Le reflux de l’inflation française s’est accéléré en mars, avec une baisse à 2,3 % (2,4 % selon les chiffres harmonisés), contre 3 % en février. Ni les effets de base, ni les hausses de prix du pétrole n’étaient favorables à un tel décrochage qui semble trouver de bonnes raisons du côté de la morosité des consommateurs, une nouvelle fois rappelée par les données mensuelles d’achats de biens. En février, la consommation des ménages n’a pas fait mieux que de stagner après une contraction de 0,6 % en janvier.
Le premier trimestre ne se présente pas sous les meilleurs hospices ni en France, ni en Allemagne où les ventes de détail ont de nouveau décroché de 1,9% en février. L’inflation en net repli, à confirmer avec les données allemandes attendues mardi, pourrait-elle donner des ailes à la BCE à la faveur d’une première baisse de ses taux dès sa réunion du mois d’avril ? La question va se poser sérieusement avec de telles données, quoi qu’il en soit de la situation américaine, quand, par ailleurs, le gouverneur de la BdF ne cache plus sa détermination à peser de tout son poids en ce sens. L’euro est, de fait, repassé sous les 1,08 $ depuis 24 heures.
Author Archives: Thomas BAUER
Les anticipations de baisse des taux de la Fed regagnent du terrain après le PCE
A rebours des mauvais retours sur les ventes de détail et sur les prix à la consommation, les achats des ménages américains à prix constants et le déflateur de la consommation montrent l’économie américaine sous un jour un peu meilleur.
– La consommation réelle des ménages a augmenté de 0,4 % en février, après une baisse de 0,2 %, en janvier. Contrairement aux ventes de détail, le mauvais début d’année est donc rattrapé : l’acquis de croissance de la consommation remonte à 0,5 % (2 % r. a.) pour le premier trimestre ; rassurant pour la conjoncture, sans trop pour ne pas géner la Fed dans ses perspectives de baisse de taux, notamment au vu du net ralentissement des revenus des ménages.
– D’autant que le déflateur de la consommation (prix PCE) est plutôt rassurant, bien qu’en hausse de 2,5 % sur un an, d’un dixième de plus qu’en janvier. Ses évolutions mensuelles sont, néanmoins, bien plus encourageantes que celles du CPI : +0,3 % pour l’indice total (après +0,5 %), le sous-jacent et les biens, +0,2 % dans les services. Voilà qui devrait rassurer la Fed qui privilégie cette mesure dans son analyse de l’inflation américaine.
Les marchés des changes, à peu près les seuls à être ouverts ce jour, acquiescent, avec un léger rebond de l’euro-dollar, après son accès de faiblesse de la matinée, signe probable d’une remontée des anticipations de baisse des taux de la Fed en juin…
Inexorable ascension des bourses?
Si le nombre de records boursiers est un indicateur prémonitoire, alors 2024 se présente sous un jour des plus porteurs pour les bourses mondiales, y compris, in fine, pour bon nombre de pays émergents.
D’où pourraient venir les freins à cette ascension et, plus généralement à celle des prix des actifs à risque ?
La FED, trop conciliante, risque-t-elle de préparer la prochaine crise alimentaire mondiale ?
C’est la question qu’incitent à poser les vives réactions des cours de l’or et de la plupart des matières premières à la communication de la FED de cette semaine, même si l’envolée des transactions immobilières publiées depuis aux Etats-Unis a quelque peu atténué cette première réponse. La hausse de 9,5 % des ventes de logements existants en février, à leur plus haut niveau depuis près d’un an après leur rebond de 3,1 % en janvier, est assez largement contrariante, en effet, pour ceux qui avaient déduit des propos de J. Powell qu’ils réouvraient la porte à une probable baisse des Fed Funds en juin.
Si, conformément à sa responsabilité, la FED nous explique avec moultes précisions les risques assortis au timing du changement de sa politique monétaire pour l’économie et l’inflation américaines, c’est peut-être surtout au-delà des frontières des Etats-Unis que l’impact d’un mauvais dosage de son action pourrait avoir les plus graves conséquences, en l’occurrence du côté des prix mondiaux des matières premières.
