La crise politique, pas coupable de la baisse des climats des affaires en France

Face à l’extrême incertitude en présence, les indicateurs conjoncturels sont très attendus… Le PMI composite français a perdu sept dixièmes, à 48,2 ; la dissolution de l’Assemblée Nationale étant, explicitement, mentionnée par le communiqué S&P comme raison de ce repli. Reste que la France n’est pas un cas isolé : le PMI allemand s’est contracté de presque deux points aussi, quoiqu’encore en zone de légère expansion, à 50,6. Nettes dégradations, également, en Australie, errance de la Chine oblige, ainsi qu’au Japon et au Royaume-Uni.
L’indicateur INSEE, lui, s’est maintenu à 99, pour le troisième mois consécutif, malgré des détails nettement moins encourageants, notamment sur le front de la demande, de l’immobilier et du bâtiment.

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Les yeux plus grands que le ventre de l’Union européenne

Ces dernières années, l’Union européenne a fini par convaincre jusqu’à ses plus grands détracteurs historiques de l’intérêt de s’allier pour garantir sa souveraineté et son influence, face à un monde de moins en moins amical, constitué de géants émergés des quatre décennies écoulées. Si s’assembler peut rassurer et, s’élargir, paraître le meilleur garant de l’invincibilité, vivre à 27, peut-être 32 d’ici peu, voire 37 (?) est une gageure, devenue plus politique qu’économique ces derniers temps. Est-ce la bonne voie ? L’avenir le dira mais l’on peut déjà avancer qu’il faudra que les mécanismes européens évoluent en profondeur pour échapper au fiasco que préfigure cette perspective dans l’état actuel du fonctionnement et de la gouvernance de l’UE.
A 27, l’Europe est déjà une épreuve de force dont on constate de jour en jour les limites, aux conséquences politiques révélées avec brutalité par les dernières élections, malgré la reconduction de la coalition en présence au Parlement européen. Les explications le plus souvent avancées à cette crise sont multiples : rigidités, pertes de repères et d’indépendance politique, sous-performance économique. Plus fondamentalement, se pose la question de ce que détruit l’Europe pour se construire, de la répartition des fruits de la croissance et du chemin choisi pour la prospérité promise.
Si le projet européen d’offrir aux pays les plus démunis les moyens d’un développement économique accéléré par leur adhésion à l’UE, a pour lui d’être, à la fois, unique au monde et incontestablement louable par sa générosité et ses résultats déjà engrangés, l’Europe a cependant échoué à trouver les moyens de rendre cette ambition soutenable. Déshabiller Paul pour habiller Pierre n’est pas le meilleur moyen pour faciliter la cohésion ni le bien-être collectif, en effet. C’est, pourtant à bien des égards, ce à quoi ressemble le projet européen aujourd’hui. Dès lors, si l’on ne peut que se réjouir de voir de nouveaux membres profiter du vent de poupe que leur offre leur entrée dans l’UE, on ne peut que s’inquiéter de constater les transferts de richesse qui accompagnent ce mouvement et alimentent, à juste titre, les craintes de déclassement, tout particulièrement chez ses pères fondateurs.
Alors que l’exigence d’élévation des niveaux de vie des pays les plus développés est, d’un point de vue fondamental, discutable, elle est un préalable incontournable à une adhésion pleine et entière des populations au projet européen et à sa survie sur le moyen-long terme. L’Europe a pris la voie inverse depuis 2004 et en récolte les épines qui ne sont, sans doute, que les prémices de plus grandes difficultés politiques. Il est grand temps que les politiques nationales et pan-européennes redressent le tir. C’est là sans doute l’un des premiers enjeux du quinquennat qui s’ouvre.

