Avec une baisse d’un point, à 99, le climat des affaires composite en France a effacé en avril une bonne part de sa hausse de mars et est retombé en-dessous de sa moyenne de long terme. Si la dégradation industrielle de 3 points, à 100, due à la faiblesse de la demande notamment étrangère n’est pas une surprise après les mauvais PMI manufacturiers publiés plus tôt cette semaine, celle des services, du même tonneau, est plus surprenante. Ajoutés à la forte détérioration des retours en provenance de la construction, l’ensemble dresse un tableau préoccupant pour la conjoncture du deuxième trimestre en France avec un indicateur de retournement a son plus bas niveau depuis la première vague de Covid.
Author Archives: Thomas BAUER
Ouf, le repli des PMI américains contrecarre les « bonnes nouvelles » d’ailleurs !
Les données d’enquêtes auprès des directeurs d’achat du mois d’avril publiées ce matin ont été globalement dans le même sens pour le monde développé : l’indicateur composite japonais a regagné presque un point, à 52,6, le britannique a fait mieux, à 54 (+1,2 point) et l’Allemagne est revenue en zone d’expansion pour la première fois depuis juin 2023, avec une hausse de 2,8 points à 50,5. La France n’y est pas encore mais s’en approche, à 49,9, avec une progression de plus de 5 points en trois mois. Malgré des détails moins encourageants sur le front industriel, ces enquêtes ont été saluées par les bourses qui y voient des signes positifs pour la croissance. Cela n’a pas été le cas des obligations d’Etat, sur le qui vive après l’envolée des taux de la semaine dernière, d’autant que les retours de ces enquêtes en matière d’inflation n’étaient pas forcément de meilleur augure. Fort heureusement, les publications américaines sont venues calmer le jeu, avec un PMI composite en repli de plus d’un point à 50,9. Après les données immobilières de la semaine dernière et malgré la hausse des ventes de maisons neuves en mars, ces enquêtes confortent le diagnostic d’un ralentissement conjoncturel assurément bienvenu face aux tensions en présence sur les taux d’intérêt. Les taux à 2 ans américains sont en l’occurrence retombés à 4,94 % et les 10 ans à 4,59 %, au bénéfice d’un regain de viguer de l’euro-dollar. De quoi, redonner espoir sur l’éventualité d’ une possible baisse des taux de la BCE en juin…
Nouveaux progrès, mais autant de doutes sur la trajectoire de l’inflation britannique
Mars a été le mois d’une nouvelle baisse de l’inflation britannique, de deux dixièmes au total et de trois dixièmes pour le sous-jacent, à respectivement 3,2 % et 4,2 %, grâce à un recul d’un point des postes de l’alimentation et de l’habillement, les autres restant à peu près stables, voire en hausse dans la communication. Les effets de base et la baisse des prix administrés de l’énergie pourraient engendrer un reflux de plusieurs dixièmes supplémentaires en avril et provoquer, comme anticipé par la BoE, un retour temporaire de l’inflation dans la zone des 2 % au deuxième trimestre. Les données du premier trimestre sont légèrement en avance sur ses projections. Pour autant, le diagnostic à un peu plus long terme reste loin d’être établi…
L’immobilier américain tangue, l’industrie récupère, un peu
Conformément aux retours en provenance du NAHB, hier, permis de construire et mises en chantier publiées aujourd’hui sont franchement médiocres. Les premiers se sont repliés de 4,3 % en mars, à un plus bas niveau depuis juillet dernier. Les mises en chantier, plus volatiles, ont chuté de 14,7 % après une sursaut de 12,7 % en février sous l’effet d’un nouveau fort repli des constructions collectives. Egalement publiées aujourd’hui, les données de production industrielle sont ressorties en légère hausse en mars, de 0,4 % et 0,5 % pour la composante manufacturière. A noter que, comme pour les ventes de détail, les données de février ont été révisées à la hausse, à +1,2 % contre +0,8 % en première lecture pour la production manufacturière.
Couacs chinois – Ou, l’indésirable retour de la Chine
Si l’espoir d’un retour de la Chine sur la scène économique internationale a longtemps nourri celui des entreprises et des marchés jusqu’à l’année dernière, ni le moment ni la manière dont celui-ci s’effectue ne semblent, finalement, les bienvenus.
· Alors que les tensions se multiplient sur les marchés de matières premières dans la perspective d’une détente monétaire et sur fond de crispations géopolitiques de plus en plus menaçantes, la bonne surprise qu’aurait pu constituer un rebond du PMI chinois il y a quelques mois, n’a guère été du goût des marchés cette semaine. La nouvelle a illico renchéri les cours des matières premières et, partant, le niveau des taux d’intérêt futurs, mettant un peu plus en porte-à-faux les perspectives de baisse des taux.