En dépit de leur déclin depuis la première moitié de 2022, les cours mondiaux des matières premières se sont stabilisés à des niveaux encore très élevés, par rapport à ce qu’ils étaient avant l’épidémie de covid. S’il y a bien des raisons géopolitiques et climatiques à cet état de fait, les excès de liquidités que les banques centrales n’ont pas su éponger ces deux dernières années semblent avoir une responsabilité de premier rang dans cette situation. Il fait, dès lors, peu de doutes qu’un assouplissement trop précoce de la politique de la FED, de par son influence sur l’environnement monétaire international et les perspectives de demande, ne tarderait pas à créer les conditions d’une possible embardée des cours mondiaux, susceptible, non seulement, de dégénérer en une nouvelle vague d’inflation, mais, également, en une remontée des prix agricoles que la précarité alimentaire en présence rendrait sans délai insupportable pour de nombreuses populations, du monde émergent notamment.
Le Nasdaq aime J. Powell, les MP, l’or et les cryptos l’adorent, les T-Bonds le boudent…!
Vous pensiez, comme nous, que le contexte avait changé depuis le FOMC de décembre, que le retour des hausses mensuelles des prix à la consommation à leur niveau de juillet forcerait la Fed à revoir sa copie et à rayer quelques unes des baisses de taux qu’elle avait programmées. Ou, vous étiez convaincus que la FED se retiendrait de souffler sur les braises de marchés financiers en surchauffe et que les effets richesse inédits lui imposeraient une certaine retenue ? Alors, comme nous, vous n’aviez rien compris ! Tout ceci, dixit J. Powell, serait à mettre sur le compte de la route chahutée d’une désinflation quasi assurée, qui permettra à la FED de faire ce qu’elle avait prévu cette année, à savoir : trois baisses des Fed Funds, quoique, peut-être, légèrement plus tardives, et tout autant en 2025 ainsi qu’en 2026. D’ici là, l’inflation devrait, en effet, avoir retrouvé le niveau recherché de 2 %, identique, d’ailleurs, à celui de la croissance du PIB escomptée pour chacune des trois années…
Baisse de l’inflation britannique…oui, mais
Première grande Banque Centrale à remonter ses taux fin 2021, la BoE sera-t-elle la première à les baisser ? Elle avait fait un pas en ce sens lors de sa réunion de février, en anticipant un retour de l’inflation à 2 % au deuxième trimestre, certes, en raison d’effets de base énergétiques.
L’inflation annuelle a nettement ralenti au mois de février : – 0,6 point pour le total, comme pour le sous-jacent, à respectivement 3,4 % et 4,5 %. Les évolutions mensuelles sont également en voie de normalisation au regard des mouvements des trois années écoulées. Ajouté au ralentissement des salaires, les signaux sont au vert pour une BoE toujours accommodante lors de sa réunion de demain, avant une éventuelle baisse des taux dans le courant de l’année.
La BoJ met fin à sa politique hyper accommodante : est-ce un sujet ?
Voilà qui est fait, la BoJ a mis un terme cette nuit à sa politique ultra-accommodante de taux négatifs en relevant son taux de dépôt de -0,1 % à 0%-0,1 % et en supprimant sa politique de contrôle de la courbe des taux qui contenait le rendement à 10 ans des JGB à un niveau inférieur à 1 %. L’inflation, toujours élevée, la récession évitée en fin d’année dernière, une croissance record des profits des entreprises, les retours des négociations salariales et l’extrême faiblesse du yen… tout semblait concourir à ce passage à l’acte dès ce mois-ci ou en avril. Les conséquences de ce changement de cap sont-elles importantes ?
On serait tenté de répondre par la négative, tant la politique de la BoJ semble éloignée des préoccupations en présence, à la veille d’un FOMC sans doute décisif. La réalité est certainement plus complexe mais le seul abandon des taux négatifs n’est pas synonyme de normalisation de la politique monétaire, qui prendra, selon toute vraisemblance et dans le meilleur des cas, du temps.
Conjoncture américaine : ça coince ?
Après une baisse de 1,1 % en janvier (contre 0,8 % en première estimation), pour partie attribuée aux perturbations climatiques, les ventes de détail américaines à prix courants étaient attendues en nette hausse en février. Elles ont, franchement, déçu, avec une hausse de 0,6 % seulement. Leur acquis de croissance pour le premier trimestre est donc toujours négatif, à -0,6 % à prix courants, davantage, donc, une fois corrigées de l’inflation, tandis qu’en moyenne au cours des trois derniers mois, la majorité des secteurs sous revue a enregistré une contraction. Les consommateurs ont-ils plus de difficultés à faire face aux dernières hausses des prix ? Après les CPI, les prix à la production ne sont pas du meilleur cru, renforçant notamment les marqueurs de tensions inflationnistes persistantes. A quelques jour du FOMC, l’arbitrage croissance/inflation repointe son nez.