Après le net recul des PMI hier, de retour en zone de contraction, l’indicateur avancé du cabinet office s’est également replié, de 109,3 en juillet à 106,9 en août. Quand bien même cet indicateur, naguère très corrélé avec le PIB, l’est moins depuis la crise Covid, il s’agit d’un nouveau signal très contrariant sur la conjoncture japonaise.
La Banque de Japon, fidèle à son approche des « petits pas », pourrait voir d’un mauvais œil ces résultats, dans la perspective d’une hausse additionnelle de ses taux directeurs en novembre. D’autant que les chiffres de l’inflation de la région de Tokyo lui donnent l’occasion parfaite de se dérober.
L’inflation totale est, en effet, repassée en-dessous de son objectif pour la première fois depuis avril, à 1,9 % en octobre, quand bien même, cette baisse, surtout due aux effets de base du début d’année, risque de ne pas se poursuivre.
L’inflation hors énergie et produits frais est passée de 1,6 % à 1,8 %, avec des accélérations mensuelles susceptibles, si elles se répètent, de propulser cette composante sous-jacente au-dessus de 3 %, d’ici le début 2025.
L’alibi sera donc difficile a utiliser pour la BoJ, face, par ailleurs, au regain de faiblesse du yen et aux freins que représentent les tensions inflationnistes sur la demande encore soulignés, hier, dans les résultats de l’enquête PMI.
Author Archives: Thomas BAUER
PMI : un bien mauvais cru sauf, encore, aux Etats-Unis
Les résultats préliminaires des enquêtes PMI d’octobre restent en général largement insuffisants, toujours plombés dans l’industrie manufacturière et sans direction claire dans les services. Après une série de données médiocres au Japon et en Europe, les Etats-Unis ressortent, encore, grands gagnants de l’enquête d’octobre, avec des indices stables à de hauts niveaux. Décidément, il ne se passe pas grand-chose sur le front de la conjoncture internationale, mis à part les gros warning français, en provenance de l’enquête INSEE notamment.
Au total, les données du jour suggèrent des politiques monétaires divergentes entre la Fed et ses homologues et, par conséquent, de nouvelles perturbations sur les marchés de changes.
Le grand buzz des petits plus chinois sur les marchés… et ses bémols
Pour ceux qui en doutaient, les développements de ces dernières semaines ont rappelé l’influence majeure de la Chine sur les marchés mondiaux. Quand bien même souvent disproportionnée, cette sensibilité est assez compréhensible. Après tout, c’est bien de l’Empire du Milieu que sont venues les sources de croissance d’une grande majorité de pays ces deux dernières décennies, à certains égards, y compris aux États-Unis, malgré leur dynamique propre incontestable.
Les perspectives mondiales ont ainsi, naturellement, repris quelques couleurs à l’annonce du plan de soutien monétaire de la PBOC du 24 septembre. Bien que jugées insuffisantes par la plupart des économistes tant qu’elles n’étaient pas complétées d’un dispositif plus ambitieux de relance budgétaire, ces mesures permettaient de mettre à l’écart le scénario de nouvelles déconvenues d’ampleur, en particulier sur le plan financier. Ne manquait plus, dès lors, que des témoins d’une amélioration effective de la situation conjoncturelle chinoise pour finir de convaincre des investisseurs prêts à en découdre dans un contexte incitatif de baisse de taux d’intérêt. C’est, en l’occurrence, ce qu’ont produit les données de la nuit dernière, tout du moins ce que les marchés y ont vu, car l’ensemble, côté économique, reste pour le moins ténu. Les indices chinois ont retrouvé la vigueur qu’ils avaient perdue ces derniers jours et, dans leur sillage, bon nombre de bourses asiatiques et de valeurs européennes, au premier rang desquelles celles du luxe, impatientes de prendre leur revanche.
Ce n’est pourtant pas de ce côté-ci que les développements récents interpellent le plus mais sur ce qui passe bien loin de ces considérations, en l’occurrence du côté des métaux précieux ou du Bitcoin, à l’égard desquels la performance récente raconte une histoire assez éloignée du regain apparent d’appétit pour le risque qui émane des marchés boursiers. Faut-il l’ignorer ? Ce n’est pas notre avis, surtout quand chacun de ces actifs fait au moins aussi bien que le MSCI monde depuis 2020, voire nettement mieux s’agissant du Bitcoin. Mais encore ?