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L’immobilier américain vacille, la FED ne pourra l’ignorer

Le communiqué du FOMC de la semaine dernière débutait par ces mots « Les indicateurs récents suggèrent que l’activité économique a continué son expansion à un rythme solide. Les créations d’emplois sont restées fortes…». C’était faire peu de cas des signes de plus en plus nombreux de ralentissement conjoncturel de ces deux derniers mois. La FED ne prenait, cependant, pas trop de risque tant que l’immobilier ne la mettait pas en porte-à-faux. Les données du mois de mai pourraient toutefois changer la donne. Après le nouveau repli de l’indice de confiance NAHB des constructeurs, les baisses des mises en chantier et des permis de construire ne laissent plus de place au doute : l’activité immobilière subit un franc coup de frein. Enfin !, serions nous tentés de dire tant la résistance du secteur a pris à revers la communauté des économistes ces derniers trimestres. Cette fois, néanmoins, les choses se précisent et les conséquences devraient en être palpables sous peu au moins sur deux fronts : le ralentissement confirmé des prix et des loyers, un contrecoup assez largement inévitable sur les perspectives de croissance. Deux points-clés qui adressent simultanément les deux piliers de la politique de la Fed. Ces données mettront peut-être un peu de temps à agir sur la communication officielle mais pourront difficilement être ignorées très longtemps tant le risque rattaché à l’activité immobilière est important et la direction mal engagée.

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La semaine de tous les dangers

Malgré le séisme politique du 9 juin, la crise politique française n’a jusqu’à présent eu que des effets « contenus » sur les marchés. Merci à l’inflation américaine, laquelle, avec la remontée des inscriptions au chômage et la baisse de l’indice de confiance du Michigan a fait dévisser les taux américains de plus de 20 points de base sur l’ensemble de la courbe. Le message faucon du FOMC a ainsi été englouti à la faveur, non seulement, du maintien des anticipations de deux baisses des Fed Funds cette année mais d’une probabilité accrue de trois baisses ! L’ensemble a permis de contrer les tensions sur les taux français. Le rendement de l’OAT à 10 ans n’a repris que 2 points de base au cours de la semaine écoulée, à 3,14 % vendredi soir. Ne pensons pas cependant que la crise ne couve pas. L’écart de taux avec l’Allemagne s’est envolé de 30 points de base, à quasiment 80 points, un plus haut depuis le début 2017. Plus préoccupant, le coût de l’assurance contre le défaut de la dette française s’est envolé de 530 points en une semaine, à 31 points, tandis que le CAC 40 a effacé la quasi-intégralité de ses gains de l’année avec une chute de plus de 6 %.

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Les enjeux de l’épargne des ménages : d’où vient-elle, où va-t-elle, qu’en faire ?

Partout dans le monde, les phases successives de confinement liées à la crise sanitaire ont engendré un surcroît d’épargne forcée. Le choc de la crise sanitaire passé, a néanmoins révélé des comportements très épars selon les pays. Aux États-Unis, le taux d’épargne des ménages a considérablement baissé aux lendemains de l’épidémie, pour s’établir, dès 2022, à un niveau largement inférieur à ce qu’il était avant la crise sanitaire. Tel a également été le cas en Italie, dans un contexte économique, pourtant, éminemment différent. Dans la plupart des cas, cependant, la normalisation des comportements s’est interrompue en chemin, empêchant les taux d’épargne de revenir aux niveaux qui prévalaient avant 2020 : en moyenne dans les pays occidentaux de l’OCDE, il s’agit de 1,5 % à 2 % additionnels des revenus ainsi « mis de côté », l’équivalent de 800 à 1000 mds de dollars par an.
Les explications de ce mouvement sont assez incertaines. Si les politiques de sortie de crise portent une part de responsabilité dans ces évolutions, elles ne sont à l’évidence pas les seules. En Europe, la guerre en Ukraine a, forcément, participé à cette plus grande précaution des ménages, tendance sans aucun doute, renforcée par les difficultés économiques récurrentes de la région, la crise immobilière et, potentiellement, aujourd’hui, par la crise politique que traversent nombre de pays de l’UE.
Jusqu’à présent, absente du débat, l’épargne redevient un sujet. Objet de sécurité des particuliers, son coût pour la croissance est de plus en plus souvent pointé du doigt, quand, par ailleurs, elle devient un facteur de plus en plus flagrant de creusement des inégalités entre les générations et catégories socio-professionnelles. A l’heure où les besoins de financement sont, partout, de plus en plus pressants, son abondance attire les convoitises que les bouleversements politiques en cours pourraient venir concrétiser par des dispositifs à son encontre ou par une plus grande captation par les États, à l’instar de l’expérience récente en Belgique qui, peut-être, figurera dans quelques années comme la première initiative à l’origine d’un mouvement beaucoup plus répandu de financement direct des besoins du secteur public par les épargnants…

