Il va falloir faire sans la Fed, Mme Lagarde…

On a beau chercher on ne trouve rien, rien dans le rapport sur l’emploi américain du mois de mars, susceptible d’être utilisé pour justifier une décision de baisse des taux directeurs de la Fed, rien qui ne laisse penser que les conditions monétaires en présence aient un quelconque effet négatif sur la dynamique du marché de l’emploi, lequel poursuit, irrésistiblement, son rattrapage post-covid.

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Mieux vaudrait que la FED ne déçoive pas. Le peut-elle, le doit-elle ?

Après avoir superbement ignoré les avertissements successifs de ce début d’année, les marchés sont subitement devenus plus nerveux à l’approche du FOMC de la semaine prochaine. Il est vrai que les dernières publications américaines n’offrent pas la meilleure combinaison. Compensée par l’amélioration des perspectives de croissance, l’idée d’une absence de baisse imminente des taux de la FED avait fini par faire son chemin sans fracas. A tout choisir, mieux vaut, en effet, un environnement de taux stables, quand bien même relativement élevés, et la persistance de bonnes perspectives de croissance, qu’une trop grande dépendance de ces dernières à l’évolution de la politique monétaire : 3 % à 3,5 % d’inflation, c’est autant de hausse des chiffres d’affaires qui s’ajoutent à celles de la croissance de l’activité et de la productivité, qu’un environnement d’abondantes liquidités sait, en général, mettre à profit sur les marchés, comme rappelé dernièrement.

Sauf, que les derniers retours en provenance de la demande domestique américaine ne sont, précisément, plus du même tonneau. Pas outre mesure préoccupants mais, manifestement, plus fragiles. Les déceptions en matière d’inflation prennent, dès lors, une tout autre dimension, surtout si elles signent l’apparition de tensions sur les coûts énergétiques ou sur ceux du travail, qui pourraient rapidement transformer la satisfaction de créations d’emplois soutenues en source de questionnement pour les profits futurs.
Il sera manifestement difficile à la Fed de ne pas prendre acte de ces développements dans sa communication de mercredi, d’autant que s’y ajoutent bien des arguments à l’encontre du biais accommodant qu’elle a adopté ces derniers mois, notamment en provenance des marchés financiers.

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Les bonnes nouvelles du rapport sur l’emploi américain de février

Comme chaque mois, la publication du rapport sur l’emploi américain est un événement de marché et ce mois-ci ne déroge pas à la règle. Après le choc provoqué par les données du mois de janvier et les révisions des mois antérieurs, le rapport de ce mois-ci apporte un certain nombre de bonnes nouvelles, susceptibles de redonner des marges de manœuvres à la Fed et, de facto, à la BCE :
1- Les estimations des deux mois passés ont été révisées à la baisse, à raison de 43 K en décembre et de 124 K en janvier (de 353 K à 229 K) soit au total, 167 K emplois en moins.
2- En février, les créations de postes sont restées soutenues, à 275 K dont 221 K pour le seul secteur privé. Cette accélération pourrait être vue d’un mauvais œil, à l’instar de la réaction aux données du mois de janvier. Trois éléments viennent, cependant, en nuancer l’impact :
a. La croissance du salaire moyen, qui avait sensiblement accéléré le mois dernier, est retombée de 0,5 % à 0,1 %, ce qui permet de renouer avec une tendance légèrement baissière sur douze mois : de respectivement 4,3 % et 4,5 % pour l’ensemble des salariés et les emplois non qualifiés.

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L’approche d’une possible baisse des taux de la BCE réduira-t-elle les distorsions boursières ?

La hausse des indices européens s’est accompagnée de rares dispersions des performances sectorielles et d’écarts souvent exceptionnels entre les valeurs d’un même secteur depuis le début de l’année. Malgré le retour de la confiance des investisseurs, ce contexte a souvent créé un sentiment d’incertitude dans l’exercice des stratégies d’investissement, limitant, de facto, l’appétit pour le risque.

Plusieurs éléments sont susceptibles de justifier cette particularité dans un environnement économique et géopolitique, non seulement, des plus instables mais en profonde mutation. L’incertitude autour des anticipations d’inflation, des politiques monétaires et de taux d’intérêt a, néanmoins, sans conteste, joué un rôle de premier plan dans l’entretien de distorsions hors normes. Le changement de posture de la BCE de cette semaine, la révision en forte baisse de ses prévisions d’inflation et la perspective confortée d’une possible première baisse de ses taux directeurs en juin, sont-ils, dès lors, en mesure de changer cet état de fait et de rendre le marché à la fois plus harmonieux et plus lisible ?
Si l’on est, a priori, tenté de le penser, force est de reconnaître que la seule perspective d’un pivot de la BCE semble à ce stade un contrepoids insuffisant aux facteurs apparemment à l’œuvre derrière les anomalies en présence.

