Perdante sur tous les fronts, tétanisée par les menaces de D. Trump, de la Russie et de la Chine, incapable de prendre son destin technologique en main et en proie à ses crises politiques nationales et à ses différends de plus en plus profonds, l’Europe peine à inspirer d’autre sentiment que celui de la désolation ces derniers temps. Les dés bougent, pourtant.
Loin de nous l’idée de nous contenter de ressasser que l’UE s’est régulièrement renforcée face à l’adversité ou de refuser de prendre la mesure des défis et des risques auxquels le Vieux continent, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, fait face aujourd’hui. Il s’agit de prendre acte des nouvelles perspectives que pourrait offrir le rééquilibrage que les circonstances de ces dernières années accélèrent. La chute du modèle allemand, jusqu’alors perçu comme le plus efficient et la seule voie à suivre, est pour beaucoup dans ces changements. Doublé de la montée en puissance des pays du groupe de Visegrad, des impératifs énergétiques, militaires et technologiques qui s’imposent aux Européens aujourd’hui, l’évanescence de l’industrie allemande du passé ouvre la voie à une redistribution des cartes à la faveur d’un meilleur équilibre possible des spécialisations et des enjeux de pouvoir ou d’influence. Nous n’y sommes pas, à l’évidence, et la concurrence destructrice que se livrent les grandes Nations européennes peut encore savonner la planche, mais l’issue, à ce jour la seule susceptible de renforcer l’ambition d’une Europe souveraine et pérenne, n’a jamais semblé autant à portée de main.