L’acronyme BRIC, apparu en 2001 sous la plume d’un économiste de Goldman Sachs pour désigner quatre puissances émergentes en phase de décollage économique accéléré, a connu ses heures de gloire dans les fastes de la mondialisation du début du siècle. 2001, année d’adhésion de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce, a marqué l’enclenchement d’une période exceptionnelle de multiplication des échanges mondiaux dont ces quatre Nations ont largement profité, convaincant nombre d’observateurs que leurs caractéristiques approchantes préfiguraient des perspectives radieuses.
On dupliquait, alors, volontiers le schéma gagnant observé en Chine comme la suite logique de ce qui allait advenir pour les autres : ouverture à l’exportation, essor des classes moyennes, entrée de capitaux et transfert de technologie accéléré, garant de gains de productivité fulgurants prometteurs d’une amélioration proportionnelle des niveaux de vie. Il y a dix ans à peine, les institutions internationales escomptaient de ces enchaînements vertueux un appel d’air sans précédent pour l’économie mondiale au cours des décennies à venir, à même de prendre le contrepied des perspectives, déjà désolantes, du monde développé.
L’idéal a fait long feu avec le coup de frein de la locomotive chinoise. Principal acteur de ce mouvement, l’Empire du milieu n’a rapidement plus eu les moyens de maintenir la cadence des années de relance de 2009 à 2011. En cassant la croissance de ses importations, dès 2012, la politique de l’époque a stoppé net le processus de rattrapage naissant chez ses acolytes, laissant progressivement tomber en désuétude la notion de BRICS. De fait, sauf le sommet diplomatique annuel que les quatre Nations, devenues cinq avec le rapprochement de l’Afrique du Sud, avaient initié – ironie du sort, à partir de 2011- les BRICS n’ont jamais eu d’identité économique. L’acronyme a pourtant fait son retour après l’éclatement de la guerre en Ukraine et le sommet de juin dernier, lorsque Chine et Russie se sont alliées pour critiquer les positions occidentales à l’égard de cette dernière, et l’on reparle plus encore des BRICS aujourd’hui, en vue du prochain sommet… auquel 19 pays postulent. Que suggère cette renaissance ?