C’est le propre des politiques monétaires trop « data dependent » de créer un environnement à risque pour des marchés financiers accrocs aux perspectives de baisses des taux directeurs. Malgré un rapport sur l’emploi américain, somme toute, dans la lignée de ce qui se passe depuis près d’un an, en mai, ses détails ne vont clairement pas dans le sens espéré d’un possible assouplissement imminent de la posture de la Fed. Non seulement, en effet, les créations de postes ressortent bien au-dessus des attentes, à 272K après 165 K révisés en avril, mais la hausse mensuelle du salaire moyen remonte à 0,4 % au lieu de 0,3 %, à 4,1 % sur douze mois, après 4 % en avril, quand le taux de participation reflue de deux dixièmes, signe d’une potentielle raréfaction plus marquée de la ressource en emploi. Ainsi, même la remontée du taux de chômage d’un dixième, à 4 %, n’atténue pas la déception des marchés qu’illustre la brutale remontée des taux d’intérêt aux Etats-Unis (de 13 à 15 pb pour les T-Notes à 2 et 10 ans) et, au-delà, des européens, de 7 à 13 pb respectivement en Allemagne et au Royaume-Uni, avec un taux 10 ans de l’OAT au-delà de 3,10 %. A y regarder de plus près, pourtant, ce rapport sur l’emploi offre bien peu de singularité, à part des distorsions sectorielles toujours importantes, que la Fed n’a cependant guère les moyens de prendre en considération.
Author Archives: Thomas BAUER
BCE, un coup pour rien, voire moins !
La BCE ne franchit pas le Rubicon avec sa première baisse de taux directeurs ce mois-ci. Elle procède à un micro ajustement pour marquer sa satisfaction à l’égard des bons résultats sur le front de l’inflation de ces derniers mois mais considère nécessaire de maintenir des conditions monétaires restrictives dans l’attente de meilleures garanties d’un retour de l’inflation vers son objectif. A ce titre, difficile d’être plus clair que les termes de son communiqué-même : Le Conseil des gouverneurs… conservera les taux directeurs à un niveau suffisamment restrictif, aussi longtemps que nécessaire, pour atteindre cet objectif.. il maintiendra une approche s’appuyant sur les données, réunion par réunion, pour déterminer de manière appropriée le degré et la durée de cette orientation restrictive. Dit autrement, pas de baisse additionnelle des taux en juillet ; septembre, peut-être, sous réserve de résultats plus convaincants dans le sens recherché ; quant à la suite, who knows ? Les perspectives de croissance présentées ce jour ne suggèrent pas un besoin particulièrement marqué d’assouplissement monétaire avec, qui plus est, une inflation censée attendre 2026 pour revenir à 2%.
Résultat des courses, l’annonce de la BCE est suivie d’une remontée des taux à terme ! Les taux à terme regagnent 4 à 5pb tandis que l’euro se reprend. A vouloir se montrer trop prudente, la BCE finit par avoir l’effet inverse à celui, a priori, recherché et bien qu’agissant en amont de la Fed les anticipations de baisse des taux sont parmi les plus faibles des grandes banques centrales !
De l’ISM non-manufacturier, les marchés retiennent la baisse des prix…
En mai, l’indicateur ISM non-manufacturier a progressé de 4,4 points par rapport à son bas niveau d’avril pour se hisser à 53,8. A première vue, l’indicateur donnerait donc raison aux PMI, avec un résultat surtout tiré par un rebond de plus de 10 points de sa composante activité, qui a enregistré sa troisième plus forte hausse mensuelle depuis 1998, après celle des premiers lendemains de la crise des subprimes ou de la sortie de la première vague du Covid de 2020. Ce résultat n’en reste pas moins surprenant et, sur le fond, assez peu convaincant.
BMG Mai 2024 – Du boulet chinois au coup de frein américain
Second mois à zéro pour notre BMG qui stagne en zone neutre depuis neuf mois. Les momenta de la production, la consommation et l’investissement varient peu. Seul celui du commerce extérieur regagne du terrain, toujours en territoire négatif, cependant, du fait de la Chine. Par pays, cette dernière ferme toujours la marche tandis que l’avance américaine s’étiole. Zone euro et Japon caracolent en tête malgré la faiblesse des momenta sur la consommation. Stabilité, également, pour notre baromètre d’inflation, à 0,4.
L’inflation allemande victime des effets de base
L’inflation allemande est passée, entre avril et mai, de 2,2 % à 2,4 %, quand sa composante sous-jacente est restée stable, à 3 %. Après la publication de l’accélération des salaires européens du premier trimestre, ces chiffres ravivent les incertitudes. Également dopés par les nouvelles américaines (Conference Board hier puis Fed de Richmond aujourd’hui), les taux allemands ont augmenté de 8 points de base. Pour autant le rapport sur les prix, dans la globalité, reste de bonne tenue, avec des évolutions mensuelles tout à fait en phase avec les objectifs de la BCE.
Nouvelles d’Europe, au lendemain des PMI
Après la première salve de climats des affaires d’hier, que nous disent les données du jour de la réalité de la situation européenne ?
– L’Allemagne est-elle sur la voie de la reprise ? Le PIB du premier trimestre, confirmé en hausse de 0,2 %, est incontestablement une première impulsion. Néanmoins, la déprime sur le front de l’industrie et de la consommation privée se poursuit.
– La situation française se dégrade-t-elle ? Pas forcément, selon l’enquête INSEE, mais elle ne s’améliore pas non plus, loin de là, avec des climats des affaires la plupart du temps médiocres.
– Le Royaume-Uni est-il toujours sain et sauf, malgré la légère dégradation des PMI d’hier ? Les ventes de détail nous disent le contraire, mais ne sont qu’un piètre indicateur de l’activité dans son ensemble.
PMI : l’Allemagne sort du lot
Les indicateurs PMI publiés ce matin pour le mois de mai ont été plutôt contrastés. Pas de danger pour la croissance, néanmoins. En zone euro, c’est, même, tout le contraire, avec une cinquième hausse consécutive de l’indice composite, portée par l’Allemagne, malgré la dégradation rapportée du contexte français. Au Royaume-Uni, les PMI ont subi un léger contrecoup, après un très bon premier trimestre marqué par le retour de la croissance. Enfin, pas grand-chose à signaler dans la zone indo-pacifique (Inde, Australie et Japon), où, à en croire les PMI, le contexte conjoncturel est assez stable.
Inflation sous-jacente britannique, le compte n’y est pas
Forte baisse de l’inflation britannique au mois d’avril, à 2,3 % après 3,2 %, sous l’effet, principalement, des composantes alimentaire, alcool, tabac et, surtout, énergie du foyer, dont le reflux était anticipé depuis longtemps.