Après le 9 juin, l’intégration plus poussée de l’UE vraisemblablement terminée

La législature 2019/2024 du parlement européen a été marquée par des progrès sans précédent en termes d’intégration. Plus solidaire, plus fédérale et par là-même plus utile aux populations, l’Europe n’a jamais gagné autant en popularité qu’entre 2020 et 2022, quand une succession de crises inédites lui ont donné l’occasion d’être tout à la fois actrice, protectrice et ambitieuse.
L’Union européenne achève, pourtant, ce quinquennat dans des conditions de défiance et de désarroi extrêmes. Aux grandes initiatives des grandes crises ont succédé des déboires qu’elle n’avait jamais connus, suivis d’un désenchantement d’autant plus grand que le projet européen commençait à susciter une plus large adhésion. Incapable de trouver ses marques et de s’adapter au nouvel ordre mondial que cache un désordre aux antipodes de l’idéologie sur laquelle elle a cru pouvoir bâtir son avenir, l’UE n’est jamais apparue aussi défaillante qu’aujourd’hui. A deux doigts d’être lâchée par son allié historique américain, menacée d’être engloutie par ses concurrents chinois et de devoir affronter son voisin russe, l’Europe semble tétanisée. Incapable de poursuivre sur les voies que ses initiatives prometteuses semblaient avoir ouvertes, elle court après les lièvres d’un monde qui la dépasse, face auquel, bien qu’encorseté dans une législation de plus en plus réductrice d’autonomie, chacun tente son vatout, au grand dam de l’ambition commune.
Du scrutin du 9 juin ressortira sans doute une Europe plus divisée que jamais, plus prompte à défaire les quelques avancées de ces dernières années qu’à consolider les débuts d’une plus grande intégration solidaire. C’est la perspective d’une Europe hors-jeu, face à l’adversité déployée par ses rivaux, laquelle paraît, dorénavant, le seul maillon auquel se rattachent les pays membres pour ne pas abandonner le paquebot en perdition. D’où pourrait venir le sursaut ?

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Bourses européennes : les raisons de la confiance et les éléments de surveillance

Fin mars, la mise à jour de notre scénario macroéconomique et financier trimestriel conduisait à des conclusions optimistes sur les bourses européennes, tout du moins à brève échéance. Mal nous en a pris : après cinq mois de hausse, l’indice Eurostoxx 50 a perdu 2,5 % en avril ! Quand bien même, chat échaudé craint l’eau froide, bon nombre de raisons plaident toujours en faveur des indices européens.
La perspective renforcée d’une baisse imminente des taux de la BCE n’est naturellement pas étrangère à ce diagnostic. Ce n’est toutefois pas le seul argument : évacuation des risques majeurs sur les perspectives conjoncturelles régionales, accumulation d’épargne, effets richesse, moindre mobilité des capitaux, voire crise immobilière, sont autant de soutiens potentiels à une hausse persistante des marchés de la zone euro, dans un contexte de désinflation confirmée. Sauf la retenue qu’imposent les valorisations américaines et la dégradation de la conjoncture aux États-Unis, sans doute, la confiance serait-elle d’ores et déjà plus palpable sur les indices. Alors ?

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L’aubaine pétrolière, le meilleur cap à la hausse des taux… avec l’emploi américain, bien sûr !