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Les marchés ignorent le message faucon du FOMC et se cabrent sur le bon CPI…

Comme envisagé, la Fed a révisé ses perspectives de baisses des taux et ne conserve dans ses Dots qu’un seul mouvement d’un quart de point d’ici la fin de l’année, à 5,0 %-5,25 %, au lieu de trois jusqu’alors. Réponse logique à la révision à la hausse de ses prévisions d’inflation de deux dixièmes, à respectivement 2,6 % et 2,8 % pour le PCE total et sous-jacent d’ici la fin de l’année, la correction est néanmoins plus importante que généralement attendue. Le message est, par ailleurs, renforcé par un communiqué très ferme, particulièrement insistant sur l’objectif d’inflation recherché et une posture de J. Powell nettement plus faucon que depuis le début de l’année.

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Quoi qu’il en soit de la Fed ce soir, l’inflation rouvre la porte à des baisses de taux

La Fed a tout lieu de publier ce soir un changement potentiellement marqué de ses perspectives de baisses des taux pour cette année. Compte-tenu des doutes émis par nombre de ses membres sur l’ancrage de la désinflation, elle pourrait réviser ses Dots de trois baisses d’un quart de point envisagées en mars, à deux, voire une seule dans un cas extrême. Les données du mois de mai indiquent, pourtant, une nette amélioration de la situation. Non seulement l’inflation des prix à la consommation est passée de 3,4 % à 3,3 % et sa composante sous-jacente, de 3,6 % à 3,4 % mais rares sont aujourd’hui les postes pour lesquels le rythme mensuel de hausse des prix dépasse le niveau requis pour revenir à 2 %, à savoir 0,17 %. La désinflation s’installe donc bel et bien dans un contexte conjoncturel, par ailleurs, nettement moins favorable qu’il y a quelques mois, quoi qu’il en soit des évolutions de l’emploi. Sauf grande surprise d’un côté ou de l’autre durant l’été, l’ensemble redonne du poids à de possibles baisses des taux dès le mois de septembre ; une évolution bienvenue pour les taux français !

 

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Entourloupe des PMI ?

Les PMI chinois publiés par S&P la nuit dernière sont de bonne facture. Avec une hausse de trois dixièmes dans le secteur manufacturier et un bond de 1,5 point dans les services, l’indice composite ressort à un plus haut de 54,1 depuis mai 2023, synonyme d’une amélioration notable de l’activité, soulignée par S&P dans son rapport.  Ce dernier met également en exergue des hausses de prix, dans ce cas, plutôt rassurantes au regard de la situation de déflation latente traversée par le pays jusqu’à récemment. Un ensemble, au total, réconfortant pour l’Empire du Milieu.

Sauf que, ces résultats ne sont guère conformes à ce qu’expriment les indicateurs nationaux publiés par le NBS, lesquels PMI pointent au contraire vers un tassement de l’activité. Le sujet n’aurait sans doute pas valu qu’on s’y arrête sans le précédent américain de ces derniers jours et les messages confusants délivrés par les PMI d’une part et les ISM de l’autre. L’épisode n’en est pas moins dans les esprits et n’est pas dénué d’importance quand on sait à quel point ces indicateurs influent sur le sentiment des marchés mondiaux.

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