2 %, c’est 2 % ! Du discours langue de bois à la réalité, la BCE ne convainc pas

Le nombre de fois où Mme Lagarde a martelé que le processus de hausse des taux n’était pas terminé et que l’objectif de 2 % d’inflation était non négociable a donné à sa conférence de presse, un ton plus faucon que généralement attendu. Il est vrai que, pris au pied de la lettre, ses propos auraient de quoi faire frémir : avec une inflation encore de 7 % en avril, jusqu’où la BCE pourrait-elle juger bon de relever ses taux… ? La réalité est probablement assez éloignée de ce raisonnement. Quelle que soit sa communication, la BCE commence à relâcher la pression. La hausse des taux directeurs décidée aujourd’hui est, en effet, la plus faible depuis le début du cycle de resserrement monétaire, en juillet 2022. De fait, en dépit d’une inflation encore très élevée, la BCE constate les effets plus tangibles de sa politique, en particulier sur la demande de crédit des entreprises. Or, à en juger par les tendances en cours, il fait peu de doute que les retours de ce côté-là continueront à lui donner satisfaction. Enfin, la BCE n’opère pas seule. Sauf à considérer que la FED se trompe de voie, le changement de cap américain finira par influencer la politique de la BCE, et ce, d’autant plus vite que la crise bancaire continuera de sévir Outre-Atlantique. Au total, le ton faucon adopté, peine à convaincre. Sans doute contraint par les hésitations des plus réticents des membres de la BCE à baisser la garde, il n’impressionne guère les marchés, comme en témoigne le net repli des taux et le fléchissement du cours de l’euro-dollar, dans le sillage de sa conférence de presse.

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