La perspective d’une baisse trop précoce des taux directeurs américains nous faisait redouter il y a peu une embardée des prix du pétrole et des matières premières à même de ranimer sans délai les tensions inflationnistes. La volte-face finalement imposée à J. Powell, contraint d’admettre le caractère inapproprié d’éventuelles baisses des taux directeurs en l’absence de meilleures garanties sur la trajectoire de l’inflation future, n’a pas tardé à faire son travail et à interrompre le mouvement de hausses des cours qui s’était enclenché entre février et mars sur la plupart des segments du marché mondial des matières premières.
C’est néanmoins du côté pétrolier que les ajustements ont été les plus importants avec un reflux des cours mondiaux de 8 % à 9 % en à peine un mois, à l’origine d’un retour de ceux du Brent de Mer du Nord aux environs de 83$-84$ début mai. Il s’agit d’une bonne chose, en l’occurrence l’une des meilleures nouvelles pour rassurer les marchés et banquiers centraux sur les tendances de l’inflation, susceptible d’imposer, par là-même, une limite à la hausse des taux futurs qui commençait à sérieusement questionner.
Bien qu’en apparence dangereusement simpliste, la relation entre l’évolution des cours du brut et celle des taux d’intérêt américains n’en reste pas moins très solide. Dès lors, de deux choses l’une :
– soit les cours du pétrole retrouvent sans tarder leurs niveaux, voire leur tendance ascendante du mois de mars, et les taux d’intérêt américains resteront tendus, voire monteront davantage ;
– soit les prix du baril s’installent durablement sur leurs niveaux présents, voire inférieurs, et le point haut des taux pourra, dans ce cas, être considéré comme dépassé.

Dans un contexte aussi incertain que l’actuel sur l’évolution à venir des taux d’intérêt, le défrichage de ce qui se passe sur le marché du pétrole semble, quoi qu’il en soit, incontournable.

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Sérénité des marchés face au risque souverain : rendez-vous le 9 juin…

Le gouvernement s’agite, les investisseurs s’interrogent, les médias sont sur le qui-vive : que se passerait-il si la notation de la dette française venait à être abaissée, ce vendredi 26 avril par les deux agences Fitch et Moody’s qui donneront leur verdict en fin de journée ? L’hypothèse est, on s’en doute, relativement élevée, à en juger par le niveau d’une dette publique qui ne cesse d’enfler, les difficultés du gouvernement à tenir ses engagements ou à rassurer sur la trajectoire future des finances publiques et le peu de résultats, malgré tout, obtenus en matière économique et sociale.
La sanction est toujours amère, comparable à celle que pourrait recevoir un mauvais élève par une autorité supérieure. Elle est, surtout, susceptible de réduire la capacité future d’un Etat à se financer à des conditions soutenables, voire, dans des cas extrêmes, de limiter sa capacité à mettre en pratique ses choix politiques ou à préserver sa souveraineté, ainsi que l’ont douloureusement rappelé les épisodes des crises souveraines d’il y a une dizaine d’année. De tels effets n’ont toutefois rien de systématiques. La dernière sanction infligée par Fitch à la France en mai 2023 (de AA à AA-) n’a guère eu d’impact notable sur les taux d’intérêt de l’Etat français, dans un contexte, en l’occurrence, beaucoup plus significativement bouleversé par le retour de l’inflation.
Le fait est que la sensibilité des conditions de financement d’un Etat par rapport à ses pairs à l’évolution de sa notation souveraine est assez instable, fonction, tout à la fois de sa note absolue, mais également de critères exogènes, liés à la liquidité, l’épargne ou encore l’appétit pour le risque des épargnants. Enfin, la compréhension qu’ont les investisseurs de l’origine et de l’utilité des déficits et, simultanément, la confiance qu’ils accordent à un gouvernement dans sa capacité à mener à bien des réformes nécessaires à l’entretien de sa solvabilité dans le temps, sont également déterminantes.
C’est, à nos yeux, sur ces deux derniers points que l’Etat français est le plus fragilisé. Or, si cette conclusion est la bonne, c’est peut-être les résultats des élections européennes du 9 juin qu’il faudra surveiller de près pour jauger du risque effectif sur les conditions de financement de la dette française, davantage que celui de la notation de deux agences d’influence, somme toute, relativement limitée, lesquelles pourraient, d’ailleurs, trouver de bonnes raisons de ne pas abaisser la note de l’Etat français aujourd’hui…

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Stand-by des marchés : le point à mi parcours

Une semaine après l’attaque d’Israël par l’Iran et moins de vingt-quatre heures après la réplique des Israéliens, les incidences de la montée des tensions géopolitiques restent particulièrement ténues sur les marchés financiers, quand ces derniers n’évoluent pas dans des directions radicalement opposées à celles généralement anticipées dans de telles circonstances. S’ils tétanisent les investisseurs, les développements au Moyen-Orient ne paraissent pas avoir été suivis de changements radicaux de stratégies d’investissement, par ailleurs, malmenées par ce qui reste la principale source d’incertitude, à savoir l’évolution des taux d’intérêt.

