Devant le Sénat il y a deux jours J. Powell a déçu des marchés trop impatients d’obtenir un signe de détente. Reconnaissons qu’il était difficile au Président de la Fed de se défausser après sa pirouette de début juin et de mettre, par là-même, l’ensemble du FOMC en porte-à-faux. Manifestement, les données d’inflation du mois de juin devraient lui donner plus d’aisance. Comme celles du mois dernier, ces dernières sont indiscutablement d’un bon cru, voire peut-être d’un trop bon cru au regard de ce qu’elles pourraient nous dire de l’évolution de la demande dont les signes de tassement se sont largement multipliés ces dernières semaines.
Non seulement l’inflation des prix à la consommation est passée de 3,3 % à 3,0 % et sa composante sous-jacente, de 3,4 % à 3,3 % mais, sauf les biens de loisirs, plus aucun des principaux postes de l’indice des prix, loyers compris, n’évolue à un rythme mensuel supérieur à celui requis pour revenir à 2 %, à savoir 0,17 %. La désinflation est donc indiscutable là et la Fed ne pourra dire le contraire, surtout dans un contexte conjoncturel de plus en plus fragilisé, pour ne pas dire menaçant pour ce qui est de sa composante immobilière. Reste maintenant à déterminer si elle se contentera d’un discours plus colombe le 31 juillet qui préparerait une action pour septembre ou si elle passera à l’acte. Les publications économiques et celles des résultats des entreprises des deux prochaines semaines seront sans doute déterminantes sur sa décision.
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Un argument de plus en faveur de baisses des taux de la Fed dès la rentrée
Les statistiques américaines se suivent et confirment presque jour après jour l’évidence d’une économie américaine de plus en plus fragile où, simultanément, se multiplient les signes de franc ralentissement de la croissance et de l’inflation, qui ont tout lieu de forcer la main de la Fed malgré sa réticence à envisager de faire marche arrière. Après, les données de consommation, de l’immobilier ou les ISM, celles de l’emploi salarié du mois de juin donnent, à l’évidence, plus de poids à notre scénario d’une baisse première baisse des Fed Funds en septembre et de plusieurs autres d’ici la fin de l’année ; de quoi, non seulement faire refluer les taux d’intérêt américains et les européens mais aussi protéger, au moins partiellement aussi, les obligations de l’Etat français…
L’inflation américaine flanche face à une conjoncture de plus en plus à la peine…
La consommation des ménages américains a progressé de 0,3 % en mai, légèrement mieux qu’attendu et que suggéré par les ventes de détail. Il n’en reste pas moins que cette bonne surprise peine à faire oublier les mauvais retours récents en provenance de la conjoncture américaine, qui n’ont cessé d’entretenir les anticipations de baisses des taux de la Fed, quoi que cette dernière ait pu annoncer lors de son dernier FOMC. Dans ce contexte, le net ralentissement de l’inflation PCE, dont les composantes totale et sous-jacente redeviennent compatibles avec un retour vers 2 %, finit par convaincre. Il sera selon toute vraisemblance difficile à J. Powell de ne pas prendre acte de ces changements, sinon dès le prochain FOMC, du moins lors du RDV de Jackson Hole de la fin août…
Beaucoup de bruit pour rien sur les marchés de taux américains
Après avoir stagné en avril, les ventes de détail à prix courants n’ont progressé que de 0,1 % d’un mois sur l’autre en mai. Un indice de plus du ralentissement de la croissance américaine, auquel les marchés ont réagi par un décrochage immédiat des taux à 10 ans de 5 points de base. Contredits, depuis, par les données de production industrielle, en hausse de 0,9 %, les marchés revoient légèrement leur copie. Bref, l’indécision suit son court.
Cette hyper-sensibilité des marchés à la moindre information économique est pour le moins ennuyeuse, créant une instabilité de plus en plus grande sans réel fondement. Car s’il est une réalité, c’est bien celle d’une stagnation à peu près littérale de l’activité industrielle depuis plus de deux ans, aux Etats-Unis comme dans la plupart des pays industrialisés, que les données américaines du mois de mai ne remettent pas en cause, surtout au vu des retours en provenance de la demande domestique. La Fed y verra-t-elle un message subliminal qui nous échappe ? On peut toujours l’imaginer mais sur le fond, néanmoins, rien de nouveau.
