La communauté financière se réjouit des premiers signes de rattrapage de l’économie chinoise, notamment concrétisés cette semaine par la franche remontée des PMI. L’idée que l’Empire du Milieu vienne à nouveau tirer la croissance du reste du monde justifie, évidemment, cette réaction, à laquelle s’ajoute la conviction que les dysfonctionnements de l’offre chinoise inhérents à la pandémie ont été en large part responsables des tensions inflationnistes apparues depuis 2021. La réouverture de l’économie chinoise aurait donc la double vertu d’asseoir l’économie mondiale sur une trajectoire de croissance à la fois plus soutenue et moins inflationniste.
Une telle lecture risque de se révéler bien éloignée de la réalité. Non seulement, dans le contexte en présence, le rattrapage de la demande de l’Empire du Milieu a toutes les chances de venir exacerber les tensions inflationnistes en place mais les bénéfices escomptés d’une reprise de la croissance chinoise pour les entreprises occidentales sont loin d’être acquis.
Alors que l’industrie chinoise semblait endormie pendant la période de covid, sa percée sur les marchés mondiaux n’en a pas moins redoublé de vigueur, notamment dans des secteurs-clés où on ne l’attendait pas. C’est bien sûr le cas dans le domaine des équipements énergétiques mais aussi, et de manière nettement plus inquiétante, dans celui de l’automobile, tout particulièrement en Europe où la pénétration des véhicules chinois donne, à bien des égards, le vertige. Si l’on ajoute à ces observations les conséquences environnementales d’une accélération de l’activité de l’Empire du Milieu, la question se pose bel et bien de savoir si le pire n’est pas devant nous.