L’ensemble aboutit à un curieux sentiment, de marchés en suspens, prêts à renouer, à chaque occasion, avec les tendances qui prévalaient avant l’attaque du régime de Téhéran sur Israël ou, même, avant la publication, à certains égards, fatale, du CPI américain du mois de mars…
Au total :
– le repli vers les valeurs refuge est à peine perceptible.
– L’appétit pour le risque et pour les valeurs cycliques semble prompt à reprendre le dessus à la moindre dissipation des éléments contrariants.
– Les bruits de botte n’ont pas supplanté les nouvelles en provenance de l’Empire du Milieu, qui, bien qu’assez médiocres sur le fond, ont renforcé le sentiment d’une amélioration des perspectives des marchés locaux et, dans la foulée, celle des métaux industriels, les deux actifs les plus performants de la semaine écoulée.
– Seule évidence, les valeurs les plus exubérantes du début d’année n’ont plus le vent en poupe, c’est en particulier le cas du côté des « 7 magnifiques » américaines qui avaient porté l’indice Nasdaq et le S&P500 sur leurs sommets récents. Difficile d’y voir une conséquence du conflit irano-israélien, cependant.
– Tel ne semble pas être encore le cas, en revanche s’agissant du BTC, lequel, malgré son fort repli et son aveu de faiblesse par rapport à l’or pour faire face à des situations extrêmes, ne donne pas de signes évidents de capitulation.
Quelles leçons tirer de ces évolutions ?

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Non, abandonner la perspective de baisses de taux de la Fed ne coule pas de source

Le rapport sur l’inflation américaine du mois de mars a fini par avoir raison des anticipations d’une première baisse des Fed Funds en juin, voire en juillet, ce qui ne laisserait plus à la Fed que trois occasions, maximum, d’abaisser le niveau de ses taux directeurs d’ici la fin de l’année compte-tenu de l’agenda des FOMC, à savoir : septembre, novembre et décembre. Le pronostic 2024 en est profondément modifié par rapport à ce qu’il était encore début février, quand les anticipations tablaient sur 125 à 150 pb de baisses des Fed Funds, dont il ne reste plus que 50 à 75 pb aujourd’hui.

De là à ce que ces révisions se poursuivent jusqu’à potentiellement gommer toute anticipation de baisse des taux, il semble n’y avoir qu’un pas. Ce dernier n’est, pourtant, pas aussi évident à franchir, ceci pour au moins trois raisons :
• La première vient du fait que la Fed continuera, in fine, à vanter les mérites de sa stratégie et de sa capacité à dompter l’inflation ; il en va de sa crédibilité. Ceci devrait l’inciter à conserver l’hypothèse d’une normalisation des taux réels, quand bien même plus tard qu’elle ne l’avait prévu et, sans doute, avec moins de précipitation que jusqu’alors…
• La seconde vient du fait que les succès de l’économie américaine restent très relatifs, éminemment dépendants de la gestion Biden et de la résilience apparente de l’immobilier ; deux domaines, mal relayés par les autres segments de l’économie américaine et pour lesquels la corde pourrait s’user d’autant plus rapidement que les taux resteront plus durablement élevés.
• Si tel est le cas, risques de récession et fragilités des marchés pourraient sans tarder revenir dans le radar, en particulier du côté des entreprises et de leurs conditions de financement.
Chacune de ces raisons justifie le biais persistant des perspectives de taux d’intérêt dans lesquelles les baisses des Fed Funds semblent gravées dans le marbre, quand bien même, constamment repoussées dans le temps, aujourd’hui à la faveur d’anticipations à moins de 4,0 % à horizon du printemps 2025. A l’heure où les incertitudes sur la trajectoire monétaire sont à leur paroxysme, sans doute n’est-il pas superflu de conserver ces éléments en tête et, avec eux, les risques qui y sont associés.

