Le couperet est tombé, presque sans prévenir. Si la dérive des comptes publics n’était un secret pour personne, nul n’avait prédit une dégradation de telle ampleur. Sauf annulation de 6 à 7 milliards de crédits, après déjà 16,5 mds gelés, encore en suspens, le déficit dépasserait 7 % du PIB cette année, au lieu des 4,4 % initialement prévus dans le PLF 2024. Comment, par quels faits ? Les réponses manquent et cette absence rend la situation plus critique encore.
Dans un tel contexte, la nouvelle équipe au pouvoir n’avait guère le choix que celui d’agir avec détermination, au risque de fragiliser des situations politique et économique déjà précaires. L’exercice était, à l’évidence, à haut risque, tout comme le seront les 70 jours de débats parlementaires d’ici au vote final du budget. À ce stade, néanmoins, le projet de loi de finances 2025 est, plutôt, un moindre mal, évitant les écueils redoutés d’un ajustement budgétaire de 2 % du PIB sur la seule année 2025, en matière sociale notamment, mais pas seulement. La concentration des hausses d’impôts sur les 0,3 % des contribuables les plus aisés et les plus grandes entreprises, de même que l’indexation des tranches d’imposition sur l’inflation, sont en mesure de réduire l’impact économique de la hausse programmée de 19,4 mds de recettes fiscales. Les efforts en matière de dépenses menacent davantage les perspectives de croissance et les impératifs environnementaux. La réduction des fonds « verts », des aides à la rénovation énergétique et l’impact du gel des budgets des collectivités territoriales sur l’investissement public ont tout lieu, en effet, d’être plus coûteux pour l’activité que la hausse de la fiscalité. Mais la ventilation des coupes, après une année 2024 de forte augmentation des dépenses, devrait amortir le choc… Sous réserve, toutefois, que ce dernier soit temporaire.
C’est là toute la question. Car les hypothèses sur lesquelles sont assis les chiffrages gouvernementaux, à savoir, une croissance économique de 1,1 % et une inflation de 1,8 % en moyenne l’an prochain, facilitent incontestablement l’aboutissement d’un projet de budget dont les résultats pourraient, une nouvelle fois, être mis à rude épreuve. Or, à 5 %, contre 6,1 % cette année, l’objectif de déficit pour 2025 reste très supérieur à celui de 3 % programmé pour 2029. En limitant l’effort à 2 % du PIB pour 2025, la France a fait le bon choix d’éviter de tomber dans la trappe d’une austérité dont les résultats passés ont montré les dangers et l’inefficacité. Rater l’objectif de 5 % de déficit cette année, augmenterait néanmoins d’autant les ajustements encore à réaliser dans les années à venir et les risques de réponses, in fine, plus coûteuses pour les perspectives françaises. En l’état, les arguments en faveur d’un resserrement des spreads à leur niveau d’avant les élections du printemps ne semblent, donc, pas réunis.
Le PLF 2025 évite les écueils d’un exercice risqué mais ce n’est qu’un début
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