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La BCE pose les bases de possibles baisses de taux en juin : le CAC franchit les 8.000 pts

A ceux qui s’interrogent encore sur le rôle de prévisions économiques des banques centrales, la BCE apporte la réponse : les prévisions servent à donner des indications aux marchés sur leurs intentions. Et ces dernières sont on ne peut plus claires.
• La BCE révise de 0,8 % à 0,6 % sa prévision de croissance 2024 pour la zone euro : un niveau inférieur au scénario de la Commission européenne publié mi-février (0,8 %), inférieur-même à notre propre estimation du mois de décembre (0,8 %) et, du reste, assez largement contrariant par rapport au discours réconfortant qui l’accompagne.
• Surtout, elle confirme son satisfécit à l’égard de la tendance à la baisse de l’inflation et, là encore, privilégie un scénario plus favorable à un assouplissement monétaire que tout autre chose. Sa prévision d’inflation 2024 est, ainsi, abaissée de 2,7 % en décembre à 2,3 %, avec un retour à 2 % envisagé pour 2025. La BCE force clairement le trait sur ce point. Fin février, en effet, l’acquis d’inflation était déjà de 1,6 %, ce qui implique des hausses mensuelles de 0,15 % seulement au cours des dix prochains mois, au lieu de 0,21 % au cours de l’année écoulée. La hausse des prix du pétrole qui aurait, toutes choses égales par ailleurs, pu pousser la BCE à revoir en légère hausse sa prévision, semble être absorbée par une confiance surprenante à l’égard des forces désinflationnistes à l’œuvre, souvent mentionnées par la présidente de l’institution.

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Un petit coup de pouce à Mme Lagarde de la part de J. Powell ?

Le scénario du pire qui aurait été celui d’un J. Powell beaucoup plus réservé sur l’éventualité d’une baisse des Fed Funds cette année n’a pas eu lieu. Le président de la Fed n’a pas changé grand-chose à son discours devant le Congrès par rapport à ce qui était ressorti du dernier FOMC : la croissance économique reste robuste, les progrès sont notables en matière d’inflation mais méritent d’être confirmés avant que la Fed ne puisse baisser ses taux d’intérêt… sans doute plus tard dans le courant de cette année. J. Powell n’a donc pas remis en cause ce qui semble aujourd’hui le plus important pour les marchés, à savoir, la perspective d’une baissse des Fed Funds en 2024 que les récentes données en provenance de l’économie américaine commençaient à sérieusement mettre à mal.
Mme Lagarde aura-t-elle, pour autant, les moyens de saisir la balle au bond et de prendre un pas d’avance sur la Fed en laissant filtrer son intention de baisser ses taux directeurs d’ici l’été à l’issue du comité de politique monétaire de cette semaine ? Elle aurait toutes les bonnes raisons de le faire, dont celle de montrer qu’elle peut s’affranchir de la Fed, comme le recommandent bon nombre d’économistes ainsi que certains des membres du Conseil des gouverneurs, et, surtout, celle de manquer cruellement d’arguments pour maintenir sa rhétorique sur la nécessité de conserver des conditions monétaires durablement restrictives.

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Le grand retour de la Pologne dans l’UE, une nouvelle page européenne.

L’annonce a été plus rapide que prévu. Moins de trois mois après son retour à la tête de la Pologne en décembre dernier, l’ex-président du Conseil européen, Donald Tusk a obtenu l’accord de déblocage des fonds européens à destination de son pays : soit 137 milliards d’euros, équivalents à quasiment 20 % du PIB polonais de 2023. Le pécule est considérable pour une économie déjà sur la lancée d’un rattrapage accéléré depuis son adhésion à l’UE en 2004.

Il se décompose en 76,5 milliards de fonds de cohésion, la plus grosse dotation du budget 2021-2027 de l’UE, jusqu’alors gelée faute d’avancée sur le rétablissement de l’Etat de droit que les réformes du Pis avaient remis en cause ; auxquels s’ajoutent près de 60 milliards du plan de relance post-Covid. L’ensemble étant susceptible d’être mobilisé avant la fin du budget courant jusqu’en 2027, il pourrait s’agir de près de 5 % du PIB national pour chacune des quatre prochaines années, sans aucun doute, la plus forte contribution européenne à un pays membre depuis sa création.
Les conséquences pour la Pologne ont tout lieu d’être considérables. Sixième économie de l’UE, elle pourrait envisager de gravir la cinquième marche du podium à la place des Pays-Bas sous peu, quand bien même celle-ci est encore un peu haute. Avec une population de 38 millions de personnes, la cinquième de l’UE, il s’agirait toutefois d’un juste positionnement, à même de modifier en profondeur le jeu des équilibres en place.
Derrière cette accélération du temps, c’est la géopolitique, jusqu’alors, essentiellement absente du projet européen, qui semble pourtant prendre ses marques. La guerre en Ukraine, les menaces grandissantes de la Russie et la perspective d’une réélection de D. Trump, modifient peu à peu la donne et cette dernière peut difficilement se passer du rôle stratégique de la Pologne. Avec le retour de D. Tusk s’ouvre une nouvelle page européenne dont nul ne sait encore dire comment elle se remplira mais dont on semble en mesure d’affirmer qu’elle n’aura plus grand-chose de commun avec la précédente.

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Les marchés achètent les effets de base sur l’inflation… Quid des banques centrales ?

La réaction des marchés à la publication de l’inflation PCE américaine du mois de janvier est on ne peut plus claire : ces derniers se satisfont des évolutions annuelles des prix. Le reflux de la mesure de l’inflation privilégiée par la Fed de 2,6 % à 2,4 % et de 2,9 % à 2,8 % pour sa partie sous-jacente est, ainsi, saluée. Le détail du rapport est pourtant largement discutable, en particulier sur le front des prix des services dont les hausses mensuelles sont toutes en accélération, égales ou, plus systématiquement supérieures, à la moyenne de ces trois dernières années, à l’exception des transports.

Le constat n’est pas très différent en zone euro, où malgré l’absence de données désaisonnalisées, les évolutions mensuelles des prix de janvier et février restent très supérieures à ce qu’elles sont habituellement en cette période de l’année, en l’occurrence de même ampleur qu’en début d’année dernière.

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