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Couacs chinois – Ou, l’indésirable retour de la Chine

Si l’espoir d’un retour de la Chine sur la scène économique internationale a longtemps nourri celui des entreprises et des marchés jusqu’à l’année dernière, ni le moment ni la manière dont celui-ci s’effectue ne semblent, finalement, les bienvenus.

· Alors que les tensions se multiplient sur les marchés de matières premières dans la perspective d’une détente monétaire et sur fond de crispations géopolitiques de plus en plus menaçantes, la bonne surprise qu’aurait pu constituer un rebond du PMI chinois il y a quelques mois, n’a guère été du goût des marchés cette semaine. La nouvelle a illico renchéri les cours des matières premières et, partant, le niveau des taux d’intérêt futurs, mettant un peu plus en porte-à-faux les perspectives de baisse des taux.

· Par ailleurs, si l’activité manufacturière et exportatrice chinoise donne des signes de récupération, il semble de plus en plus illusoire d’en espérer un appel d’air pour le reste du monde développé. La demande domestique, dont pourraient éventuellement profiter les entreprises occidentales, reste plombée, et le marché de plus en plus accaparé par les producteurs locaux. En l’occurrence, si l’activité industrielle chinoise tire son épingle du jeu, c’est avant, tout grâce à la percée agressive qu’elle effectue sur les marchés internationaux de l’automobile électrique et des biens d’équipement, deux secteurs privilégiés autour desquels gravitaient jusqu’alors les espoirs de réindustrialisation du monde occidental.

L’industrie allemande, à ce stade, principale perdante de cette nouvelle concurrence, pourrait bientôt ne plus être la seule à en subir les conséquences. Ni la France de l’automobile et de l’aéronautique, ni les Etats-Unis ne sont à l’abri de cette déferlante, dont on voit mal comment elle pourrait ne pas provoquer une nouvelle vague de répliques protectionnistes, avant même le retour éventuel de D. Trump à la tête des Etats-Unis.

Il s’agit manifestement d’enjeux de taille, qui, si la FED n’avait pas promis d’être « data dependent » vaudrait sans doute plus qu’un rapport sur l’emploi mensuel américain pour ce qu’ils nous disent sur les développements et risques en présence.

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Perspectives trimestrielles – Le CAC sur la lancée, les 9.000 points en vue.

La perspective d’une ascension de l’indice français, susceptible de le conduire jusqu’à 9.000 points, s’impose comme une probabilité suffisamment importante pour faire la Une de notre synthèse trimestrielle. Est-ce à dire que nous sommes subitement devenus très optimistes sur les perspectives de l’économie française ? A l’évidence, non ; en l’occurrence presque l’inverse. Mais, dans l’environnement en présence, dans lequel se confrontent la surabondance de liquidités et de moindres réceptacles d’investissements, les petites ou plus grandes histoires font facilement le buzz et, in fine, le marché.

La seule perspective de baisse des taux de la BCE n’aurait pas suffi à aboutir à cette conclusion dans le contexte en présence que caractérisent la frilosité des consommateurs et le désespoir industriel, sur fond, qui plus est, de durcissement des politiques budgétaires. C’est ailleurs, en l’occurrence, du côté du goût subit des dirigeants européens pour l’industrie de la défense, que se profile l’histoire du moment.

Après plusieurs décennies de désarmement, l’effort de guerre qu’engendre la dégradation accélérée de l’environnement géopolitique international, est sans précédent depuis la seconde guerre mondiale. Assurément loin de la croissance verte censée servir de socle à la réindustrialisation, les perspectives sont plus proches du réveil d’une économie brune. Le mouvement paraît en bonne place pour relayer la thématique de l’IA, dont profitent peu les indices européens beaucoup plus exposés à l’industrie traditionnelle. Les chances que ces évolutions propulsent les indices de la zone euro sur de nouveaux records sont incontestablement élevées, malgré les risques de développements contrariants, susceptibles de créer les conditions d’un environnement de marché nettement plus incertain, dès l’été.

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