Les marchés ignorent le message faucon du FOMC et se cabrent sur le bon CPI…
Comme envisagé, la Fed a révisé ses perspectives de baisses des taux et ne conserve dans ses Dots qu’un seul mouvement d’un quart de point d’ici la fin de l’année, à 5,0 %-5,25 %, au lieu de trois jusqu’alors. Réponse logique à la révision à la hausse de ses prévisions d’inflation de deux dixièmes, à respectivement 2,6 % et 2,8 % pour le PCE total et sous-jacent d’ici la fin de l’année, la correction est néanmoins plus importante que généralement attendue. Le message est, par ailleurs, renforcé par un communiqué très ferme, particulièrement insistant sur l’objectif d’inflation recherché et une posture de J. Powell nettement plus faucon que depuis le début de l’année.
Quoi qu’il en soit de la Fed ce soir, l’inflation rouvre la porte à des baisses de taux
La Fed a tout lieu de publier ce soir un changement potentiellement marqué de ses perspectives de baisses des taux pour cette année. Compte-tenu des doutes émis par nombre de ses membres sur l’ancrage de la désinflation, elle pourrait réviser ses Dots de trois baisses d’un quart de point envisagées en mars, à deux, voire une seule dans un cas extrême. Les données du mois de mai indiquent, pourtant, une nette amélioration de la situation. Non seulement l’inflation des prix à la consommation est passée de 3,4 % à 3,3 % et sa composante sous-jacente, de 3,6 % à 3,4 % mais rares sont aujourd’hui les postes pour lesquels le rythme mensuel de hausse des prix dépasse le niveau requis pour revenir à 2 %, à savoir 0,17 %. La désinflation s’installe donc bel et bien dans un contexte conjoncturel, par ailleurs, nettement moins favorable qu’il y a quelques mois, quoi qu’il en soit des évolutions de l’emploi. Sauf grande surprise d’un côté ou de l’autre durant l’été, l’ensemble redonne du poids à de possibles baisses des taux dès le mois de septembre ; une évolution bienvenue pour les taux français !
BCE, un coup pour rien, voire moins !
La BCE ne franchit pas le Rubicon avec sa première baisse de taux directeurs ce mois-ci. Elle procède à un micro ajustement pour marquer sa satisfaction à l’égard des bons résultats sur le front de l’inflation de ces derniers mois mais considère nécessaire de maintenir des conditions monétaires restrictives dans l’attente de meilleures garanties d’un retour de l’inflation vers son objectif. A ce titre, difficile d’être plus clair que les termes de son communiqué-même : Le Conseil des gouverneurs… conservera les taux directeurs à un niveau suffisamment restrictif, aussi longtemps que nécessaire, pour atteindre cet objectif.. il maintiendra une approche s’appuyant sur les données, réunion par réunion, pour déterminer de manière appropriée le degré et la durée de cette orientation restrictive. Dit autrement, pas de baisse additionnelle des taux en juillet ; septembre, peut-être, sous réserve de résultats plus convaincants dans le sens recherché ; quant à la suite, who knows ? Les perspectives de croissance présentées ce jour ne suggèrent pas un besoin particulièrement marqué d’assouplissement monétaire avec, qui plus est, une inflation censée attendre 2026 pour revenir à 2%.
Résultat des courses, l’annonce de la BCE est suivie d’une remontée des taux à terme ! Les taux à terme regagnent 4 à 5pb tandis que l’euro se reprend. A vouloir se montrer trop prudente, la BCE finit par avoir l’effet inverse à celui, a priori, recherché et bien qu’agissant en amont de la Fed les anticipations de baisse des taux sont parmi les plus faibles des grandes banques centrales !
Entourloupe des PMI ?
Les PMI chinois publiés par S&P la nuit dernière sont de bonne facture. Avec une hausse de trois dixièmes dans le secteur manufacturier et un bond de 1,5 point dans les services, l’indice composite ressort à un plus haut de 54,1 depuis mai 2023, synonyme d’une amélioration notable de l’activité, soulignée par S&P dans son rapport. Ce dernier met également en exergue des hausses de prix, dans ce cas, plutôt rassurantes au regard de la situation de déflation latente traversée par le pays jusqu’à récemment. Un ensemble, au total, réconfortant pour l’Empire du Milieu.
Sauf que, ces résultats ne sont guère conformes à ce qu’expriment les indicateurs nationaux publiés par le NBS, lesquels PMI pointent au contraire vers un tassement de l’activité. Le sujet n’aurait sans doute pas valu qu’on s’y arrête sans le précédent américain de ces derniers jours et les messages confusants délivrés par les PMI d’une part et les ISM de l’autre. L’épisode n’en est pas moins dans les esprits et n’est pas dénué d’importance quand on sait à quel point ces indicateurs influent sur le sentiment des marchés mondiaux.