aux niveaux atteints ce soir, la direction prise par les marchés américains soulève assez peu de doutes.
Dans de telles conditions, la nuit risque d’être compliquée en Asie et le réveil européen pourrait bien prendre l’allure d’une gueule de bois. Pourra-t-on encore incriminer les machines ?

Indice S&P 500 – séance d’aujourd’hui (Source : Bloomberg)

Le scénario de correction qui se profile s’accélère, prenant une allure plus inquiétante encore que ne l’était notre scénario du mois de juin. Nous conservons de fait plus que jamais nos recommandations de stratégie de début d’été :

  • Vente des actions mondiales (attention au marché nippon en bonne voie pour emboiter le pas aux autres marchés)
  • Achat d’obligations d’Etat (les taux longs ont une marge substantielle de repli à en juger par la remontée des taux réels depuis le début du mois)
  • Achat, encore et toujours de l’euro et de l’or,
  • Vente massive des obligations corporate (notre recommandation de juin était moins agressive sur ce point qu’aujourd’hui)
En d’autres termes, une protection maximale face un un risque majeur de correction d’ampleur.

La croissance française sera meilleure au troisième trimestre

La stagnation de l’économie française au deuxième trimestre n’est pas une réelle surprise. Les indicateurs mensuels nous y avaient préparés, climat des affaires, production et consommation étaient quasiment à l’arrêt au printemps. Les résultats enregistrés depuis le mois de juin sont toutefois plus encourageants sur chacun de ces fronts, laissant présager un rebond de la croissance au troisième trimestre.

La Fed a-t-elle fait une annonce ?

A survoler les headlines des médias spécialisés, le communiqué du FOMC de ces deux derniers jours préparerait une hausse des taux dès septembre. Curieuse interprétation d’un texte dont on peine à trouver un élément différenciant par rapport à ceux de ces dix-huit derniers mois !

Si les appréciations sur la situation de l’économie américaine sont, en effet, un brin moins préoccupées qu’au mois de juin, notamment sur les fronts de l’emploi et de l’immobilier, la Fed ne semble pas avoir pris de quelconque décision sur une éventuelle hausse de ses taux directeurs en septembre ni même en décembre. Bien que jugeant les risques à peu près équilibrés, elle termine sa communication selon le rituel de ces derniers mois : The Committee anticipates that it will be appropriate to raise the target range for the federal funds rate when it has seen some further improvement in the labor market and is reasonably confident that inflation will move back to its 2 percent objective over the medium term.

En d’autres termes, la Fed attend davantage du marché de l’emploi, ce qui risque de prendre un certain temps, peut-être plus de temps que ne pourra l’offrir le cycle en présence.

Les marchés semblent y perdre leur latin cumulant hausse du dollar, repli des taux longs et rebond des indices action… Des réactions dont on peine à croire qu’elles puissent annoncer de quelconques tendances durables.

Janet Yellen croit-elle ce qu’elle dit ?

La détermination de la Présidente de la Fed, Janet Yellen, à annoncer une hausse des taux cette année est surprenante au vu des indicateurs économiques les plus récents :

– repli des ventes de détail,

– baisse du climat de confiance dans les PME mesuré par le NFIB

– stagnation de la production manufacturière,

– l’ensemble sur fond de regain de faiblesse des cours du pétrole et de remontée du dollar.

Comment comprendre ses messages?

Nous continuons à penser qu’un passage à l’acte serait très risqué dans le contexte économique et financier présent et il semble que nous soyons de moins en moins isolés à le penser. Janet Yellen, dont on avait plutôt compris qu’elle était de nature prudente, a-t-elle des raisons de prendre un tel risque ou a-t-elle choisi la posture de l’optimisme, qui ne peut se départir de la projection d’une hausse des taux, dans le seul but d’éviter un scénario tel que celui du mois d’octobre dernier quand l’annonce d’une non-action avait précipité une correction brutale des marchés financiers ?

Production et ventes detail US

Faux artifices, ou… quand les nouveaux paradigmes sont légion

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Il existe une caractéristique commune à toutes les bulles qui se manifeste par l’incapacité à prendre la distance nécessaire pour apprécier un prix. Les actifs dont la valeur faciale escompte un rendement futur, fonction de projections sur un avenir que nul ne peut prétendre prévoir mieux que son voisin, sont assez facilement sujets à cette myopie, surtout lorsque revient le temps des nouveaux paradigmes.