Données américaines : la Fed de plus en plus en plus en porte-à-faux
En septembre, les ventes de détail américaines à prix courants ont progressé de 0,4 % après 0,1 % en août. Les seules déceptions proviennent de l’électronique, l’ameublement et l’électroménager, probablement toujours désavantagés par la situation immobilière, ainsi que des stations essences, du fait des baisses de prix. Les autres postes affichent au pire, des variations nulles, comme c’est le cas dans l’automobile, ou, plus souvent, très positives, supérieures à 1 %, dans la santé, les autres détaillants, les services alimentaires, l’épicerie et l’habillement
Cap à la baisse des taux pour la BCE
Bien peu de suspens sur la décision de la BCE de ce jeudi, qui baissera selon toute vraisemblance son taux de facilités de dépôt d’un nouveau quart de point, à 3,25 %. Les gouverneurs de la Banque de France et de la Bundesbank semblent l’appeler de leurs vœux, tandis que le fort repli de l’inflation de ces derniers mois, la déprime conjoncturelle persistante et le durcissement des politiques budgétaires donnent plus d’arguments qu’il n’en faudrait pour justifier une telle décision.
Manifestement, Mme Lagarde devrait avoir les moyens d’apparaître sous un jour plus détendu sur la suite que la BCE donnera à sa politique monétaire. La probabilité qu’elle envisage plus de baisses de ses taux qu’elle ne l’avait prévu jusqu’alors s’est incontestablement accrue, en effet, quand bien même la discrétion restera sans doute de mise en matière de « guidances » dans l’attente de la mise à jour des projections trimestrielles du 12 décembre. Dans quelle mesure sa communication pressurisera le taux de change de l’eurodollar reste assez incertain, fonction notamment des données attendues aux Etats-Unis demain, parmi lesquelles les ventes de détail et la production industrielle, susceptibles de faire bouger les anticipations de politique monétaire de la Fed dans un sens ou dans l’autre.
L’inflation britannique retombe à 1,7 %, celle des PPI est négative ; à la BoE de jouer
En septembre, l’inflation britannique a reculé de cinq dixièmes, à 1,7 %, son plus bas niveau depuis avril 2021. Nette baisse, également, pour l’inflation sous-jacente, à 3,2 % après 3,6 % en août, ainsi que pour l’évolution annuelle des prix de détail ou de ceux à la production, retombés à -0,7% l’an. Le ralentissement est, par ailleurs, largement confirmé par celui des salaires publiés hier. Comme ailleurs, la désinflation s’accélère. La prudence, salutaire, affichée par la BoE en septembre lorsqu’elle avait laissé ses taux inchangés, n’a plus lieu d’être. Une baisse des taux directeurs en novembre est, désormais, largement nécessaire, pour contrer la hausse des taux réels qu’entraine la désinflation. La livre qui avait largement profité de la retenue de la BoE devrait s’ajuster et le contexte boursier britannique redevenir un peu plus attractif.
Inflation peu lisible et inscriptions au chômage brouillent la lecture des marchés
L’inflation américaine a reculé d’un petit dixième de point, à 2,4 % en septembre mais sa composante sous-jacente est remontée de 3,2 % à 3,3 %. Sur un mois, ces deux postes ont augmenté respectivement de 0,2 % et 0,3 %, comme en août. L’inflation des services, à 4,7 % est néanmoins retombée à son plus faible niveau depuis deux ans et demi, quand les prix des loyers ont, eux aussi, nettement ralenti, à 4,9 % l’an, avec une hausse de seulement 0,2 % sur un mois.
L’automobile allemande miraculée ?
La production automobile allemande a rebondi de quasiment 20 %, selon les données officielles, en août, autorisant une progression inattendue de 2,9 % de la production industrielle et de 3,4 % de sa composante manufacturière. Pour une surprise, c’en est une, au lendemain de la publication d’une chute de 4,8 % des commandes à l’industrie pour le même mois.
Si l’envie d’applaudir à cette prouesse ne manque pas, tant on préfèrerait pouvoir compter sur l’industrie allemande plutôt que l’inverse, les raisons de ne pas être convaincu sont bien trop nombreuses, quand, par ailleurs, on le sait depuis ce matin, la Chine ne viendra pas en aide aux industriels européens. Contrairement à ce qu’avaient laissé entendre un certain nombre de déclarations des autorités chinoises il y a deux semaines, le gouvernement n’a annoncé aucune mesure de soutien spécifique pour soutenir l’économie du pays, au sujet de laquelle il semble ne pas douter de sa capacité à remplir son carnet de route d’une croissance de 5 % cette année… Mais d’où donc, pourrait, alors, venir le renfort ?