· Par ailleurs, si l’activité manufacturière et exportatrice chinoise donne des signes de récupération, il semble de plus en plus illusoire d’en espérer un appel d’air pour le reste du monde développé. La demande domestique, dont pourraient éventuellement profiter les entreprises occidentales, reste plombée, et le marché de plus en plus accaparé par les producteurs locaux. En l’occurrence, si l’activité industrielle chinoise tire son épingle du jeu, c’est avant, tout grâce à la percée agressive qu’elle effectue sur les marchés internationaux de l’automobile électrique et des biens d’équipement, deux secteurs privilégiés autour desquels gravitaient jusqu’alors les espoirs de réindustrialisation du monde occidental.
L’industrie allemande, à ce stade, principale perdante de cette nouvelle concurrence, pourrait bientôt ne plus être la seule à en subir les conséquences. Ni la France de l’automobile et de l’aéronautique, ni les Etats-Unis ne sont à l’abri de cette déferlante, dont on voit mal comment elle pourrait ne pas provoquer une nouvelle vague de répliques protectionnistes, avant même le retour éventuel de D. Trump à la tête des Etats-Unis.
Il s’agit manifestement d’enjeux de taille, qui, si la FED n’avait pas promis d’être « data dependent » vaudrait sans doute plus qu’un rapport sur l’emploi mensuel américain pour ce qu’ils nous disent sur les développements et risques en présence.
BMG mars 2024 – La désinflation marque le pas
Notre BMG reste en zone neutre, à 0,1, en mars, après des révisions à la baisse en janvier/février, liées à l’investissement. Les divergences entre les segments sont néanmoins particulièrement fortes, avec d’un coté, une amélioration de l’environnement du climat des affaires et des exportations et un contexte toujours très détérioré sur le front de la consommation et de l’investissement, de nouveau en recul, en zone très négative. Notre baromètre de l’inflation remonte à un plus haut depuis un an, en zone neutre, à -0,1.
L’inflation allemande se replie à 2,2 % en mars ; un bon point pour les « colombes »
Après la France, où la hausse annuelle des prix a ralenti à 2,3 %, l’inflation allemande est, également, ressortie en fort repli, de 2,5 % en février à 2,2 % en mars, quand bien même sa composante sous-jacente n’a reculé que d’un dixième, à 3,3 %.
Ce résultat ne suffira sans doute pas à faire nettement refluer l’inflation de l’ensemble de la zone euro qui sera publiée demain. Compte-tenu des informations disponibles en en provenance des autres principaux pays de la région (Italie, Espagne, Portugal, Belgique), nos estimations suggèrent un repli d’un dixième seulement de l’inflation de totale de l’UEM, dans la région de 2,5 % ; un résultat cependant suffisant pour donner aux colombes du Conseil des gouverneurs de la BCE de quoi défendre leur position en faveur d’une baisse des taux possiblement plus rapide qu’attendu… Le match d’avril sera serré.
Perspectives trimestrielles – Le CAC sur la lancée, les 9.000 points en vue.
La perspective d’une ascension de l’indice français, susceptible de le conduire jusqu’à 9.000 points, s’impose comme une probabilité suffisamment importante pour faire la Une de notre synthèse trimestrielle. Est-ce à dire que nous sommes subitement devenus très optimistes sur les perspectives de l’économie française ? A l’évidence, non ; en l’occurrence presque l’inverse. Mais, dans l’environnement en présence, dans lequel se confrontent la surabondance de liquidités et de moindres réceptacles d’investissements, les petites ou plus grandes histoires font facilement le buzz et, in fine, le marché.
La seule perspective de baisse des taux de la BCE n’aurait pas suffi à aboutir à cette conclusion dans le contexte en présence que caractérisent la frilosité des consommateurs et le désespoir industriel, sur fond, qui plus est, de durcissement des politiques budgétaires. C’est ailleurs, en l’occurrence, du côté du goût subit des dirigeants européens pour l’industrie de la défense, que se profile l’histoire du moment.
Après plusieurs décennies de désarmement, l’effort de guerre qu’engendre la dégradation accélérée de l’environnement géopolitique international, est sans précédent depuis la seconde guerre mondiale. Assurément loin de la croissance verte censée servir de socle à la réindustrialisation, les perspectives sont plus proches du réveil d’une économie brune. Le mouvement paraît en bonne place pour relayer la thématique de l’IA, dont profitent peu les indices européens beaucoup plus exposés à l’industrie traditionnelle. Les chances que ces évolutions propulsent les indices de la zone euro sur de nouveaux records sont incontestablement élevées, malgré les risques de développements contrariants, susceptibles de créer les conditions d’un environnement de marché nettement plus incertain, dès l’été.